Le scandale a éclaté au grand jour en avril 2015. Les accusations d’agressions sexuelles sur mineurs ont d’abord éclaboussé les soldats français de la force Sangaris avant que d’autres accusations ne visent des Casques bleus. Alors que les enquêtes ouvertes en France suivent lentement leur cours, deux victimes ont accepté de témoigner pour Jeune Afrique.
« Aujourd’hui, dans le quartier je ne peux pas faire plus de deux pas sans qu’on ne se moque de moi. » Sous le hangar en paille, devant la maison familiale, un jeune garçon scrute l’emballage des rations militaires rapportées par son oncle. « Il lui est difficile de se réadapter à la vie normale aujourd’hui », raconte timidement sa mère. « Les autres garçons le traitent de ‘femme des Sangaris’. »
Son fils de 15 ans serait l’une des victimes des soldats français membres de l’opération Sangaris accusés d’abus sexuels sur mineurs près du camp des déplacés de l’aéroport de Bangui.
« Quand cela s’est passé, je n’avais pas d’autre issue pour avoir à manger. Ma mère est handicapée. On n’a pratiquement rien. J’étais avec mes amis, on jouait quand l’un d’eux m’a dit qu’il était possible d’obtenir à manger chez les Sangaris sans m’expliquer comment. Je l’ai suivi, puis on est allé voir les Sangaris dans la guérite, à l’entrée de l’aéroport. Il y avait deux hommes dans la petite maison. L’un d’eux m’a alors proposé de mettre son sexe dans ma bouche afin de gagner des biscuits », relate difficilement le jeune garçon, larmes aux yeux. Selon sa mère, il avait 12 ans au moment des faits.
Des enquêtes trop lentes
Depuis, l’affaire a été révélée – c’était en avril 2015 – et une information judiciaire a été ouverte par la France. D’autres scandales ont éclaté, déclenchant deux autres enquêtes. D’après Ghislain Grezenguet, le procureur de la République centrafricaine, des juges français se sont récemment rendu à Bangui pour une « visite judiciaire ». La deuxième en un peu plus d’un an.
Mais la Centrafrique n’est pas associée aux investigations qui sont menées, expliquait récemment à Jeune Afrique le président Faustin-Archange Touadéra. « Les enquêtes doivent aller plus vite, et la justice doit être rendue », a-t-il insisté.
« On attend des réparations et des dédommagements », renchérit un juge centrafricain, déplacé dans le camp en question entre 2013 et fin 2014, la période où auraient eu lieu les viols. Là encore, la justice centrafricaine ne peut rien faire. Si ce n’est engager elle-même des poursuites contre les militaires français accusés.
Jeuneafrique
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