Visas pour le Rwanda : Paul Kagame ménage la chèvre anglophone et le chou francophone

Redigé par IGIHE
Le 23 janvier 2020 à 06:43

Le President Paul Kagame du Rwanda s’avere fin stratege economique. Quand, alors en visite en Grande-Bretagne ou il assistait au Sommet sur les Investissements UK-Afrique, il envisage la suppression de visa d’entree dans son pays pour les citoyens des pays membres de OIF et du Commonwealth, c’est une facon de permettre aux pays voisins francophones d’acceder librement au marche rwandais et vice versa.

En tout cas ce coup de jeu d’echec est bien place. Cela vaut le coup car le Rwanda, avec la prochaine ouverture du grand et spacieux aeroport de Bugesera, a la frontiere avec le Burundi, risque d’etre une tete de pont entre l’Afrique et le nouvel Orient economiquement sollicite par les Africains.

Le journal Jeune Afrique semble ecrire que Kagame veut manger aux rateliers anglophone et francophone. C’est non ! Il veut voir son pays jouer le role de plaque tournante entre les voyageurs et hommes d’Affaires Africains du centre et de l’Ouest et le Proche et moyen orient.

Lors du sommet Royaume-Uni – Afrique, le président rwandais a annoncé qu’il envisageait d’exempter de visa les ressortissants des États membres du Commonwealth, de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et de l’Union africaine. Une manière de jouer la carte de l’intégration africaine, tout en ménageant les puissances française et britannique.

Ce n’est pas parce que le flamand rose somnole parfois sur une patte qu’il en oublie la seconde. Ce n’est pas parce que le Rwanda a fourni à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) sa secrétaire générale, en la personne de Louise Mushikiwabo, qu’il en oublie de soigner ses relations avec l’anglophonie politique. En juin prochain, le Rwanda accueillera d’ailleurs la 26e réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth (Chogm). Et c’est dans le pays d’Elizabeth II, reine de l’organisation intergouvernementale, que Paul Kagame a décidé de ménager, une fois de plus, la chèvre anglophone et le chou francophone.

Présent à Londres pour un sommet Afrique-Royaume Uni focalisé sur les conséquences internationales du Brexit, le président rwandais est intervenu, ce 21 janvier, à l’International School for Government du King’s College. Au cœur d’un discours très diplomatique sur la « communauté de valeurs » ou l’opportunité de « réinventer les accords commerciaux et d’investissement mondiaux », le chef de l’État a marqué les esprits en évoquant son souhait d’exempter du paiement des frais de visa les citoyens du Commonwealth, de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) ainsi que de l’Union africaine (UA).

Urgence, unité et autonomie

Avec trois langues officielles – l’anglais, le français, le swahili et le kinyarwanda –, le Rwanda joue tout à la fois la carte de l’intégration africaine et de l’équidistance des puissances britannique et française avec lesquelles il a partagé des expériences historiques bien différentes.

Même si, selon l’OIF, le français n’était parlé que par 6 % de la population rwandaise en 2014, le pays est membre de l’Organisation depuis 1970. Et c’est en 2009 qu’il a décidé d’adhérer, en parallèle, au Commonwealth.

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POUR LA PREMIÈRE FOIS, LES AFRICAINS PEUVENT VOYAGER, EN MOYENNE, VERS PLUS DE 27 PAYS SANS VISA PRÉALABLE

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Paul Kagame a compris que son « pays sans littoral » ne survivrait qu’en facilitant la coopération avec les pays de la région et du continent, en pleine gestation de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca). En facilitant l’accès des hommes d’affaires, des investisseurs, des étudiants ou des touristes au Rwanda, il s’inscrit dans le sens de l’Histoire.

Le Rapport 2019 sur l’« Indice d’ouverture sur les visas » notait, en novembre dernier, des progrès sans précédents sur le continent. Pour la première fois, les Africains peuvent voyager, en moyenne, vers plus de 27 pays sans visa préalable, soit plus de la moitié du continent.

En élargissant les facilités à des pays non-africains du Commonwealth ou de l’OIF, le gouvernement rwandais entend fluidifier les échanges économiques, en conformité avec le triptyque vanté par son président : urgence, unité et autonomie.

Avec Jeune Afrique


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