Les hommes en armes, ces prétendus gardiens de la paix, n’ont que faire de la sécurité de la population, et Goma, dans sa frénésie militaire, se voit de plus en plus déconnectée de l’idée même de tranquillité.
La guerre de pouvoir et de contrôle est plus forte que l’appel à l’ordre, et les habitants, malgré la myriade de soldats qui défilent sous leurs fenêtres, voient leur vie se transformer en un cycle sans fin de peur et de violence.
Sous cette couverture de protection armée, c’est une réalité bien plus sombre qui se cache. La population de Goma, noyée sous l’inquiétude et l’insécurité, paye le prix fort de cette mise en scène militaire.
Assassinats et massacres rythment leur quotidien, marquant de leurs cicatrices une ville que l’on croyait forte de ses défenseurs. Les habitants, tout en étant les témoins d’un déploiement militaire massif, se retrouvent pris au piège d’un système qui les laisse dans l’abandon, là où les hommes en armes, censés être les garants de leur sécurité, deviennent eux-mêmes les oppresseurs.
La souffrance devient leur lot quotidien, et les rues de Goma, couvertes d’un voile de terreur, se remplissent des échos des victimes ignorées, abandonnées aux mains de ceux censés les protéger.
Goma ne compte plus ses morts. Le sang versé semble s’être noyé dans un océan d’indifférence, une mer noire dans laquelle les espoirs de paix se noient à chaque cri. Les militaires congolais et leurs alliés, ces supplétifs étrangers, ont troqué leur rôle de défenseurs pour celui de bourreaux.
Les massacres deviennent presque une routine, un phénomène insidieux qui touche aussi bien les innocents que les âmes courageuses qui osent braver l’ordre établi. La ville, prise en étau par la guerre et l’impunité, se voit privée de tout recours.
Abandonnée par ceux qui devraient la défendre, elle s’enfonce chaque jour un peu plus dans un abîme d’injustice et de souffrance, là où le silence des responsables semble être le seul témoin d’une tragédie humaine insoutenable.
A Goma, huit militaires des FARDC, sous les feux des projecteurs de la justice, se sont retrouvés parmi les criminels, présentés avec une solennité particulière au maire de la ville, samedi dernier, dans le cadre de l’opération « Safisha Muji wa Goma ».
Une opération censée « assainir » la ville, comme si une brosse géante pouvait effacer des crimes aussi profondément ancrés.
« Dans le cadre de l’opération ‘Safisha Muji wa Goma’, je vous présente aujourd’hui ces militaires des FARDC, chacun avec son motif d’arrestation », a proclamé Jean Louis Kahembanyi, commissaire principal de la police d’escadron, en digne chef de cérémonie, devant l’autorité locale, comme si le mot « arrestation » n’était qu’un simple accident de parcours.
Parmi les anecdotes les plus pittoresques, celle du soldat Kawesi Kaluwaka, membre de la 11ème brigade « Satan II », qui, dans un élan de commerce douteux, aurait tenté de vendre son arme AK47 aux miliciens Wazalendo. Un échange de bon procédé qui a échoué, non pas sur des considérations morales, mais à cause d’un désaccord... sur le prix.
Mais bien sûr, les militaires ne sont pas les seuls à illustrer ce carnaval judiciaire. Jean Louis Kahembanyi a aussi raconté l’histoire d’un civil, Komboyo Kalangaposo qui, le 12 novembre 2024, dans le quartier Kahembe, en commune de Karisimbi, a décidé de faire justice à sa manière, en tuant un ressortissant rwandais, M. Germain, à l’aide d’un couteau. Quel raffinement dans l’art de résoudre des conflits !
Le commissaire a aussi dressé le portrait d’un groupe de bandits armés originaires de Rutshuru, responsables de violences dans la localité de Turunga et le quartier Majengo de Goma.
Parmi les trésors saisis, on trouve cinq AK47 avec chargeurs, dont deux ont été « récoltés » par la justice populaire dans les localités de Turunga et Kanzana, ces endroits où la loi n’a plus d’emprise, mais où l’initiative citoyenne semble avoir toute sa place.
Pour couronner le tout, un Muzalendo, rescapé de la justice populaire à Karisimbi, après avoir extorqué des passants et détourné des munitions de guerre, ainsi qu’un civil arrêté pour le vol d’armes à feu, ont également été présentés au maire, comme des trophées d’une chasse à l’homme particulièrement macabre.
Parmi les militaires appréhendés, l’adjudant en chef Faustin Nshizurungu Bitisi, affecté au front Nord, s’est distingué par un exploit particulier : tentative de meurtre, dissipation de munitions de guerre et abandon de poste.
Le 10 novembre 2024, il aurait tiré à bout portant sur un collègue, le soldat Steve Thilulu Kasanda, le blessant gravement aux deux jambes. Il semble que même sur le front, certains soldats prennent un peu trop de liberté avec leur vocation de protection. La victime, quant à elle, est toujours en soins à l’hôpital CBCA/Ndosho, soignant les blessures infligées par la camaraderie militaire.
Dans ce tableau inquiétant, le maire de Goma, au milieu de cette parade de criminels, a une fois de plus appelé la population à fournir des renseignements aux autorités pour prévenir de nouveaux actes criminels. « Nous devons unir nos efforts pour garantir la sécurité de la ville », a-t-il insisté, tout en espérant peut-être que la solidarité populaire serait plus efficace que la justice ordinaire.
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