Des véhicules officiels ont été aperçus ces derniers jours dans les rues de la commune de Makamba, diffusant à plein volume des chansons de campagne et des slogans en faveur du parti au pouvoir. Parmi les messages les plus marquants, on entendait un extrait au ton martial d’un discours du secrétaire général du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo, appelant à une vigilance quasi-militaire face à de prétendus ennemis de la nation :
« Construisons en étant prudents, les ennemis sont furieux. Qu’une main prenne le micro, l’autre une arme ; jeunesse, pendant que vous mangez, dormez et étudiez, ne pensez pas que le pays est un gâteau qu’on donne à l’enfant qui pleure – il faut se battre pour lui ! »
Diffusée en boucle dans les espaces publics, cette rhétorique guerrière a suscité un profond malaise au sein de la population, beaucoup y voyant une forme d’intimidation à peine voilée, contribuant à instaurer un climat de peur à l’approche des élections.
« Ces messages cherchent clairement à intimider. Ils instaurent un climat de peur et de suspicion, où toute voix dissidente est perçue comme une menace pour la nation », a confié un habitant du quartier Nyaburumba, sous couvert d’anonymat.
Au-delà de la rhétorique menaçante, ce sont les méthodes de mobilisation du parti au pouvoir qui suscitent le plus de consternation. Selon plusieurs sources locales, des élèves des écoles fondamentales de Musasa et Kinoso ont récemment été retirés de leurs salles de classe pour être acheminés vers un rassemblement politique organisé sur la colline de Nyabigina. Certains ont été contraints de danser, tandis que d’autres servaient simplement à remplir les rangs et donner l’illusion d’une forte affluence.
« Ces enfants devraient être en classe pour apprendre, pas servir de figurants dans une mise en scène politique. C’est une instrumentalisation inacceptable du système éducatif », déplore un enseignant de la commune.
Par ailleurs, plusieurs commerçants du marché central de Makamba ont également vu leurs étals fermés sur ordre d’un responsable local, les contraignant à participer à un meeting du CNDD-FDD. Une décision aux conséquences économiques immédiates :
« Nous vivons de nos ventes au jour le jour. Nous obliger à abandonner nos activités pour assister à un rassemblement politique, c’est mettre notre survie en péril », a deploré un vendeur.
Ces événements témoignent d’un climat de plus en plus tendu, dans lequel les libertés fondamentales — comme le droit de travailler, de se réunir librement ou de refuser de participer à des activités politiques — sont mises de côté au profit des intérêts du parti au pouvoir.
La coalition d’opposition dénommé ’Burundi Bwa Bose’ dénonce ce qu’elle qualifie de " démocratie de façade ", pointant l’utilisation abusive des ressources publiques au profit du CNDD-FDD.
« Lorsque l’administration se transforme en outil de propagande et que les citoyens sont mobilisés sous la contrainte, on ne peut plus parler d’élections libres et équitables », affirme un responsable de la coalition.
Le Burundi, dont les élections passées ont souvent été marquées par des violences et des accusations de répression, semble retomber dans une logique autoritaire, où soutenir le parti au pouvoir devient presque une obligation.

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