L’Est du pays, notamment les zones affectées par les violences sur la route de Goma, a fait l’objet d’une couverture médiatique soutenue et d’un discours victimaire constant, reléguant au second plan les horreurs qui se déroulent à l’ouest, dans les provinces de Maï-Ndombe, Kwango, Kwilu, la commune de Maluku à Kinshasa et, ponctuellement, le Kongo Central.
Entre juin 2022 et juin 2025, cette région a connu des déplacements massifs de population, touchant environ 280 000 individus, et un bilan humain effroyable dépassant 5 000 morts, victimes d’exactions d’une brutalité indicible.
La milice « Mobondo », initialement confinée au territoire de Kwamouth, a étendu son emprise à cinq provinces, semant la terreur et exacerbant la vulnérabilité des populations. Or, si la mort de quelques dizaines de personnes sur la route de Goma parvient à capter l’attention nationale et internationale, reléguant aux oubliettes les massacres de l’ouest où des centaines d’êtres humains ont été égorgés, brûlés vifs ou précipités dans des fosses communes, alors la responsabilité de l’État congolais devient patente et insoutenable.
Cette sélection médiatique révèle un système de communication conçu pour créer des écrans de fumée et détourner l’opinion publique de la réalité quotidienne des victimes, au détriment d’une approche humanitaire et sécuritaire homogène.
Cependant, la réalité, implacable, rattrape les autorités dans leur fuite en avant. Les massacres et la désolation de l’ouest ne peuvent être éternellement occultés par des discours victimaire sélectifs ou par des jérémiades répétitives devenues inaudibles.
L’opinion, les communautés locales et la scène internationale finissent par percevoir la duplicité de cette communication et la partialité de l’attention portée aux drames humains se traduit par une perte de crédibilité et un questionnement croissant sur la légitimité et l’efficacité de l’État à protéger l’ensemble de sa population.
La stratégie consistant à privilégier l’émotion au détriment de la réalité s’avère ainsi non seulement moralement condamnable mais politiquement dangereuse. Elle révèle une incapacité à affronter les véritables enjeux sécuritaires et humanitaires, substituant aux réponses concrètes des simulacres de mobilisation et des gesticulations symboliques.
L’instrumentalisation médiatique, doublée d’un discours victimaire désormais inaudible, ne parvient qu’à masquer temporairement les échecs et à retarder l’inévitable confrontation avec la vérité des chiffres et des récits des survivants.
En définitive, la RDC se trouve confronté à un paradoxe tragique : la tentative de canaliser l’attention et de fabriquer un consensus émotionnel est dépassée par la cruauté des faits. Le silence imposé sur l’ouest, la partialité des interventions et l’instrumentalisation des drames de l’Est ne sauraient suffire à effacer les massacres qui continuent de s’y dérouler.
L’État congolais est désormais sommé de rétablir une vérité territoriale et humaine intégrale, sous peine de voir son autorité, sa légitimité et son crédit s’éroder irrémédiablement aux yeux de sa population et de la communauté internationale.














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