La nouvelle de son décès a été confirmée par des membres de sa famille et par ses collègues de l’organisation.

Un parcours marqué par la résilience et l’engagement

Dans plusieurs entretiens accordés à IGIHE, Immaculée Ingabire avait raconté combien les épreuves de son enfance avaient façonné son engagement. Marquée par la vie en exil et les souffrances vécues en tant que réfugiée, elle avait puisé dans ces expériences la force et la détermination de lutter contre l’injustice et la corruption.

Alors qu’elle était encore jeune fille, elle découvre que la maison familiale au Burundi ne leur appartenait pas réellement. Ce constat douloureux renforce son désir de retourner dans son pays d’origine, le Rwanda, afin d’y contribuer à la reconstruction et au développement.

Bien qu’ayant grandi au Burundi, où sa famille avait trouvé refuge, elle n’a jamais renoncé à son rêve de rentrer au Rwanda, lasse d’une vie marquée par la persécution et le manque de droits fondamentaux.

Après avoir suivi sa scolarité primaire et secondaire au Burundi, Ingabire poursuit des études universitaires à l’étranger avant de regagner le Rwanda en 2001.

Elle était titulaire d’un Master en études de genre et droits humains (Université de Pretoria, Afrique du Sud), d’une Licence en journalisme et communication (Université de Lille, France) et d’un Diplôme en droit et droits humains obtenu à l’Institut des droits de l’Homme de Strasbourg, en France.

Une carrière dédiée à la transparence et aux droits humains

Immaculée Ingabire compte parmi les membres fondateurs de Transparency International Rwanda, créée en 2004. En 2015, elle avait été réélue pour un second mandat à la tête de l’organisation.

Dans un entretien accordé à IGIHE, elle confiait : « Avant de rejoindre Transparency International Rwanda, j’ai travaillé dans de nombreuses institutions, mais mon principal centre d’intérêt a toujours été la défense des droits des femmes et la promotion du développement durable. »

Elle avait notamment travaillé à l’ORINFOR (l’ancêtre de Rwanda Broadcasting Agency), dans divers médias écrits, ainsi qu’au sein d’organisations telles que Pro-Femmes Twese Hamwe, IBUKA, et d’autres associations de défense des droits des femmes.

Une femme de caractère, guidée par des valeurs fortes

Connue pour son franc-parler et son intégrité, Ingabire n’hésitait pas à dénoncer publiquement les injustices, un engagement qui lui valait parfois d’être perçue comme une personnalité controversée. Elle s’en expliquait ainsi :

« Il est vrai que les gens me comprennent souvent mal à cause de mon travail, qui exige de prendre des décisions difficiles. Mais en réalité, je suis une personne simple, humble et accessible. Je n’ai de querelle ni de rancune envers personne. Je n’ai jamais eu de conflit avec qui que ce soit depuis ma naissance. »

Tout au long de sa vie, Immaculée Ingabire a incarné trois principes qui guidaient son action : la prière, le respect et la persévérance.

Son décès laisse un grand vide au sein de la société civile rwandaise, où elle était considérée comme une figure de probité, de courage et d’engagement au service de la transparence et de la justice.

Immaculée Ingabire est décédée jeudi matin à l’âge de 64 ans, des suites d’une maladie