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Le ministre Nduhungirehe fustige le déni d’Alexis Gisaro sur les massacres des Congolais tutsis

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 12 mars 2025 à 05:52

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, l’ambassadeur Olivier Nduhungirehe, a réagi aux déclarations d’Alexis Gisaro Muvunyi, de la République Démocratique du Congo, en affirmant que nier les massacres des Congolais tutsis témoigne soit d’un manque d’informations dû à l’absence sur les lieux où ces massacres ont lieu, soit d’une complicité avec les extrémistes, auteurs des atrocités.

Gisaro, né à Kinshasa et ministre des Infrastructures et des Travaux publics depuis avril 2021, est également issu d’une famille banyamulenge de la province du Sud-Kivu.

Lors d’une conférence de presse tenue le 11 mars 2025, le ministre Gisaro a affirmé que les allégations selon lesquelles les Banyamulenge et les Tutsis en général étaient victimes de massacres en RDC constituaient une propagande diffusée par le Rwanda.

Cependant, ces propos vont à l’encontre de plusieurs rapports qui documentent que les Congolais tutsis sont fréquemment victimes de violences verbales, d’attaques physiques et même de massacres, souvent perpétrés de manière inhumaines.

Ces déclarations interviennent alors que l’armée congolaise, soutenue par des groupes armés alliés, poursuit ses offensives contre les Banyamulenge dans les montagnes de Minembwe, ce qui a conduit à la formation du groupe armé dénommé ’Twirwaneho’, qui s’est donné pour mission, assurer leur protection.

Le ministre Nduhungirehe a affirmé qu’il aurait pu croire aux propos de Gisaro si ce dernier les avait tenus étant présent sur les lieux des faits, à Minembwe, où l’armée congolaise a récemment effectué des frappes de drones.

« J’aurais était convaincu que le ministre Alexis Gisaro dit vrai s’il avait prononcé ces mots dans les montagnes de Minembwe, au Sud-Kivu, à proximité des sites visés par les frappes de drones des FARDC », a-t-il déclaré."

Olivier Nduhungirehe a également souligné que les propos de Gisaro avaient été tenus depuis Kinshasa, dans un cadre informel, en présence de Justin Bitakwira, député et membre du parti au pouvoir UDPS, reconnu pour ses positions extrémistes.

Il a rappelé que le député Bitakwira figure parmi les extrémistes les plus notoires de la RDC. En 2023, il avait publiquement attaqué les Tutsis, les qualifiant de criminels et suggérant que leur créateur pourrait être le même que celui de "Satan".

Ce discours avait été prononcé dans une église pentecôtiste de la CEPAC, située dans le territoire d’Uvira, le 24 décembre 2023.

« Si tu vois un Tutsi, c’est un criminel. Lorsqu’il est faible, il peut se cacher sous ton lit pendant six mois. Quand il retrouve des forces, il peut te dire qu’il ne t’a jamais vu, alors qu’il était caché sous ton lit tout ce temps. Je me demande si celui qui les a créés n’est pas le même qui a créé Satan. Je n’ai jamais vu une ethnie aussi mauvaise », avait déclaré Bitakwira.

Le ministre Gisaro a à plusieurs reprises critiqué le Rwanda tout en niant les massacres perpétrés contre les Congolais tutsis. Il s’est particulièrement impliqué dans cette campagne de déni depuis la détérioration des relations entre le Rwanda et la RDC au début de l’année 2022.

En février 2023, les Banyamulenge, regroupés au sein de l’organisation Mahoro Peace Foundation (MPA), lui ont adressé une lettre ouverte, lui demandant de cesser de minimiser la gravité des massacres perpétrés à Minembwe et dans d’autres régions en niant leur existence.

Gisaro, également issu d’une famille banyamulenge de la province du Sud-Kivu, nie les crimes perpétrés contre la communauté dont il est originaire
Olivier Nduhungirehe considère que les déclarations d’Alexis Gisaro Muvunyi relèvent d’une complicité avec les extrémistes auteurs des atrocités

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