En décidant d’empêcher la délégation de LAMUKA de se rendre en Afrique du Sud pour participer au forum organisé par la Fondation Thabo Mbeki, les autorités congolaises n’ont pas seulement étalé leur peur du débat : elles ont confessé, à la face du monde, la fragilité de leur pouvoir. Car il faut être bien faible pour redouter la contradiction au point de séquestrer ses adversaires dans les frontières nationales.
Les menaces brandies contre Martin Fayulu, Prince Epenge et Jean Kasekwa, passeports saisis, voyages bloqués, ne relèvent pas d’une prétendue « sécurité nationale ». Elles témoignent d’une autre insécurité, bien plus redoutable : celle d’un régime acculé, incapable de se confronter aux idées, et qui croit protéger son trône en cadenassant la parole. C’est un réflexe de peur, non de force.
Les prétextes avancés sont pathétiques. Voir dans ce forum un « complot » ourdi contre les institutions de la RDC relève du délire complotiste plus que de l’analyse lucide. Et brandir la présence annoncée de Joseph Kabila et Corneille Nangaa comme une menace insupportable, c’est avouer que l’on est prisonnier de ses obsessions et incapable de transcender les querelles anciennes. Un pouvoir véritablement assuré de sa légitimité ne tremble pas devant une table ronde, fût-elle hostile.
En vérité, le Congo s’enfonce dans une impasse périlleuse : plus le régime refuse le dialogue, plus il fabrique les conditions de sa propre contestation. Plus il bâillonne l’opposition, plus il légitime ses accusations.
Plus il se drape dans le manteau de la « souveraineté nationale », plus il dévoile son incapacité à incarner l’unité nationale.
Un gouvernement sûr de lui ouvre l’espace politique ; un gouvernement faible le ferme. Celui de Kinshasa a choisi : il verrouille, il censure, il interdit. Mais qu’il se souvienne : l’histoire du continent est jonchée de régimes persuadés de durer en bâillonnant leurs peuples, et qui se sont effondrés faute d’avoir entendu la voix de la contradiction.
Le Congo n’a pas besoin d’un État-prison où le passeport devient une arme politique. Il a besoin d’un État qui assume le débat, qui accueille la divergence et qui reconnaît que la solution à ses maux ne viendra ni de la répression ni de la peur, mais de l’acceptation de la pluralité.
A force de se barricader derrière ses certitudes, le pouvoir congolais court à l’évidence : transformer sa fragilité en impasse.

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