Kicukiro : le tribunal examine la demande de liberté provisoire de Victoire Ingabire

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 15 juillet 2025 à 04:18

Victoire Ingabire Umuhoza a comparu devant le Tribunal de Première Instance de Kicukiro pour une audience de demande de mise en liberté provisoire, ce mardi 15 juillet, au cours de laquelle une attention renouvelée a été portée sur l’avocat kényan qu’elle avait proposé pour assurer sa défense, mais auquel l’Ordre des avocats du Rwanda a refusé l’accréditation.

Ingabire, poursuivie pour six chefs d’accusation, s’est présentée devant le tribunal pour solliciter une remise en liberté provisoire. Originaire du district de Rubavu, elle s’est identifiée comme mère de trois enfants et femme politique.

Son avocat principal, Maître Gatera Gashabana, a déclaré au tribunal que certaines questions avaient été résolues, mais que le problème non réglé de la représentation légale demeurait.

Il a également exprimé des préoccupations concernant l’impossibilité actuelle pour Ingabire de communiquer avec sa famille à l’étranger. Me Gashabana a soutenu que le refus de lui permettre de bénéficier de l’avocat de son choix portait atteinte à ses droits et pouvait nuire à sa défense.

Malgré les objections, Ingabire a indiqué au tribunal qu’elle était disposée à poursuivre l’audience, tout en soulignant que son droit à une représentation légale avait été violé en raison du refus de l’Ordre des avocats du Rwanda d’accréditer l’avocat kényan.

Le président de l’Ordre des avocats du Rwanda, Moïse Nkundabarashi, avait précédemment précisé au Journal ’IGIHE’ que la demande d’accréditation temporaire de l’avocat kényan Osiemo avait été rejetée sur la base du principe de réciprocité.

En effet, le Kenya n’autorise pas les avocats rwandais à y exercer, et le Rwanda a donc adopté une position similaire.

Ingabire est poursuivie pour des chefs d’accusation incluant la formation d’un groupe criminel, incitation aux troubles, tentative de porter atteinte à l’autorité de l’État, diffusion de fausses informations ou incitation à la haine contre le gouvernement, complot en vue de commettre des crimes contre l’État et organisation de manifestations. Ingabire a rejeté toutes ces accusations, affirmant n’être « qu’une femme politique rwandaise et mère de famille, sans aucune intention malveillante envers le Rwanda », selon elle.

Ingabire a soutenu que l’affaire devrait être classée sans suite en raison d’une ingérence du pouvoir judiciaire dans les prérogatives du parquet, ce qui serait contraire à la Constitution, soulignant qu’elle est poursuivie dans le cadre d’un dossier datant de quatre ans, déjà jugé par la Haute Cour. Elle avait été interrogée à l’époque sans être inculpée, ce qui, selon elle, soulève des questions sur le moment et les motivations de son arrestation.

Maître Gashabana a expliqué qu’en vertu de l’article 106 du Code de procédure pénale, les tribunaux peuvent citer d’autres parties à comparaître si de nouvelles preuves apparaissent. Toutefois, cela ne justifie pas automatiquement une détention, qui, selon lui, relève d’une décision unilatérale du ministère public.

Le parquet a rétorqué que ses actions étaient conformes aux dispositions de l’article 106 et a nié toute ingérence du pouvoir judiciaire. Il a précisé que ce n’est pas le tribunal mais le parquet qui décide s’il convient de placer une personne en détention en attendant son procès.

Le tribunal a décidé que les objections et les arguments du ministère public seront conjointement examinés avant qu’une décision finale ne soit rendue concernant le statut de mise en liberté provisoire de Victoire Ingabire.

Les objections et les arguments du parquet seront conjointement examinés avant la décision finale sur la mise en liberté provisoire de Victoire Ingabire

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