Bujumbura : réquisitoires à perpétuité contre 14 suspects, dont des Imbonerakure, pour le massacre de Gasarara

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 8 juillet 2025 à 02:44

À Bujumbura, le procès du drame survenu à Gasarara — dans la province de Bujumbura Rural, à l’ouest du Burundi — où six habitants accusés de sorcellerie ont été assassinés puis brûlés en public, est arrivé à son terme. Le Tribunal de Grande Instance a clos, lundi soir, l’audience consacrée aux réquisitoires. Le ministère public a requis la réclusion criminelle à perpétuité pour 14 des 21 prévenus, jugés pour meurtre et profanation de cadavres.

Le massacre, survenu le 30 juin dernier sur la colline Gasarara, dans la commune de Nyabiraba, a profondément choqué l’opinion. Selon les éléments presentés au dossier, les victimes auraient été empoisonnées avant d’être livrées à une vindicte populaire qui s’est achevée par l’incinération de leurs corps. Des images vidéo diffusées au tribunal montrent des scènes d’une extrême violence, impliquant plusieurs accusés.

Parmi les personnes mises en cause figurent des jeunes Imbonerakure, la ligue de jeunesse affiliée au CNDD-FDD, le parti au pouvoir.

Trois responsables locaux — le chef de zone, le chef de colline et un responsable Nyumbakumi — sont, eux, poursuivis pour avoir failli à leur devoir d’assistance. Ils sont accusés de ne pas avoir tenté d’empêcher le massacre, malgré leurs fonctions. Trois autres prévenus ont quant à eux été libérés, faute de preuves suffisantes.

« C’est un signal que nous espérons fort : que ce drame ne reste pas impuni », confie un représentant d’une ONG locale de défense des droits humains. Mais des craintes demeurent. Dans plusieurs affaires similaires, des condamnations ont parfois débouché sur des libérations discrètes, alimentant le scepticisme de la société civile quant à l’indépendance de la justice burundaise.

Pour les proches des victimes, l’enjeu dépasse le seul verdict. Ils exigent que les condamnations soient effectivement appliquées et dénoncent tout risque d’ingérence politique, alors que des liens supposés avec les Imbonerakure continuent de susciter la controverse.

Sur la colline Gasarara, le climat reste lourd : la peur d’être accusé de sorcellerie plane encore, et nombreux sont ceux qui redoutent que l’exemple de ce procès ne suffise pas à prévenir de nouvelles dérives.

Des compensations pour les familles ont également été requises par le ministère public. Le verdict, attendu ce mardi, devra porter sur les peines et les réparations encourues.

Plusieurs Imbonerakure sont accusés d’avoir participé au massacre - sur la colline Gasarara - de six habitants accusés de sorcellerie, puis brûlés en public

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