Très connu dans la ville de Butare, ce médecin a reconnu avoir enfermé de nombreux Tutsi dans les bureaux de la sectorielle de Tumba, dans la préfecture de Butare, durant le génocide de 1994, avant que ceux-ci ne soient tués ou jetés dans des fosses.

Au cours de son audience, celui qu’on surnomme « Le boucher de Tumba » a reconnu qu’il avait reçu les clés de la sectorielle des mains de François Bwanakeye, alors conseiller de Tumba, le 23 avril 1994, alors que de nombreux Tutsi cherchaient refuge. Il a affirmé que son geste visait soi-disant à assurer leur protection  : «  Les réfugiés ont rapidement franchi la porte dès que je l’ai ouverte, et les Interahamwe n’ont pas réagi. Je l’ai refermée pour les mettre en sécurité.  »

Le médecin a toutefois affirmé que les conditions dans les bureaux de la sectorielle étaient précaires, sans eau ni nourriture, et que la sécurité des personnes n’était pas garantie. Il a justifié son choix de ne pas donner les clés aux Tutsi, estimant que cela aurait, selon lui, facilité l’accès aux tueurs  : «  Quatre ou cinq individus, armés de bâtons et de machettes, circulaient près des bureaux.  »

Interrogé sur le rôle du conseiller Bwanakeye, il a déclaré que ce dernier n’avait pu quitter son domicile que le 24 avril 1995  : «  Lorsqu’il est arrivé, j’ai pensé que le reste relevait de sa responsabilité.  », précisant qu’il n’avait jamais informé le conseiller des risques que représentaient les tueurs circulant autour de la sectorielle.

Par ailleurs, l’accusé a indiqué avoir été en possession des clés des bureaux de la sectorielle de Tumba du 23 avril au 15 mai.

Malgré sa défense, un témoin a affirmé que confiner des Tutsi dans un bâtiment public équivalait à les condamner à mort. Le 28 septembre, ce dernier, expert en religion, a souligné  : «  Les placer dans un bâtiment public revenait à les condamner à mort, car chacun était à leur merci.  »

En appel depuis le 16 septembre, le Dr Munyemana demande l’annulation des charges et la suspension de sa peine. Le verdict du tribunal est attendu le 24 octobre 2025.

Dr Munyemana a confirmé qu’il était en possession des clés des bureaux de la sectorielle de Tumba, où des Tutsi s’étaient réfugiés avant leur massacre