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De la nationalité douteuse et l’instrumentalisation ethnique en RDC

Redigé par
Le 30 mai 2022 à 07:33

Disons-le d’entrée de jeu : des neuf pays limitrophes ayant des populations transfrontalières, seul les « banyarwanda » posent un problème de nationalité en République Démocratique du Congo.

C’est l’une des épines douloureuses dans le chef de la RDC.

Ce problème explique, en partie, les guerres successives depuis 1996.

Il appartient ainsi à l’autorité Congolaise de résoudre ce problème épineux en respectant le droit, l’équité et la citoyenneté afin de rétablir la paix durable à l’est du pays.

L’histoire enseigne qu’à l’époque précoloniale le royaume du Rwanda couvrait une partie du Kivu.

Le découpage territorial amputa le Bwisha, le Masisi, Gishari et l’ile d’Idjwi au royaume du Rwanda.

Quant à l’installation des éleveurs dans les hauts plateaux de Minembwe, les chercheurs la situent vers le 18e siècle.

Le premier acte fondateur est l’accession du Congo à l’indépendance.

Toutes ces populations étaient, de droit, Congolais. C’est l’acte numéro deux de la Table Ronde de Bruxelles, préalable à la déclaration de l’indépendance.

La suite n’aura été que manipulation et instrumentalisation à des fins politiques.

Pour mémoire, certains avaient participé à la Table Ronde de Bruxelles, élus aux élections nationales et occupés des hautes fonctions depuis lors.

Il y a des noms célèbres des banyarwandas inscrits dans l’histoire politique de ce pays.

Marcel Bisukiro, Joseph Midiburo, Cyprien Rwakabuba Shinga et le Mwami Ndeze pour ne citer que ceux-là.

Déjà pour des raisons de découpage territorial, en 1964, les premières hostilités entre politiciens déclenchent des affrontements tribaux.

On présente les banyarwanda comme des « Mulelistes », de la rébellion conduite par Pierre Mulele.

On parlera de « la révolte de Kanyarwanda ».

Sous Mobutu, la loi portant nationalité zaïroise du 5 janvier 1972, dite abusivement « loi Bisengimana » du nom du directeur de cabinet du Président.

Cette loi confirmait la nationalité zaïroise de tout celui qui était établi sur le territoire de la république au 30 juin 1960.

Mais c’est l’autorité et le charisme de Mobutu qui vont contenir les rivalités tribales.

Seulement, la conférence nationale souveraine de 1990 va faire céder la digue et déchainer les passions.

C’est là qu’apparait la dénomination « nationalité douteuse » qui poussera certains délégués hors des assises.

Les plus emblématiques étant Monseigneur Kanyamacumbi du diocèse de Goma et le vétéran de la politique nationale Rwakabuba Shinga de Rutshuru.

Ironie de l’histoire, sa fille, Maguy Rwakabuba siège actuellement à l’assemblée nationale de la RDC.

La rhétorique anti rwandais a conduit aux affrontements et violences à caractère tribales dans le Nord Kivu, le Sud Kivu et l’Ituri.

Des massacres orientés ont ciblé les « tutsis congolais » et entrainé des milliers des morts.

Et en 1994, après avoir commis l’irréparable, les génocidaires traversent la frontière et s’installent aux abords du lac Kivu.

Ils vont initier des alliances anti tutsis trouvant un terrain fertile dans les tribus rivales. Même les forces armées zaïroises se mêleront à la persécution des tutsis congolais.

L’effondrement de l’Etat en sera un catalyseur.

Ces violences à grande échelle s’étendront vers le Sud Kivu dans les hauts plateaux de Minembwe chez les Banyamulenge.

Cette conjonction et généralisation des violences « anti tutsis » sera l’élément déclencheur de la création de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo « AFDL ».

Cette guerre conduira à la chute du Maréchal Mobutu.

Mais ce sera aussi et malheureusement, le début de la création des multiples groupes armés sur fond tribal.

Avec des alliances, mésalliances et retournements comme les congolais en ont le secret.

Mais cette irresponsabilité fera de l’est du pays un brasier.

L’arrivée de Laurent Désiré Kabila au pouvoir, plutôt que de résoudre le problème de la nationalité va au contraire l’amplifier pour des mobiles bassement politiciens.

Il ira jusqu’à s’allier aux ex-far et interahamwe et épousera la rhétorique de la tristement célèbre RTLM. 

On verra surgir la théorie de l’empire hima, la balkanisation, l’infiltration et que sais-je.

L’exacerbation de la méfiance entre les tribus déclenchera la deuxième guerre qui a vu apparaitre le Rassemblement Congolais pour la Démocratie « RCD » d’Azarias Ruberwa.

Et ils vont multiplier les rounds de négociations courant après le serpent de mer des « congolais rwandophones ».

De Victoria Falls au Zimbabwe, Lusaka en Zambie jusqu’à Sun City en Afrique du Sud.

On reviendra à la sanctuarisation de la nationalité congolaise au 30 juin 1960. Tout ça pour ça !

Mais le vers était dans le fruit. La faillite de l’Etat, le désordre général, l’utilisation à des fins politiques de la fibre d’appartenance tribale et l’exclusion de l’autre seront le sport favori.

Qu’importe les conséquences.

Mais il y aura une inapplication des accords ce qui accentuera la détérioration de la situation sécuritaire à l’est du pays.

C’est alors que naitront le CNDP de Laurent Nkunda dont le M23 est l’héritier.

C’est la négation de l’apparence à la nation congolaise qui reste le goulot d’étranglement dans cet imbroglio.

M23 est l’héritier du CNDP de Laurent Nkunda
Laurent Nkunda combattait pour les rwandophones congolais
Ces ex Far et interahamwe ont noué des alliances anti tutsis en RDC
C’est le charisme de Mobutu qui a contenu pendant son règne les clivages tribaux

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