La vie à Bukavu après la prise de la ville par le M23

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 20 février 2025 à 01:51

La ville de Bukavu, en République démocratique du Congo, reprend lentement vie alors que les habitants, autrefois en proie à l’insécurité, retrouvent un sentiment de stabilité sous le contrôle des rebelles.

Lors d’une récente visite d’IGIHE dans la capitale de la province du Sud-Kivu, les habitants ont déploré que les forces congolaises (FARDC) les aient abandonnés au moins deux jours avant l’arrivée des rebelles du M23.

Certains des soldats restés dans la ville ont été accusés de piller la population avant d’abandonner leurs armes et de fuir face à l’avancée des combattants.

Les armes abandonnées sont tombées entre les mains d’éléments incontrôlés et de bandes criminelles, qui ont ensuite commencé à terroriser les habitants et les commerçants.

« Chauffeur de taxi à Bukavu, je n’ai pas pu travailler pendant deux jours. Les forces gouvernementales nous ont abandonnés, laissant les rues aux bandes armées qui semaient la terreur. », a déclaré Rodrigue Nestor.

Les combattants du M23 patrouillent désormais régulièrement dans la ville, certains étant stationnés à des endroits stratégiques pour maintenir l’ordre. Malgré la fermeture des écoles et des banques, quelques commerces de Bukavu restent ouvertes.

« Maintenant, la situation est bien meilleure. Nous ne vivons plus dans la peur et nous ne rencontrons plus les mêmes problèmes », a fait remarquer Bishimwa Abdul.

Le bureau du gouverneur du Sud-Kivu est désert, des jours après la prise de contrôle de la ville par le M23. Le bureau du procureur, portes ouvertes et dossiers éparpillés, témoigne lui aussi un départ apparement précipité.

Plus bas dans la rue, la prison locale raconte une histoire plus dramatique. Plus de 2 500 détenus se sont évadés, transformant l’établissement en une scène de chaos. Les habitants ont décrit cela comme quelque chose tout droit sorti d’un film, avec des prisonniers et des pillards opportunistes saccageant tout ce qu’ils pouvaient. L’état déplorable de la prison laisse entrevoir les dures conditions que les détenus ont endurées derrière ses murs.

Le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka, a cherché à rassurer les habitants, déclarant que malgré le désordre qu’ils ont constaté en entrant dans la ville, le groupe s’est engagé à protéger les civils, y compris contre les criminels qui se sont enfuis de la prison.

« Quand nous sommes arrivés à Bukavu, nous avons trouvé l’enfer, un cauchemar. On aurait dit un film d’horreur. Les gens étaient bouleversés, leurs maisons pillées et détruites. Mais maintenant, depuis que nous sommes arrivés, les gens sont contents que nous soyons là. En entrant dans la ville, les gens ont applaudi, soulagés par notre présence. »

Citant la persécution de la minorité des Rwandophones congolais dans l’est du Congo, qui ont subi des décennies de marginalisation et ont été contraints de chercher refuge dans les pays voisins tels que l’Ouganda et le Rwanda, Kanyuka a déclaré : « Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et regarder notre peuple se faire détruire et tuer par le gouvernement de la RDC, qui est censé protéger nos compatriotes des criminels des FARDC et de leurs forces alliées. »

Kanyuka a également exhorté tous les soldats congolais encore cachés à se rendre, promettant que le M23, qui resserre maintenant son emprise sur Bukavu, Goma et plusieurs autres villes stratégiques de l’est du Congo, faciliterait leur réintégration dans le service militaire ou la vie civile.

Il a réitéré la nécessité pour le gouvernement congolais de mettre fin aux atrocités commises contre les Rwandophones congolais, alors que divers groupes continuent d’appeler au dialogue pour mettre fin au conflit dans la région troublée de l’Est.

Pendant ce temps, plus de 500 ressortissants congolais qui avaient fui au Rwanda au plus fort des troubles ont commencé à rentrer chez eux par la frontière de Rusizi. Beaucoup de ceux à qui nous avons parlé ont exprimé leur soulagement, affirmant qu’ils ont decidé de rentrer à cause de la stabilité et l’espoir que la vie à Bukavu commençait à se normaliser.

« Nous sommes heureux que la frontière soit ouverte et que nous puissions rentrer chez nous pour retrouver nos proches », a déclaré Mama Sifa.

Alors que le soleil se couche sur la ville, un sentiment d’optimisme prudent persiste. De nombreux habitants gardent l’espoir de jours meilleurs.

La ville de Bukavu, en République démocratique du Congo, reprend lentement vie.
les habitants, autrefois en proie à l'insécurité, retrouvent un sentiment de stabilité sous le contrôle des rebelles
Les combattants du M23 patrouillent désormais régulièrement dans la ville
Le bureau du gouverneur du Sud-Kivu est désert
le bureau du procureur est à l'abandon
Les dossiers et Les documents sont éparpillés sur le sol, preuve d'un départ précipité
Plus de 2 500 détenus se sont évadés, transformant l'établissement en une scène de chaos.
La prison locale raconte une histoire plus dramatique

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