Dans la matinée du mardi 8 juillet, Victoire Ingabire devait comparaître lors d’une audience visant à statuer sur son maintien en détention provisoire.
Après avoir procédé à la vérification de l’identité de l’accusée, le juge a donné la parole à Victoire Ingabire ainsi qu’à son avocat, Me Gatera Gashabana, afin qu’ils expliquent les raisons de la demande de report de l’audience.
Le juge a rappelé que cette requête reposait principalement sur deux motifs : d’une part, l’accusée sollicitait un délai supplémentaire, arguant que son avocat étranger, qu’elle souhaite voir la représenter, n’avait pas encore obtenu l’autorisation d’exercer au Rwanda ; d’autre part, elle dénonçait certaines " incohérences " dans l’acte d’accusation présenté par le ministère public.
Invitée à s’exprimer à ce sujet, Victoire Ingabire a ajouté un troisième motif. Elle a demandé au juge d’intervenir auprès de l’Ordre des Avocats afin de faciliter la délivrance des autorisations nécessaires pour son avocat kenyan, précisant qu’elle est actuellement défendue par Me Gatera Gashabana, qui assure la défense d’un groupe de dix prévenus, dont elle fait partie. Elle a également expliqué avoir dû faire appel à lui en urgence, invoquant qu’elle avait été arrêtée de manière inattendue.
Concernant la rédaction confuse du dossier d’accusation, Victoire Ingabire a déclaré que cela l’empêchait de bien comprendre les faits qui lui sont reprochés. Elle a précisé qu’elle n’avait pas pu consulter certains documents présents dans le système informatique, et que d’autres fichiers ne s’ouvraient pas. Elle a également souligné n’avoir eu accès au dossier que le samedi précédent, ce qui ne lui a pas laissé suffisamment de temps pour l’étudier correctement, notamment pour écouter et analyser les enregistrements audio qu’il contient.
Pour étayer sa demande, elle s’est appuyée sur les articles 74 et 75 de la loi sur la procédure pénale, qui garantissent à l’accusé le droit d’obtenir un dossier clair et complet, détaillant chaque accusation ainsi que les motifs sérieux justifiant les poursuites.

De son côté, le ministère public a rejeté ces arguments, accusant Victoire Ingabire de chercher à retarder la procédure. Le procureur a rappelé qu’elle avait déjà été assistée par un avocat lors de l’enquête, choisi par elle-même, ce qui prouve qu’elle bénéficie d’une défense adéquate.
Il a également estimé qu’il n’y avait aucune raison de suspendre l’audience sous prétexte d’attendre l’avocat étranger, d’autant plus que le fond de l’affaire n’a pas encore été examiné. Il a donc demandé au juge de rejeter la demande de report.
Le ministère public a souligné que l’Ordre des Avocats est une institution indépendante, hors du champ de compétence du tribunal. Le procureur a ajouté que Mme Ingabire et son avocat auraient dû effectuer directement les démarches nécessaires auprès de l’Ordre pour obtenir les autorisations requises.
En réponse aux critiques concernant la qualité du dossier, le procureur a affirmé que l’acte d’accusation était clair et précis, détaillant chaque infraction ainsi que les motifs justifiant les poursuites. Concernant le délai d’accès au dossier, il a indiqué que celui-ci avait été transmis au tribunal dès le 30 juin, date à partir de laquelle Victoire Ingabire pouvait en prendre connaissance. Selon lui, elle a disposé de suffisamment de temps, et le fait de ne l’avoir consulté que le samedi précédent relève de sa propre négligence.
« C’est leur propre responsabilité s’ils affirment ne l’avoir consulté que samedi, ce qui ne peut constituer une excuse valable devant le tribunal », a-t-il insisté.
En réaction, Me Gatera Gashabana a rétorqué : « Le ministère public ne cherche qu’à défendre ses intérêts, afin d’accuser à tout prix. Pourtant, à partir du 30 juin, toute la semaine suivante correspondait à une période de congés. »
« Pourtant, le système fonctionnait parfaitement ! » a répliqué le procureur.
Le ministère public a demandé au tribunal de rejeter la requête de Victoire Ingabire, estimant qu’elle cherchait à retarder l’audience relative à sa détention provisoire, alors qu’il s’agit d’une procédure devant être conduite dans les meilleurs délais.
Après avoir entendu les plaidoiries des deux parties, le juge a décidé de reporter l’audience au 15 juillet 2025, afin de permettre à l’accusée de mieux se préparer et de lever d’éventuels obstacles.
« À cette date, le tribunal n’acceptera plus aucun autre motif de report. » a toutefois précisé le juge.

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