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Crédit Suisse : de l’argent sale ?

Redigé par IGIHE
Le 22 février 2022 à 11:12

La banque a hébergé pendant plusieurs décennies des dizaines de milliards de francs de fonds d’origine criminelle ou illicite, selon une enquête. Credit Suisse « rejette fermement » ces accusations.

L’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), un consortium international composé de 47 médias, a publié simultanément ce dimanche les éléments d’une nouvelle enquête à la suite d’une importante fuite de données remises anonymement par un lanceur d’alerte qui devrait mettre la grande banque suisse dans une situation difficile.

Dans « Suisse Secrets », il apparaît ainsi que Credit Suisse a accordé un compte à des dirigeants d’État autoritaires, à des criminels impliqués dans des affaires de torture, du trafic de drogue, du blanchiment d’argent, de la corruption et d’autres crimes graves.

Ces données portent sur des avoirs de plus de 100 milliards de francs et concernent plus de 18’000 comptes bancaires. Les recherches remontent à 1940, mais pour deux tiers des comptes, il s’agit de comptes ouverts depuis l’an 2000.

« Le secret bancaire suisse est immoral »

Il y a un an, ce sont des rédacteurs de la « Süddeutsche Zeitung » qui ont obtenu ces données du lanceur d’alerte. Ils les ont ensuite traitées avec leurs confrères de l’OCCRP. Ainsi, les médias comme le « New York Times », « The Guardian », « La Stampa » (en Italie) ou encore le « Miami Herald » ont participé à cette publication d’envergure.

« Je pense que le secret bancaire suisse est immoral. Le prétexte de la protection de la sphère privée financière n’est qu’une feuille de vigne pour masquer le rôle honteux des banques suisses en tant que collaboratrices des fraudeurs fiscaux », a déclaré le lanceur d’alerte, cité par l’équipe de recherche, comme le relaye « 20 Minuten ».

« Suisse Secrets » dévoile comment le numéro deux du secteur bancaire helvétique a méprisé les règles de vigilance imposées aux grandes banques internationales en hébergeant des fonds liés au crime et à la corruption, et ce malgré les promesses répétées, depuis des décennies, d’éliminer les clients douteux.

Parmi les comptes incriminés figure celui du Vatican qui n’a pas été déclaré et via lequel près de 400 millions de francs ont été transférés pour une transaction immobilière à Londres, pour laquelle le Saint-Siège fait la une des journaux depuis des années, résument nos confrères alémaniques.

Autres comptes problématiques : celui de l’ancien dirigeant algérien Abdelaziz Bouteflika ou encore du Suédois Stefan Sederholm, condamné à la prison à vie pour trafic d’êtres humains aux Philippines. Ce dernier a pu conserver son compte ouvert en 2008 auprès de la banque deux ans et demi après sa condamnation.

Les fuites se concentrent principalement sur les pays en développement : en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique du Sud et les clients domiciliés en Europe occidentale ne représentent que 1% du total, précise le journal.

La banque « rejette fermement » les accusations

Dans un communiqué, Credit Suisse a réagi à ces accusations, affirmant que les données étudiées sont « partielles, inexactes, ou sont prises hors de tout contexte, entraînant une présentation tendancieuse de la conduite des affaires » par la banque.

« 90% des comptes concernés sont aujourd’hui clôturés, dont plus de 60% avant 2015 », assure la banque, qui précise par ailleurs « mener l’enquête » concernant la fuite de données.

Une série de scandales

Credit Suisse a été secoué par une série de scandales depuis un an. En mars, la banque a été éclaboussée par la faillite de la société financière Greensill, dans laquelle quelque 10 milliards de dollars avaient été engagés par le biais de quatre fonds, puis par l’implosion du fonds américain Archegos qui a coûté quelque 5 milliards de dollars à la banque.


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