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La région des grands lacs : crises, guerres et falsifications de l’Occident

Redigé par Tite Gatabazi
Le 20 août 2024 à 10:23

Et si on commençait par les paroles prophétiques d’Alexandre Soljenitsyne, dans son livre "Le moment est venu de dire ce que j’ai vu", Philippe de Villiers rapporte ces paroles prophétiques que lui confia un jour Soljenitsyne :

« Vous, en Europe, vous êtes dans une éclipse de l’intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide. Le système occidental va vers son état ultime d’épuisement spirituel : le juridisme sans âme, l’humanisme rationaliste, l’abolition de la vie intérieure... Toutes vos élites ont perdu le sens des valeurs supérieures. Elles ont oublié que le premier droit de l’homme, c’est le droit de ne pas encombrer son âme avec des futilités… »

Il est là le modèle que nous propose l’occident depuis la décennie 1990 : un épuisement spirituel, un juridisme sans âme et la perte des valeurs.

Les crises qui bordent la région des grands lacs interagissent à plusieurs échelles : locale, nationale, régionale et internationale avec des dynamiques parfois contradictoires. Face à cette fragmentation croissante, on aurait pu s’attendre à une approche commune qui intégrerait la dimension régionale. C’est mal connaitre les conflits d’intérêts. Qu’on se le dise, ces crises sont largement le fruit de facteurs endogènes et cette main de plus en plus visible de l’occident.

La région des Grands Lacs en Afrique est un épicentre de crises politiques et humanitaires caractérisées par une série de guerres sur fond de mauvaise gouvernance en RDC et au Burundi, de falsifications historiques, de manipulations politiques, des persécutions des Tutsi congolais et de la chasse au trésors.

Depuis le génocide perpetré contre les Tutsi au Rwanda en 1994, la région a été déstabilisée par des forces telles que les ex-FAR et les Interahamwe qui ont nouées des alliances locales et se sont transformées en FDLR. Ces groupes maintiennent une idéologie de haine et de violence, non seulement contre le Rwanda mais aussi en République Démocratique du Congo (RDC).

La perpétuation de ces crises a été porter a son paroxysme par des falsifications historiques et une manipulation politique, où les efforts de résolution des conflits sont souvent présentés de manière à servir les intérêts des acteurs plus puissants plutôt que de s’attaquer aux véritables causes des crises.

Après une brève période d’euphorie illusoire suite à l’effondrement de l’URSS, le monde a connu un nombre croissant de turbulences.

La guerre actuelle à l’Est RDC fait douter de la capacité d’analyse des acteurs en présence. Le fait que l’occident soit éloignés de la région des grands lacs a des racines plus profondes que les évidentes carences des dirigeants mondiaux.

Les occidentaux ont développé des intérêts et des priorités contradictoires dans la région des grands lacs. A supposer qu’il existât des valeurs communes, elles ont de plus en plus divergé. Il y a eu de considérables changements dont un grand nombre sont dus aux erreurs historiques, diplomatiques de la politique extérieure en occident.

Leurs conséquences font que les politiques actuelles ne sont pas seulement insoutenables, elles sont aussi contreproductives.

En 1990, la réorganisation géostratégique, marquée par la fin de la rivalité “ Est et l’Ouest” la guerre froide, laissait espérer une nouvelle ère de paix, de stabilité politique et de prospérité économique.

Pourtant, en Afrique, cette période a plutôt été synonyme d’une recrudescence et d’une extension des conflits, entraînant une intensification des interventions des nations unies dans la recherche de solutions. Pour faire face à ces défis, les organisations, qu’elles soient globales, régionales ou sous-régionales, ont élaboré des stratégies spécifiques axées sur la résolution des conflits en Afrique.

Elles ont ainsi mis en place une architecture de paix et de sécurité dont la « mise en œuvre » repose sur des principes clés de légalité, ou plus précisément de licéité, et de légitimité internationale . Les raisons expliquant la lenteur agaçante avec laquelle cette question a été abordée jusqu’à présent sont bien connues.

L’occident connait des déboires dans la région dont elle est amplement responsable. Les erreurs diplomatiques sont clairement identifiées, de leur volonté d’imposer une démocratie vieillissante, de leur incompréhension ou sous-estimation des dynamiques internes ou de leur soutien aveugle à Tshisekedi. Difficile pour eux d’approcher les réajustements qui s’y constatent ainsi que les perspectives de rétablissement de la stabilité régionale.

Dans ce tourbillon de tourments si vastes et si profonds,
Il devient ardu de s’exprimer en bref ou avec espoir au fond.

La vie, tel un tableau, s’assombrit et perd ses couleurs,
Chaque pinceau de destinée trempe dans des larmes et des douleurs.

La région des grands lacs est un théâtre de crises et de guerres dont les origines et l’histoire sont délibérément falsifiées. Ceux qui se présentent comme apporteurs de solutions créent en réalité d’autres problèmes ou aggravent la situation. Les solutions proposées sont souvent sournoises, favorisant l’intérêt de ceux qui les proposent plutôt que de s’attaquer aux véritables causes des crises. Ainsi, on ajoute des couches de complications sans rendre justice aux victimes des crises récurrentes, et on évite délibérément de confronter les responsables.

Depuis 1994, les ex-FAR et les Interahamwe, aujourd’hui convertis en FDLR, conservent la même idéologie et férocité, tristement célèbres au Rwanda et en RDC, jusqu’aux Nations Unies. Les mensonges persistants sous prétexte de résoudre les difficultés, tout en les entretenant, perpétuent les crises pour masquer une gestion négligente et délibérée. Les coups d’épée dans l’eau servent des intérêts cachés et un agenda politique dissimulé.

Le Rwanda a toujours maintenu que privilégier des intérêts externes ne le concerne pas et qu’il ne peut les entraver. Il est essentiel de comprendre que servir ses propres intérêts ne doit pas se faire au détriment des droits d’autrui.

En occident, la rhétorique du bouc émissaire est utilisée pour détourner l’attention des causes réelles des crises en RDC et des responsabilités. A Kigali on n’est pas dupe.

Dans ce contexte de tête de Turc le négationnisme est entretenu par certaines puissances, tentant de mettre sur un pied d’égalité victimes et bourreaux du génocide contre les tutsi. Les faux débats sur les chiffres des victimes émergent chaque fois que la période de commémoration débute. Quels intérêts et motivations cela sert-il ?

Concernant les tutsi congolais persécutés et les 130 000 réfugiés présents au Rwanda, le flux constant de réfugiés démontre la gravité de la situation. La réinstallation sporadique de quelques individus ne résout pas le problème ; un retour sur leurs terres est l’unique solution viable et non le déracinement. Cependant, les autorités en RDC déclarent ouvertement qu’elles ne dialogueront jamais avec ces congolais.

Enfin, l’utilisation de la force militaire par la RDC pour résoudre un problème politique est inefficace. La vraie question demeure : pourquoi des militaires rwandais seraient-ils présents en RDC ? En explorant les causes profondes, on réalise que le Rwanda n’est pas à l’origine des conflits, mais cette réalité est souvent omise car elle implique des responsabilités zairoises, puis congolaises et étrangères dont les ramifications sont en Occident.

Les approches militaires adoptées par Tshisekedi pour résoudre des problèmes fondamentalement politiques et sociaux ont échoué.

Ces échecs sont symptomatiques d’une volonté de maintenir le statu quo ou de manipuler la situation à des fins politiques.

Il y est encouragé par certains milieux occidentaux, lui qui croit encore au mythe de la toute-puissance occidentale. Le centre de gravite a basculé, il suffit d’ouvrir les yeux.


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