Urgent

Julius Malema fustige le gouvernement sud-africain pour le déploiement de leurs troupes en RDC

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 11 février 2025 à 11:00

Julius Malema, fervent leader des Economic Freedom Fighters (EFF) en Afrique du Sud, a critiqué le déploiement des troupes sud-africaines dans l’est de la République Démocratique du Congo, affirmant qu’elles ne peuvent pas remporter la bataille contre les rebelles du M23.

S’exprimant ce lundi 10 février 2025 à l’Assemblée nationale sud-africaine lors d’un débat sur la perte de 14 soldats des Forces de défense nationale sud-africaines (SANDF) dans l’est de la RDC, Malema a vivement dénoncé la décision du gouvernement d’engager des troupes dans la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIDRC).

Malema a affirmé que cette mission n’était pas une opération de maintien de paix, mais une intervention militaire directe contre les rebelles du M23, qu’il a décrits comme "bien équipés" et stratégiques. Il a reproché au gouvernement d’avoir envoyé des soldats au front sans les ressources militaires essentielles, telles que des drones et des avions de combat, les exposant ainsi à de graves dangers.

"Notre gouvernement a délibérément trompé le peuple. En réalité, nos soldats font face à un adversaire disposant d’un armement, de ressources et d’un renseignement supérieurs", a-t-il affirmé.

Malema a également attribué les récentes pertes humaines aux défaillances des SANDF en matière de renseignement et de coordination, en particulier lors de l’offensive du M23 sur Goma.

Selon lui, les failles du renseignement ont laissé les forces sud-africaines vulnérables, tandis que le manque de coordination avec les alliés régionaux et l’armée congolaise a entraîné une riposte inefficace et fragmentée.

Il a ajouté que l’absence de directives claires de la part du commandement avait provoqué des retraites chaotiques et des pertes qui auraient pu être évitées, coûtant également la vie à deux soldats tanzaniens et deux autres malawites engagés dans la mission SAMIDRC.

Le leader des "EFF" a en outre attribué l’affaiblissement des SANDF à des années de négligence et de corruption gouvernementales, soulignant que les réductions budgétaires avaient paralysé l’armée, immobilisant avions et hélicoptères faute d’entretien.

Malgré un coût de déploiement estimé à 2,3 milliards de rands depuis le lancement de la mission, il a dénoncé une gestion chaotique et des détournements qui, selon lui, ont considérablement réduit l’efficacité des forces armées.

"Des responsables ont dilapidé et mal géré les fonds, livrant la technologie de défense sud-africaine à des entités étrangères. C’est une aberration totale", a-t-il fustigé.

Malema a également fustigé le ministère de la Défense pour avoir dilapidé plus de 250 millions de rands en externalisant des services informatiques, alors que des compétences internes existaient, dénoncant ce choix comme un détournement flagrant des ressources de l’Etat, au détriment des soldats.

Julius Malema a rappelé que certains militaires ont perdu la vie lors de la bataille de Goma, tandis que d’autres ont été tués dans les affrontements à Sake, impliquant l’armée congolaise et les forces alliées, contre le M23.

La mission de maintien de paix des Nations unies en RDC (MONUSCO) a acheminé leurs dépouilles vers l’Ouganda, traversant le principal poste-frontière entre le Rwanda et la RDC, La Corniche, vendredi dernier aux alentours de midi, après plusieurs jours de retard.

À leur arrivée à Kampala, les corps en décomposition devaient être préparés avant leur transfert en Afrique du Sud via l’aéroport international d’Entebbe. Cependant, ce lundi après-midi, leur rapatriement n’avait toujours pas eu lieu, les dernières formalités étant encore en cours.

Malema s’est insurgé contre ces retards, qualifiant la situation d’"inacceptable". "Soyons clairs. L’envoi de nos soldats en RDC n’a rien à voir avec la paix. C’est un sacrifice insensé de nos troupes dans une guerre sans issue. Ce gouvernement les envoie mourir sur une terre étrangère, et lorsqu’ils tombent, leurs dépouilles ne sont même pas rapatriées avec la dignité qu’elles méritent", a-t-il dénoncé, soulignant que ces délais infligeaient une souffrance immense aux familles des soldats.

Malema a exigé le retrait immédiat des troupes sud-africaines, affirmant qu’aucune autre vie ne devait être sacrifiée dans ce qu’il a qualifié de "guerre absurde".

Il a pressé le gouvernement de rapatrier les soldats, s’alignant ainsi sur les appels au cessez-le-feu lancés lors du récent sommet conjoint de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) en Tanzanie.

Lors du sommet EAC-SADC qui s’est tenu ce samedi 8 février 2025, les chefs d’Etat de la région ont recommandé une solution politique plutôt que des initiatives militaire. Ils ont encouragé le gouvernement congolais à entamer des dialogues avec le M23 et les autres groupes rebelles, dans le but de restaurer la paix dans l’est du pays.


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