Ce témoignage a été présenté ce 6 octobre devant la chambre d’appel du tribunal populaire en France, par visioconférence depuis Kigali, en présence d’un interprète. Présenté par les parties civiles, la témoin est une femme née en 1953, qui a relaté les souffrances vécues par sa famille durant le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 au Rwanda.

Elle a raconté que son mari avait été arrêté et détenu dans une maison connue sous le nom de « Maison 60 », avant d’être transféré à la sous-préfecture de Tumba, où d’autres Tutsi étaient également emprisonnés. Elle a précisé que Dr Munyemana était alors responsable des clés du lieu de détention, ayant remplacé l’adjoint du sous-préfet, Bwanakeye.

« Ensuite, un véhicule communal appelé ‘Ruhumbangegera’ est venu chercher les détenus pour les emmener aux bureaux du Procureur, Sebushishi », a-t-elle ajouté.

La témoin a expliqué que, lors du transfert des détenus de la sous-préfecture à la brigade de la Gendarmerie, ils avaient été sévèrement battus avant d’être conduits sur les lieux d’exécution, dont elle n’a pas pu déterminer l’emplacement exact.

« Je ne sais pas où c’est. Je demanderais à Munyemana de nous dire où il a mis les corps de nos proches pour que nous puissions les enterrer dignement. Je suis convaincu qu’il sait où se trouvent leurs corps, car il a joué un rôle important partout où des exécutions ont eu lieu. », a déclaré la victime.

La témoin a également indiqué qu’elle détenait, pendant le génocide, une carte d’identité mentionnant appartenir à l’ethnie Hutu, son père étant Hutu et sa mère Tutsi, et a précisé qu’avec son conjoint, ils avaient huit enfants, dont l’un est décédé après le génocide contre les Tutsi.

Interrogé par les avocats de Dr Munyemana sur ce qu’elle savait de lui avant 1994, la témoin a répondu avoir beaucoup entendu parler de lui, mais avoir découvert son rôle réel lors des procès gacaca.

En outre, l’ensemble des témoins dans l’affaire insiste sur la responsabilité du Dr Munyemana dans le massacre des Tutsi détenus à la sous-préfecture de Tumba.

Par ailleurs, le procès se poursuit, avec des témoins des deux parties qui continuent de livrer leurs récits sur les agissements du Dr Munyemana, alors résident de Tumba pendant le génocide contre les Tutsi.

En décembre 2023, le Tribunal populaire de Paris avait condamné Dr Munyemana à 24 ans de prison pour génocide, crimes contre l’humanité et complicité, alors qu’il plaidait non coupable. Le procès en appel, ouvert le 16 septembre 2025, devrait se conclure le 24 octobre.

En décembre 2023, le Tribunal populaire de Paris avait condamné Dr Munyemana à 24 ans de prison pour génocide, crimes contre l’humanité et complicité

L’ensemble des témoins dans l’affaire insiste sur la responsabilité du Dr Munyemana dans le massacre des Tutsi détenus à la sous-préfecture de Tumba