Dr. Bizimana : Les colonisateurs européens ont créé les conditions du génocide

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 6 avril 2025 à 07:37

Le ministre de l’Unité nationale et de l’Engagement civique, Dr. Jean-Damascène Bizimana, a expliqué que si les colonisateurs européens n’étaient pas intervenus en Afrique, surtout au Rwanda, pour détruire les structures sociales qui existaient, le génocide contre les Tutsi n’aurait sans doute jamais eu lieu.

Il s’exprimait lors de la Conférence internationale de commémoration du 31ᵉ anniversaire du génocide contre les Tutsi, tenue ce 6 avril 2025, sous le thème : « Quand le “Plus jamais ça” est ignoré, l’idéologie génocidaire s’enflamme. »

Le ministre Bizimana a affirmé que l’idéologie du génocide avait été introduite par les premiers Européens arrivés au Rwanda. Il a souligné que les premiers missionnaires avaient trouvé un peuple uni, partageant une identité commune.

À ce sujet, il a cité un ouvrage du missionnaire catholique, le chanoine Louis de Lacger, publié à Kabgayi en 1930, dans lequel les Rwandais sont décrits comme une société soudée, ayant nommé leur propre pays et manifestant leur patriotisme à travers leur loyauté envers un seul roi.

D’autres auteurs ont également souligné que les Rwandais partageaient une culture commune, un mode de vie semblable et des croyances unifiées.

« Une société aussi cohésive que celle décrite par les premiers Européens n’aurait jamais pu sombrer dans le génocide si ses valeurs fondamentales n’avaient pas été détruites par des colonisateurs mus par leurs propres intérêts », a déclaré le Dr Bizimana.

Il a expliqué que l’idéologie génocidaire puise ses origines dans la colonisation belge, qui a démantelé l’identité rwandaise ainsi que ses structures sociales. Il a précisé que la Belgique avait introduit une idéologie basée sur la discrimination, institutionnalisée notamment à travers des partis politiques comme le Parmehutu et l’APROSOMA, prolongeant ainsi l’héritage de la pensée coloniale.

Il a également souligné que des intellectuels, des responsables politiques, des ONG et d’autres acteurs, dans la lignée de la politique coloniale belge, avaient joué un rôle actif dans la préparation du génocide.

« Si les Européens ne s’étaient pas ingérés dans la gouvernance et les structures sociales en Afrique, et particulièrement au Rwanda, nous ne serions pas ici aujourd’hui à commémorer un génocide qui a coûté la vie à plus d’un million de personnes, simplement en raison de leur identité », a-t-il insisté.

Il a rappelé qu’après le génocide contre les Tutsi, la communauté internationale avait mis du temps à reconnaître sa propre responsabilité dans cette tragédie.

Aujourd’hui, le 7 avril est reconnu comme la Journée internationale de réflexion sur le génocide contre les Tutsi, destinée à rappeler à la communauté mondiale l’importance de prévenir de tels crimes.

Le Dr Bizimana a déploré que, 31 ans après le génocide, certains dirigeants en République démocratique du Congo continuent de propager des discours de haine et d’inciter à la violence, tandis que la communauté internationale demeure passive.

Il a également souligné que, malgré les excuses officielles de la Belgique pour son implication dans le génocide contre les Tutsi, ce pays soutient aujourd’hui, d’une manière ou d’une autre, les violences perpétrées contre les Tutsi congolais.

« Nous assistons à la répétition des erreurs pour lesquelles certains États avaient pourtant déjà présenté leurs excuses. On observe une complicité internationale et une inertie face au génocide en cours en RDC. Il semble que le monde n’ait tiré aucune leçon du génocide contre les Tutsi. On ne peut pas commémorer cette tragédie sans interroger les mécanismes qui continuent d’alimenter l’idéologie génocidaire, ni sans réfléchir aux moyens concrets de la combattre », a déclaré Dr Bizimana.

La Belgique critiquée pour avoir entravé certaines commémorations

La Belgique fait partie des pays qui ont accueilli plusieurs responsables du génocide contre les Tutsi. Elle continue par ailleurs de tolérer, voire de soutenir, certaines associations qui nient ou minimisent cette tragédie.

Le Dr Bizimana a dénoncé les autorités belges qui, sous prétexte des tensions en République démocratique du Congo, ont interdit certaines cérémonies de commémoration publique. Il a qualifié ces mesures d’entrave aux droits internationaux, en particulier au droit universel de mémoire.

« Nous constatons aujourd’hui des actions soutenues par des États qui entravent les commémorations du génocide contre les Tutsi. C’est le cas en Belgique, dans des villes comme Liège et Bruges, où des cérémonies publiques ont été interdites. Cette situation est d’autant plus préoccupante que la Belgique accuse le Rwanda d’être à l’origine du conflit en RDC, en invoquant le droit international. Pourtant, la commémoration du génocide contre les Tutsi relève d’un droit universel », a déclaré Dr Bizimana.

À l’inverse, il a salué la ville de Paris pour avoir soutenu la communauté rwandaise en annulant un concert de l’artiste congolais Maître Gims, prévu au tout début de la semaine de commémoration, et perçu comme un acte de négation du génocide contre les Tutsi.

Depuis 2003, le 7 avril est officiellement reconnu par les Nations Unies comme la "Journée internationale de commémoration du génocide contre les Tutsi de 1994 au Rwanda".

Dr. Bizimana, a indiqué que si les colonisateurs européens n’étaient pas intervenus en Afrique, le génocide contre les Tutsi n’aurait probablement pas eu lieu
Le ministre s’exprimait lors de la Conférence internationale de commémoration du 31ᵉ anniversaire du génocide contre les Tutsi, tenue ce 6 avril 2025
La conférence se tenait sous le thème : « Quand le Plus jamais ça est ignoré, l’idéologie génocidaire s’enflamme. »
Depuis 2003, le 7 avril est reconnu par les Nations Unies comme la Journée internationale de commémoration du génocide contre les Tutsi de 1994 au Rwanda
Différents participants ont assisté à la cérémonie
Divers responsables ont pris part à cette conférence

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