Crise institutionnelle en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 16 avril 2025 à 03:25

La récente déclaration de Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, dévoile en filigrane une crise institutionnelle larvée qui ne dit pas encore son nom, mais dont les symptômes deviennent chaque jour plus évidents.

En exprimant publiquement son exaspération face à la paralysie des travaux parlementaires, sous prétexte d’un manque de fournitures administratives, une carence invraisemblable à ce niveau de l’appareil d’État, le président de la chambre basse laisse entrevoir une rébellion feutrée, voire une fronde institutionnelle, à l’égard de la hiérarchie étatique et de la majorité présidentielle.

Cette situation n’est pas anodine. Vital Kamerhe, dont les relations avec l’UDPS et la Présidence se sont considérablement détériorées, semble instrumentaliser cette crise procédurale pour signifier son malaise et dénoncer, à demi-mot, l’isolement politique dans lequel il se retrouve peu à peu confiné.

Les divergences de fond et de forme avec le cercle rapproché du chef de l’État, doublées de querelles de leadership au sein de la majorité, fragilisent l’autorité de l’Assemblée et révèlent un dysfonctionnement préoccupant au sommet de l’État.

Ce blocage artificiel du travail législatif par privation de moyens matériels, en réalité symptôme d’un malaise plus profond, pourrait bien se muer en crise ouverte si les antagonismes persistants ne trouvent pas rapidement d’issue. Car derrière cette apparente anecdote se dessine un bras de fer politique aux conséquences potentiellement déstabilisatrices pour l’équilibre des institutions.

Le risque est double : d’abord, celui de voir l’Assemblée nationale, institution clé du régime, sombrer dans la paralysie durable, rendant impossible l’adoption des lois budgétaires, organiques et réformes attendues dans le contexte actuel de tensions sécuritaires et sociales.

Ensuite, celui d’un éclatement de la majorité présidentielle elle-même, où certaines alliances de circonstance semblent vaciller sous le poids des ambitions personnelles et des calculs politiciens.

Si cette situation perdure, elle pourrait entraîner une crise institutionnelle plus large, mettant en péril la stabilité du pouvoir exécutif et l’ensemble de l’architecture institutionnelle du pays. Car un président de l’Assemblée en rupture de ban avec la présidence et se posant en victime d’un boycott officieux pourrait rallier à lui des franges mécontentes de la majorité et de l’opposition, ouvrant la voie à une recomposition politique imprévisible.

Dans ce contexte, la présidence serait bien avisée d’éviter de sous-estimer la portée de cette crispation et de prendre toute la mesure des risques qui planent sur la cohésion du sommet de l’État. Car il ne s’agit plus seulement d’une question de fournitures manquantes, mais bien d’un avertissement politique déguisé, qui pourrait annoncer, si rien n’est fait, une séquence de fronde parlementaire et d’instabilité institutionnelle préjudiciable à la gouvernance nationale.

Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale

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