La face cachée du carnage de Goma

Redigé par Tite Gatabazi
Le 27 septembre 2023 à 05:48

Le carnage de Goma offre un aperçu des tensions politiques et des rivalités dans le Nord Kivu et l’Ituri en RDC. La situation sécuritaire dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri en République démocratique du Congo (RDC) a suscité de vifs débats, critiques et inquiétudes.

Le carnage survenu à Goma le 30 août 2023 s’inscrit dans ce contexte particulièrement tumultueux. Depuis près de deux ans, ces provinces sont en état de siège, une mesure qui, bien qu’initiée pour rétablir la sécurité et la stabilité, semble avoir eu des conséquences indésirables.

Au lieu d’apaiser la situation, cet état de siège a malheureusement aggravé le climat sécuritaire, créant un paradoxe inquiétant. L’un des points cruciaux à noter est que l’état de siège a entraîné une redistribution du pouvoir, mettant en évidence les tensions entre différents groupes.

Les civils appartenant au groupe Nande du Nord Kivu, dont font partie Muhindo Nzangi, Julien Paluku et Mbussa Nyamwissi, actuels ministres sous la présidence de Tshisekedi, ont été marginalisés dans la gestion de la province, perdant ainsi de leur influence.

Parallèlement, une vive rivalité s’est installée entre ceux favorables au maintien de l’état de siège et ceux qui demandent sa levée. Les groupes armés, tels que les Wazalendo et les Mai-Mai, sont manipulés par ces acteurs politiques à des fins divergentes, ajoutant une dimension complexe à la situation.

Une autre facette intrigante réside dans la secte mystico-religieuse, encouragée en sous-main, qui avait prévu de manifester contre la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) et les forces de l’East African Community (EAC).

Cependant, le Lieutenant Général Constant Ndima, gouverneur militaire et fervent défenseur de l’état de siège, s’y est opposé, considérant que cela affaiblirait le pouvoir militaire au profit de ses rivaux.

Pour réprimer la manifestation, il a ordonné une répression brutale, avec des tirs contre les adeptes à 3 heures du matin. L’absence d’images ou de vidéos à cette heure soulève des questions sur les événements réels et les parties impliquées.

Le rôle du Colonel Mike Mikombe, commandant de la garde républicaine, qui a désarmé les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) de la 34e région militaire, suscite également des controverses.

Il semble détenir des informations importantes qu’il refuse de divulguer. Les questions demeurent : qui a ordonné le déploiement de la garde républicaine en ces lieux et le désarmement des FARDC, et dans quel but ?

La chronologie des événements reste floue et confuse, et les déclarations contradictoires ne font qu’accroître la confusion.

Lors de son témoignage devant la cour militaire à Goma, le Colonel Mike Mikombe a pointé du doigt la responsabilité du Lieutenant Général Constant Ndima en tant que premier responsable provincial et a suggéré qu’il devrait également témoigner.

Cependant, l’éventualité d’un tel témoignage suscite des craintes quant aux révélations potentielles, exacerbant ainsi les tensions déjà existantes.

Le carnage de Goma met en évidence les défis complexes auxquels la RDC est confrontée, révélant une série de paradoxes et de rivalités alimentées par des intérêts financiers au sein du gouvernement et de l’appareil sécuritaire.

Il est essentiel d’explorer les enjeux de pouvoir, les ambitions personnelles et la manipulation des groupes armés pour comprendre la vérité dans ce contexte complexe.

En fin de compte, ce tragique événement pourrait mettre en lumière les divisions profondes au sein du pouvoir congolais.


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