00:00:00 Nos sites KINYARWANDA ENGLISH FRANCAIS

Burundi : Une journaliste condamnée à 21 mois de prison pour atteinte à la sécurité de l’État

Redigé par Bazikarev
Le 17 décembre 2024 à 05:23

Le Tribunal de Grande Instance de Mukaza, en Mairie de Bujumbura, a rendu, ce lundi 16 décembre 2024, son verdict dans l’affaire de la journaliste Sandra Muhoza. Accusée d’« atteinte à l’intégrité du territoire national » et d’« aversion raciale », la journaliste a été condamnée à une peine de 21 mois de prison ferme. Une décision qui a rapidement suscité de vives réactions, notamment du côté de la défense qui dénonce un jugement entaché d’irrégularités et de pressions politiques.

Sandra Muhoza avait été arrêtée en avril 2024, après des commentaires échangés dans un groupe WhatsApp privé réunissant plusieurs journalistes.

Elle y évoquait la distribution présumée d’armes blanches aux jeunes militants du parti au pouvoir, qualifiée par les nations unies de milice, en faisant référence à une ancienne vidéo de 1996.

Dans cette vidéo, le Colonel Firmin Sinzoyiheba, alors ministre de la Défense, reconnaissait avoir ordonné une distribution d’armes à la population civile pour se défendre lors des attaques rebelles pendant la guerre civile.

Ces propos, bien que tenus dans un cadre privé, ont rapidement été interprétés comme une « atteinte à l’intégrité du territoire national », accusation sévère qui s’est doublée d’un autre chef d’inculpation : « aversion raciale ».

Depuis lors, la journaliste passe huit mois en détention provisoire avant que la justice ne tranche. Lors de la lecture du jugement, Me Prosper Niyoyankana, l’avocat de Sandra Muhoza, n’a pas caché son indignation face à cette décision qu’il juge profondément injuste.

« Après cinq jours d’attente marqués par l’angoisse et l’incertitude, nous apprenons que Sandra Muhoza est condamnée à 21 mois de prison. C’est une surprise amère pour nous, car cette peine ne repose sur aucun fondement juridique solide », a déclaré l’avocat, visiblement affecté.

Pour Me Niyoyankana, les pressions politiques ont joué un rôle déterminant dans cette affaire. « Il est clair que l’indépendance du tribunal a été compromise. Les juges ont subi des pressions qui les ont empêchés de rendre une décision juste et conforme à la loi », a-t-il ajouté.

La défense n’entend pas en rester là. Me Niyoyankana a confirmé son intention d’interjeter appel dès réception officielle du jugement.

« Nous allons contester cette décision avec fermeté. Sandra Muhoza est innocente, et nous exigeons sa relaxe pure et simple », a martelé l’avocat.

Il reste désormais à Sandra Muhoza 13 mois à purger, après avoir déjà passé huit mois derrière les barreaux. Une période difficile marquée par des conditions de détention éprouvantes, dénoncées par des organisations de défense des droits humains.

Cette condamnation résonne comme un douloureux rappel du cas de la journaliste Floriane Irangabiye, une autre journaliste burundaise arrêtée en 2022 sous des accusations similaires.

Floriane avait finalement été graciée après plusieurs mois de détention, mais la grâce présidentielle avait laissé planer des doutes sur la véracité des accusations portées contre elle.

À l’époque, des voix s’étaient déjà élevées pour dénoncer des accusations infondées, visant à museler la liberté de la presse dans le pays.

L’affaire Sandra Muhoza suscite aujourd’hui de vives inquiétudes au sein des associations de journalistes et des défenseurs des droits de l’homme.

Ils dénoncent un climat de répression croissante à l’égard des médias et appellent à des réformes urgentes pour garantir la liberté de la presse au Burundi.

Alors que le combat juridique se poursuit, la journaliste reste incarcérée en attendant que la cour d’appel se prononce sur son cas.

Sandra Muhoza, journaliste burundaise condamnée à 21 mois de prison pour atteinte à la sécurité de l’État

Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité