« Vous savez, ils se sont battus pendant de nombreuses années. Et il y avait même des machettes. Une grande violence. Pour la première fois depuis longtemps, ils vont connaître la paix, c’est une avancée importante. » a-t-il déclaré.
Lors d’un entretien accordé à Jeune Afrique, le ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, est revenu sur le processus de signature de cet accord et sur ce qui va suivre concernant sa mise en œuvre.
Interrogé sur l’ambiance du 27 juillet, jour de la signature de l’accord, et sur le soulagement apparent qu’il manifestait, il a confirmé : « Oui, c’est un accord historique qui pourrait mettre fin à un conflit qui dure depuis 30 ans. Certes, de nombreuses médiations et accords ont eu lieu au fil des années, mais celui-ci revêt une importance particulière. »
« Depuis la fin de la deuxième guerre du Congo et les accords de cessez-le-feu de Lusaka en 1999, il y a eu au moins une dizaine d’accords signés, mais très peu ont été appliqués. Aujourd’hui, nous espérons que, pour la première fois, une solution pourra être trouvée grâce à la médiation américaine et à l’implication du Qatar. »
Nduhungirehe a indiqué que l’accord signé à Washington « est une première étape, un accord entre le Rwanda et la RDC », précisant que « la question de l’AFC-M23 sera traitée à Doha avec le gouvernement congolais ».
À propos de sa référence à un conflit vieux de 30 ans, qui pourrait suggérer une opposition directe entre le Rwanda et la RDC pendant cette période, il a répondu :
« Pas du tout. En réalité, cela fait 30 ans qu’existe le groupe armé FDLR. Il est composé de personnes impliquées dans le génocide, responsables du massacre des Tutsi au Rwanda en 1994, et qui a continué d’être soutenu, nourri et appuyé par différents régimes en RDC. À plusieurs reprises, il a tenté de menacer la sécurité du Rwanda… C’est pourquoi nous avons mis en place des mesures de défense, et l’éradication totale de ses combattants fait partie des éléments essentiels de l’accord de Washington. »
L’un des points beaucoup évoqués pendant et avant la signature de cet accord concerne justement ces mesures de défense instaurées par le Rwanda. Alors que le gouvernement congolais les considère comme une présence de troupes rwandaises sur son sol, Kigali affirme qu’il s’agit uniquement de dispositifs destinés à sécuriser ses frontières.
Au sujet de la durée de ces mesures, le ministre Nduhungirehe a fait savoir : « Je vous invite à relire le document Conops (Concept des opérations) adopté lors des discussions de Luanda le 31 octobre 2024. Ce document précise clairement que l’éradication du groupe FDLR est la condition qui permettra de lever nos mesures de défense. L’accord que nous avons signé à Washington ne dit rien de différent. »
Il a précisé que l’accord de Washington stipule que la levée de ces mesures dépendra de la neutralisation des FDLR et qu’il revient aux deux parties de définir ensemble les moyens appropriés pour le démanteler.
Par ailleurs, Nduhungirehe a de nouveau exclu toute possibilité de dialogue avec les FDLR : « Je le répète : les FDLR doivent être éradiqués. C’est un groupe responsable du génocide qui a tué plus d’un million de personnes dans notre pays. Ce groupe est soutenu par le gouvernement congolais et même intégré aux forces armées de la RDC (FARDC). »
« Nous ne sommes pas les seuls à le dire, les organisations internationales, y compris l’Organisation des Nations unies, l’ont également affirmé. C’est l’éradication du FDLR qui permettra de lever nos mesures de défense. »
Concernant la durée des discussions et sur une éventuelle pression américaine sur les deux parties, Olivier Nduhungirehe a indiqué que les discussions à Washington ont duré trois jours complets, avec des échanges précis et détaillés. « De plus, des échanges par courriels avaient déjà eu lieu auparavant. » a-t-il ajouté.
L’accord de Washington comprend également une partie économique, dans laquelle les deux pays se sont engagés à promouvoir des projets générateurs de bénéfices utiles pour les populations.
Interrogé sur la possibilité que des entreprises américaines extraient des minerais en RDC pour les traiter au Rwanda, Nduhungirehe a expliqué :
« Tout d’abord, je tiens à préciser que cet aspect économique, qui n’était pas inclus dans les autres discussions, est une partie très importante de cet accord. Il s’agit notamment de l’intégration régionale et d’un investissement commun qui génèrera des bénéfices issus d’une paix durable. Cela est très important et doit constituer la base pour continuer à consolider la sécurité et le développement dans la région. »
Au sujet du fait que les minerais seraient extraits en RDC puis transformés au Rwanda, il a précisé : « Ce sont des détails qui ne sont pas encore finalisés. Ils seront intégrés dans des accords spécifiques à venir. »

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