Au fil des années, les chemins des deux hommes se sont séparés : le colonel Makanika a choisi une carrière militaire, tandis que le Dr Mugabe s’est orienté vers le milieu académique. Chacun faisant des progrès notables dans son domaine.
Lorsque le Dr Mugabe a appris la mort récente du colonel Makanika, il a été profondément attristé, ayant conservé une amitié fidèle avec lui malgré leurs trajectoires de vie distinctes.
Dans une interview accordée à IGIHE, le Dr Mugabe est revenu sur la disparition du colonel Makanika et a livré une analyse approfondie de la violence persistante et des persécutions subies par les Tutsi dans l’est de la RDC.
Il a aussi exprimé ses préoccupations concernant l’incapacité de la communauté internationale à tirer des enseignements de l’histoire du Rwanda et a mis en garde contre les conséquences d’un éventuel retrait du groupe rebelle M23.
Le Dr Mugabe a décrit le colonel Makanika comme un homme de grande détermination et d’intégrité. Leur amitié remonte à leur enfance, lorsqu’ils ont grandi comme voisins dans le territoire de Fizi, après le déménagement de la famille de Makanika depuis Uvira.

Leurs liens ont perduré depuis l’âge de 12 ans jusqu’à leurs vingt-cinq ans. En 1995, Makanika a rejoint l’armée congolaise tandis que Mugabe a poursuivi ses études supérieures. Ceci-dit, ils sont restés proches au fil des années. Selon le Dr Mugabe, le colonel Makanika était un leader audacieux et inébranlable dans sa lutte contre l’injustice.
Malgré son rang élevée au sein de l’armée congolaise, il a choisi de démissionner pour rejoindre son peuple dans leur combat pour la survie. Après avoir été poursuivi par les forces gouvernementales depuis un certain temps, il a été ciblé et tué chez lui.
Le Dr Mugabe a une fois de plus souligné la détermination et l’intégrité du colonel Makanika, qui a consacré sa vie à défendre les siens.
Le Dr Mugabe a précisé que le mouvement "Twirwaneho" était actif bien avant 2017, contrairement à l’idée répandue selon laquelle il serait apparu durant cette période. Il a vu le jour en tant qu’initiative de défense populaire, en réponse aux massacres perpétrés contre les Banyamulenge dans les collines de Mulenge et Minembwe.

Face à l’intensification des attaques, Twirwaneho s’est progressivement structuré pour devenir un groupe armé organisé. Le colonel Makanika y a adhéré en 2020, renforçant considérablement le mouvement, tout en attirant des soldats désabusés de l’armée congolaise, qui ne pouvaient plus supporter la persécution de leurs familles par le gouvernement.
Le Dr Mugabe exprime sa conviction que les inquiétudes relatives à un génocide imminent contre les Tutsi en RDC sont fondées. Il a souligné que des meurtres de masse ont déjà eu lieu, les victimes étant ciblées uniquement en raison de leur appartenance ethnique.
Le Dr Mugabe a comparé la situation actuelle à celle des premiers signes du génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda, citant des éléments tels que les déplacements forcés, les saisies de terres et la complicité du gouvernement congolais dans les violences. Il a également mis en évidence la présence de discours de haine, notamment la rhétorique incitative à la violence de certains responsables, qui exacerbe les divisions ethniques et déshumanise les victimes.
L’idéologie génocidaire a également trouvé un écho au Burundi, où des Tutsi, ainsi que ceux perçus comme tels, ont été emprisonnés simplement en raison de leur appartenance ethnique. Le Dr Mugabe a mis en garde contre la propagation de ces idéologies au-delà des frontières, soulignant leur risque à se propager d’un pays à un autre.
Il a aussi déploré l’inaction de la communauté internationale, qui, selon lui, n’a pas tiré les leçons du passé. Bien que le génocide contre les Tutsi en 1994 soit désormais un événement vieux de 30 ans, les grandes puissances mondiales et les organisations internationales ferment les yeux sur les signes alarmants en RDC. Plutôt que d’aborder les causes profondes du conflit, le Dr Mugabe a critiqué leur tendance à se contenter de déclarations superficielles et à éviter des actions concrètes pour démanteler les idéologies génocidaires.

Le Dr Mugabe a averti que le retrait des rebelles du M23 exposerait encore davantage les communautés Tutsi, soulignant que le groupe est souvent présenté comme une extension d’un agenda Tutsi visant à dominer la région, une narrative largement véhiculée par les dirigeants politiques et certains médias. Selon lui, si le M23 se retire, les civils Tutsi deviendraient des cibles vulnérables, et les massacres ethniques risqueraient de se multiplier à un niveau catastrophique.
Le Dr. a également critiqué l’inaction de la communauté internationale face à l’absence de pression sur le gouvernement congolais pour entamer des négociations de paix. Il a attribué cette réticence aux intérêts des grandes puissances qui privilégient leurs liens économiques et politiques avec la RDC, au détriment de la protection des civils innocents.
Il a mis en lumière les stratégies du président Félix Tshisekedi pour déformer la réalité du conflit aux yeux de la communauté internationale, orientant les perceptions de manière à servir les objectifs politiques de son gouvernement.
Mugabe a questionné le refus du gouvernement congolais de s’engager dans des négociations de paix : « Si quelqu’un rejette le dialogue, cela témoigne clairement d’une absence de volonté de résoudre le conflit de manière pacifique. Pourquoi redouter les négociations de paix ? » a-t-il souligné.
Le Dr Mugabe a également insisté sur le fait que, tant que les causes profondes de la violence ne seront pas abordées, la crise perdurera.
Il a appelé les dirigeants mondiaux à adopter des mesures proactives pour favoriser la coexistence pacifique, plutôt que de permettre aux conflits de perdurer, générant ainsi haine et souffrance de génération en génération. Il a averti que, sans actions concrètes de la part de la communauté internationale, l’histoire risque de se répéter, avec des conséquences dévastatrices pour toute la région.

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