Le Saint-Siège est un État particulier. Il possède un immense patrimoine artistique - combien vaut Le Jugement dernier ? -, mais il ne produit que des timbres, ne lève pas d’impôt sur le revenu et n’applique pas de TVA. Certes, son parc foncier est immense, 10 milliards d’euros à la valeur du marché, mais il est très mal géré.
Chaque année, le budget du Vatican enregistre un déficit d’environ 25 millions d’euros et, véritable bombe à retardement, le système de retraite accuse un déficit de financement de 800 millions. Le pape François est à Rome dans la même situation, ou presque, qu’Alexis Tsipras à Athènes.
Les ouvrages de Gianluigi Nuzzi et d’Emiliano Fittipaldi révèlent de nombreuses malversations, mais surtout des dizaines de cas d’incompétence : fonds non enregistrés dans les bilans et placés sur des comptes dormants, investissements risqués par manque de diversifications, patrimoine foncier bradé, salariés trop nombreux et trop payés.
Cette incompétence s’explique par plusieurs facteurs. Les cardinaux vivent depuis leur plus jeune âge dans un monde qui échappe aux logiques financières. Ils n’ont, pour la plupart, aucun sens de l’argent. Dans la première réunion avec la curie destinée à l’approbation des bilans du Saint-Siège, le pape François a soulevé la question des devis.
« Lorsque les devis augmentent sans raison [prévue pour 10 millions d’euros, la rénovation des archives du Vatican a coûté 20 millions, par exemple, NDLR], il ne faut-pas-payer, pas-payer ! » a scandé Jorge Bergoglio devant un auditoire stupéfait.
Intérêt supérieur
Les cardinaux répondent à la justice divine, pas aux réviseurs de comptes ou aux contrôleurs du fisc. Ils invoquent l’intérêt supérieur de l’Église pour justifier, souvent sincèrement, parfois avec malice, les entorses au règlement. Malgré les efforts de Benoît XVI et du pape François, il reste encore des comptes excessivement douteux au IOR (Institut pour les œuvres de religion, dit la Banque du Vatican), carrefour de tous les scandales financiers transalpins.
Cet « intérêt supérieur » et les luttes de pouvoirs entre dicastères justifient une absence totale de transparence. La Cosea, la commission d’enquête du pape, a employé 70 experts financiers issus des plus grands cabinets d’audit pour tenter de dresser l’inventaire des biens du Vatican. Au bout de six mois de travail, ils ont dû hisser le drapeau blanc et avouer qu’il n’avait pas été possible de percer tous les secrets des finances du Vatican.
Le pape est souvent mal conseillé, car il n’a jamais travaillé à la curie avant d’être élu au trône de Pierre. Il s’est trouvé dans la situation d’un étranger qui, n’ayant jamais travaillé dans une capitale, devrait former un gouvernement. Il ne connaissait ni les hommes ni les arcanes des administrations et des cabinets ministériels. Et on a glissé de nombreuses chausses-trappes sur son chemin.
Ainsi, il lui fût très fortement conseillé de nommer prélat du IOR un Monseigneur qui se révéla être homosexuel. Monseigneur Balda, le corbeau de Vatileaks II, lui avait été présenté comme « un homme digne de confiance » par un prélat espagnol. Il y a toutefois un motif d’espoir dans les deux ouvrages sulfureux sur les finances du Vatican. Le pape François y apparaît comme un homme pratique, doté de bon sens… et farouchement déterminé à faire le grand nettoyage.
Le Point
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