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La Directrice exécutive de Digital Africa en visite au Rwanda

Redigé par Tite Gatabazi
Le 3 décembre 2021 à 02:11

L’initiative Digital Africa a vocation à rassembler, au cœur d’une plateforme, les nombreux acteurs de l’écosystème entrepreneurial(les entrepreneurs, les structures d’accompagnement, les investisseurs, le grand public, les grandes entreprises, les universités, les institutions et associations, etc.) dans une dynamique partageant une même vision.

Mettre l’intelligence collective au service du développement de l’entreprenariat et de l’innovation numérique sur le continent africain est voulu par les Chefs d’Etats Kagame, Macky Sall et Macron.

Concrètement, ce sont déjà cent trente-cinq plateformes d’innovation et d’incubateurs sur trente-cinq pays, des réseaux d’entrepreneurs de quarante-deux pays, huit initiatives leaders dans le domaine Tech4good et de nombreux acteurs qui vont continuer de rejoindre Digital Africa.

Le groupe Agence Française de Développement « AFD » a déployé une facilité de 65 millions d’euros pour du financement d’amorçage, de l’accompagnement et de l’assistance technique ainsi que de l’appui aux incubateurs et accélérateurs.

Le journal IGIHE a rencontré la Directrice Exécutive, Stephan- Eloïse Gras en visite au Rwanda.

Elle est d’un abord facile, pédagogue dans ses explications et passionnée quand elle apporte les éclaircissements sur la « tech » Africa.

IGIHE : Vous êtes CEO de Digital Africa, c’est tout ce que nous savons de vous. Pouvez-vous nous permettre de faire plus ample connaissance ? C’est quoi votre parcours ou background !

CEO : Je suis Stephan-Eloise Gras, je suis la directrice exécutive de Digital Africa, qui est une initiative lancée par le Président de la république, Emmanuel Macron en 2018, pour soutenir les entrepreneurs tech africains dans leur capacités à concevoir et passer à l’échelle des innovations au service de l’économie réelle.

Nous représentons a la fois les capacités d’investissement du groupe AFD et tout un tas d’action d’accompagnement pour permettre aux starups africains de devenir des vraies futures licornes.

Au paravent, j’ai un parcours du monde de l’éducation. Je suis également chercheuse et enseignante. J’ai fait une thèse de doctorat sur un algorithme de recommandation qui est utilisé par sportyfive pour faire de la recommandation en ligne.

J’ai travaillé également sur les questions éthiques liées à l’intelligence artificielle dans mes travaux de recherche. Et je travaille sur l’Afrique depuis bientôt dix ans.

J’ai travaillé pour le ministère français des affaires étrangères, j’y avais créé un premier cycle de conférence sur les questions du numérique en Afrique.

J’ai également travaillé pour une starup dans le domaine de l’éducation qui s’appelle « open classroom » que j’ai aidé à se développer sur le continent africain en montant des programmes avec des gouvernements et des employeurs pour permettre aux talents tech africain à trouver un emploi.

Le numérique, la tech et l’Afrique c’est ma passion et c’est mon expertise.

IGIHE : Vous êtes au Rwanda, quel est l’état des lieux du Rwanda techo ecosystem ?

CEO : l’écosystème Rwandais est très intéressant par ce qu’il est en train de grossir. Ca fait plusieurs années qu’il a initié les choses. On sait qu’au Rwanda on trouve des très bonnes universités, il y a beaucoup des talents qui se forment sur place sur les questions d’innovation.

On sait aussi que le gouvernement Rwandais a été assez innovateur en la matière et a poussé la numérisation de son administration et toute la société. Ca nous intéresse particulièrement parce que le Rwanda c’est un pays francophone et anglophone et qui permet d’adresser aussi bien la sous-région de l’Afrique Centrale mais également l’Afrique de l’Est.

Donc, on est très intéressé à l’écosystème Rwandais. En plus, c’est peut pour toutes ces raisons que plusieurs startups ont élu domicile au Rwanda.

C’est pour ça que nous, Digital Africa avons choisi le Rwanda comme point de départ de notre pénétration sur le continent car nous somme une initiative Africaine.

IGIHE : Quels sont les projets de Digital Africa au Rwanda et incidemment dans la sous-région ?

CEO : Pour l’instant nous avons lancé un programme de bourses de formation des jeunes talents aux métiers du numérique dans douze pays Africains dont le Rwanda. Ça fait partie des premiers projets que nous amenons là ciblés sur les talents et la formation.

Nous sommes également en discussion avec plusieurs partenaires sur les sujets des politiques rwandaises favorables à une tech made in Africa.

On sait que le Rwanda est attaché à cette question-là aussi. Nous discutons avec le Ministere de l’ICT pour créer un « policy lab » c’est-à-dire un espace qui permettrait d’expérimenter qu’est-ce que les politiques peuvent faire pour favoriser l’émergence d’une réglementation, de tout un système incitatif pour permettre à l’innovation africaine de se concevoir, de grandir et de passer à l’échelle supérieur.

Et puis nous avons un réseau des partenaires au Rwanda qui justifie notre présence et notre fort intérêt et attrait. Le Rwanda est pour nous très important pour tout le réseau des partenaires qu’on trouve sur place.

Ce matin, j’étais avec l’African Institute of Mathematics and Science “AIMS”. Nous allons signer un accord de partenariat pour déployer avec les actions dans le domaine de la formation des talents tech et permettre aux meilleurs ingénieurs africains qui viennent de toute l’Afrique pour se former chez AIMS.

Nous voulons permettre aux talents de trouver des opportunités dans l’économie numérique et des économies des startups de trouver des emplois.

On sait qu’au Rwanda on trouve des partenaires, des talents, des jeunes biens formés. On trouve des politiques publiques incitatives et intéressées à la question du numérique de comment soutenir l’innovation en Afrique. Et nous commençons à discuter avec des investisseurs.

Vous allez voir qu’on a bientôt toutes les composantes essentiels à l’émergence des belles pouces dans le domaine de la technologie en Afrique.

IGIHE : Vous parlez des investisseurs. Le Président Macron a injecté 130 millions d’euros dans Digital Africa et pourtant il y a d’autres partenaires. Quelle est la part des autres partenaires (union européenne, union africaine) ?

CEO : Les 130 millions qui ont été annoncé par le Président Macron au sommet Afrique France en octobre dernier sont injectés par la France à travers le groupe AFD « Agence Française de Développement » et sa filiale dédiée au secteur privé qui est « PROPARCO ».

Nous nous en approchons actuellement pour faire en sorte que Digital Africa accède à cet argent pour être plus efficace et mieux alloué dans le sens de créer un continuum depuis l’extrême démarrage des projets qu’on appelle l’ultra amorçage jusqu’au moment de la croissance et qu’il commence à bien se porter de l’hyper croissance.

L’engagement de la France à travers les 130 millions d’euros c’est pour soutenir les startups africaines depuis l’ultra amorçage (genèse de la bonne idée qui émerge jusqu’au moment où elle commence à créer de l’emploi)

Digital Africa, nous représentons ce segment de démarrage. Pour ce faire, nous allons déployer des programmes de financement comme des programmes d’accompagnement sur les compétences, surtout ce dont peut avoir besoin un entrepreneur pour initier et garantir le développement de son entreprise.

Ce n’est pas tout d’avoir la bonne idée, ensuite il faut avoir tous les bons outils pour pouvoir survivre jusqu’au passage à l’échelle supérieur. Donc Digital Africa met en place des programmes non financiers tout comme des programmes financiers.

Nous avons déployé par exemple avec PROPARCO l’année dernière le fonds Bridge qui est un crédit-relais qui permet de patienter entre deux levées de fonds.

Vous savez que l’accès au financement est le nerf de la guerre dans n’importe quel projet entrepreneurial, c’est important aussi de pouvoir avoir des relais quand vous ne pouvez parvenir à ce qu’on appelle le deuxième levée de fonds, par ce que vous avez des difficultés à faire vos chiffres, par ce que le marché se contracte, par ce qu’il y a une pandémie ou par ce que vous d’autres difficultés.

Nous, pendant la pandémie de covid 19, avons décidé de lancer ce fonds Bridge avec PROPARCO. C’est un des exemples de ce que nous avons déjà fait.

Il n’y a pas que les 130 millions. La France avait déjà mis 65 millions d’euros depuis l’initiative du lancement de Digital Africa au service des startups et de la tech Africa.

Nous avons des financements de la part des partenaires Allemands et européens. Notamment le programme financé par l’union européenne sur les liens entre les hubs d’innovation africains et européens.

Nous avons également cofinancé ce programme de bourses avec la GIZ, la coopération allemande. Mais l’union européenne, la Banque Africaine de Développement ont également d’autres programmes de financement pour soutenir le développement de l’entreprenariat en Afrique. Il y a le programme « boustafrica » par exemple.

PROPARCO a un programme qui représente 6.5 milliards d’euros d’investissements qui concerne tout l’entreprenariat africain.

Nous, Digital Africa, représentons la partie technologique et startup dans le secteur de l’innovation.

IGIHE : Avez des demandes des pays environnants, la Tanzanie, le Kenya, la République Démocratique Du Congo ?

CEO : Nous sommes un programme panafricain par essence. Notre cible, notre mission, c’est d’être au service des entrepreneurs de la tech.

Et ces entrepreneurs viennent du Ghana, de la Tanzanie, du Kenya, du Rwanda, du Sénégal, du Maroc, de Tunisie ou d’Afrique du Sud.

Et nous sommes attachés à répondre à leurs demandes ou qu’ils soient. C’est pour ça que nous avons misé nous-même sur la technologie pour pouvoir développer cet approche africaine et utiliser la technologie notamment data pour pouvoir mieux comprendre les besoins des entreprises ou qu’ils soient et leur proposer des solutions à leur problématiques que ce soit en matière de financement, de compétence d’accès à de la data et avoir un environnement propice au développement de leur projet.

Et donc c’est par cette approche data que nous pouvons aujourd’hui avoir cette « footprint » panafricaine et s’intéresser à répondre aussi bien à un entrepreneur qui se trouve en RDC qu’au Rwanda, au Ghana, ou en Tunisie voire en Afrique du Sud.

Aujourd’hui nous avons également des bureaux sur le continent pour avoir une emprunte locale par le biais de nos collaborateurs.

Nous nous apprêtons à lancer un appel à candidature pour avoir des partenaires locaux intéressés à soutenir la mission de Digital Africa.

Et exprimer le point de vue de l’écosystème local, remonter les besoins de tous les entrepreneurs connus, identifier les bons projets et même les bons partenaires.

IGIHE : Est-ce que Digital Africa a surmonté la crise de gouvernance qui a vu partir Mr Sy, le Franco-Malien. Quelle leçon en avez-vous tiré ?

CEO : « il ne faut pas gâcher les bonnes crises » comme disait Churchill. Effectivement c’était un moment difficile pour l’organisation, pour les personnes au sein de l’organisation, pour tout le monde.

Nous avons appris beaucoup de choses. Ce qu’il faut véritablement rester focaliser le plus possible sur l’impact. C’est les opérations réelles, concrets.

Ce qu’on amène aux gens et ce qu’on est capable de leur proposer comme solution qui doit rester sans arrêt l’horizon et la ligne du projet qui s’attache à soutenir des entrepreneurs depuis le stage de l’amorçage.

Nous avons nous même vécu une crise un peu comme les entrepreneurs c’est-à-dire quand on monte un projet, on traverse des moments plus ou moins heureux, des moments plus ou moins faciles et des moments de solitude qui sont des moments de traversée désert.

Nous avons appris qu’il faut absolument rester panafricain, car l’enjeu de Digital Africa est de pouvoir réellement construire « support système » aux entrepreneurs.

Le deuxième enjeu c’est de renforcer la capacité d’accès aux financements de manière transparente et la plus ouverte possible.

Il faut permettre aux financements qui sont possibles dans l’aide publique au développement et ce qu’un Etat peut mettre à disposition au titre de la coopération.

Sur ces sujets-là, nous avons appris à être encore plus exigeants en matière de normes mais aussi en matière d’efficacité et d’impact.

D’être aussi disponible comme lors de la crise covid ou il fallait répondre immédiatement aux besoins et aux difficultés.

Toutes ces leçons-là, nous permettent aujourd’hui de regarder plus loin et comment réunir des personnes qui étaient jusque-là concernés par cette organisation.

Les investisseurs, le monde de la recherche, le monde académique, Un écosystème d’innovation permet à une entreprise de faire émerger une technologie au service de l’économie réelle qui va avoir un vrai impact sur le citoyen, pour l’enfant qui a besoin d’avoir accès des ressources pédagogiques pour se former.

La personne qui a besoin de soins en matière de santé. Il faut une diversité de profil et faire collaborer des gens aux profils très différents.

Les entrepreneurs qui ont les bonnes idées, les investisseurs, des chercheurs, parce que la valeur d’une innovation vient aussi de sa capacité à être réplicable. Il faut également des réseaux de soutien aux entrepreneurs comme les incubateurs, les accélérateurs, et les représentants des politiques publiques.
O, pense chez Digital Africa que chacune de ces cinq profils a toute sa place à la fois dans notre organisation mais également dans nos programme pour apporter des solutions aux entrepreneurs sur le continent.

IGIHE : Qu’est-ce que vous pensez que je n’ai pas demandé que vous auriez envie de dire ?

CEO : C’est une bonne question, merci. C’est rare.

Une question qui me parait intéressante c’est peut-être de revenir au pourquoi. C’est quoi le but du but. De ces organisations et pays qui peuvent mettre en place des structures.

Au moment où on regarde l’avenir différemment, car on a vécu une pandémie covid 19 qui a accéléré la transition numérique, qui nous a projeté dans un monde dans lequel on n’était pas encore clair et prêt à aller.

Je crois qu’il faut se rappeler que c’est l’Afrique qui va nous montrer la voie. Ce qui se passe en Afrique aujourd’hui ce n’est pas du demain mais c’est notre horizon à tous pour aujourd’hui et pour demain.

Elle est intarissable quand elle évoque la tech au service du développement en Afrique. Faute de temps et compte tenu de son agenda chargé, on n’a pas épuisé ce vaste sujet.

Mais elle a promis de revenir.

Le Rwanda meilleur hub tech en Afrique. Entretien exclusif avec la Directrice Exécutive de Digital Africa

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