Youssuf , Un jeune manifestant burundais, ferme détermination des anti-3ème mandat de Nkurunziza

Redigé par Propos recueillis par Jovin Ndayishimiye
Le 11 mai 2015 à 03:48

Monsieur Youssuf Niyongabo est un citoyen burundais qui vient de traverse la frontière rwandaise. Il livre ici son témoignage en tant que citoyen burundais épris de paix. Il continue d’accompagner ses camarades qui sont sous les barricades quand bien même il est un peu loin.
L’interview :
IGIHE : Monsieur Youssuf Niyongabo Kevin. Vous avez 30 ans. Vous êtes burundais. Vous venez des barricades de rues de Bujumbura où se déroulent des manifestations anti troisième mandate de Pierre Nkurunziza le (...)

Monsieur Youssuf Niyongabo est un citoyen burundais qui vient de traverse la frontière rwandaise. Il livre ici son témoignage en tant que citoyen burundais épris de paix. Il continue d’accompagner ses camarades qui sont sous les barricades quand bien même il est un peu loin.

L’interview :

IGIHE : Monsieur Youssuf Niyongabo Kevin. Vous avez 30 ans. Vous êtes burundais. Vous venez des barricades de rues de Bujumbura où se déroulent des manifestations anti troisième mandate de Pierre Nkurunziza le Président sortant burundais. Ces manifestations sont-elles pacifiques ?

Youssuf. : Elles ne le sont pas du tout.La majorité des manifestants sont toutes ethnies confondues. Mais quand les Imbonerakure arrivent sur le terrain des manifestations, soit ils tuent , soit ils enlèvent les manifestants majoritairement Tutsi pour une destination souvent inconnue et quelques cas, en prison.

Ces manifestations ne sont pas du tout pacifiques car les policiers tuent et menacent les manifestants. Les personnes arrêtées et emprisonnées sont sérieusement tabassées avec des cotes et dos cassés. Elles sont également torturées d’une manière très sauvage.

Nous avons des craintes que tous les manifestants enlevés ne soient pas emprisonnés. Nous avons peur de voir leurs cadavres dans les eaux des lacs ou encore de l’autre côté de la frontiere congolaise à ONDS Kiliba.

Youssuf

IGIHE : Pourquoi cette façon de cibler les manifestants tutsi, quelles raisons y a-t-il ?

Le Président Nkurunziza fait dans l’illégalité en voulant briguer le troisième mandat. Il adopte une stratégie de donner une fausse image des manifestations en envoyant les Imbonerakure et agents des services de renseignement discriminer les manifestants et ne cibler essentiellement que les Tutsi.

Nous avons peur qu’il veut réaliser sa stratégie de créer un mauvais climat entre les ethnies burundaises pour bifurquer vers le genocide des Tutsi. Tout est fait pour que les ethnies s’entredéchirent au lieu de rester liguées contre son troisième mandat illégal.

Les Accords d’Arusha et la Constitution ont été gagnés de haute lutte. Il est inacceptable que quelqu’un, si puissant soit-il, les viole.

Je lance un vibrant rappel aux manifestants en particulier et à la population burundaise en général que la seule raison des manifestation est de lutter contre le Troisième mandat illégal de Pierre Nkurunziza ; que les manifestants doivent déjouer les stratégies de semeur de zizanie de sa part et de certains agents des services de sécurité mais aussi aux Imbonerakure acquis à sa cause et qui tiennent à changer la face de ces manifestations en confrontations interethniques.

Les organes de sécurité burundais sont-ils impartiaux dans ce manifestations ?
Au paravant la police était visiblement branchée sur le côté Nkurunziza. L’armée était alors impartiale. Mais après un Conseil national de sécurité tenu avant hier, même l’armée burundaise s’est montrée unie à la police Nationale. J’ai peur que la sécurité des manifestants ne sera pas bien assurée. Pour cela, j’interpelle la Communauté internationale, l’Union Africaine et l’ONU , et surtout la Communauté Economique de l’Afrique de l’Est d’intervenir dans une telle situation si alarmante.

Combien de manifestants ont été tués à ce jour ?

Le Gouvernement burundais annonce qu’ils sont entre 15 et 19 personnées tuées par balles. Moi je pense qu’elles sont plus nombreuses que cela. Car celles qui sont enlevées à leur domicile, on ne voit pas leurs traces. J’aimerais que les communiqués du Gouvernement faisant le bilan des personnes tuées dans ces manifestations soient parfaitement détaillées. Que celles qui sont tuées par les balles des forces de l’ordre soient repertories à part, celles tuées par les Imbonerakure, également ou celles des services nationaux de renseignement mêmement.

Combien de manifestants sont-ils approximativement emprisonnés ?
Plus de 600

Les femmes ont manifesté hier 10 mai sans casse ni balles entendues ou blesses est-ce une bonne chose ?

Mon souhait est que les forces de l’ordre protègent les manifestants comme ils l’ont fait hier avec les femmes manifestantes.

IGIHE : Est-ce que les manifestants contre le 3è mandat sont disciplinés dans leurs manifestations ?

Oui, ils le sont quand ils ne sont pas provoqués par les Imbonerakure qui sont couverts par la Police nationale et les agents de services de renseignement.

IGIHE : Trouvez-vous que vous ne tombez pas dans le piège de l’adversaire qui ne tient qu’à des manifestations violentes pour mieux vous réprimer ?

Comme nous l’avons dit bien auparavant, toutes ces tueries, ce drame… sont causés par une seule personne, le Président sortant Nkurunziza. Cela ne peut pas m’étonner que cette violence soit. Je suis pas étonné de la situation de violence actuelle car c’est son souhait. Sinon, il devrait se désister de briguer ce troisième mandate illégal. Les manifestants ne sont pas du tout armés. Pourquoi tire-t-on sur eux à balle réelle ?

Pour la suite des manifestations, que conseillez-vous à vos camarades derrière leurs barricades ?

Ils savent l’orientation des manifestations depuis le début. Il faut qu’ils évitent de lancer des pierres sur les forces de l’ordre ; qu’ils sachent ne pas répondre aux actes violents des Imbonerakure et les agents des services de renseignement qui veulent les provoquer. Les manifestations pacifiques en soit valent absolument notre victoire.
Le Burundi appartient à tous les Burundais, pas à Nkurunziza et son parti.


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