Les déserteurs face à leurs juges en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 14 mars 2025 à 01:23

La Haute Cour Militaire, siégeant en la ville de Kinshasa, a ordonné le renvoi au 20 mars prochain du procès impliquant cinq officiers généraux issus des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et de la Police Nationale Congolaise (PNC). L’ouverture des audiences, ce jeudi 13 mars, s’est déroulée dans l’enceinte même de cette éminente juridiction militaire.

Le premier président de la Haute Cour a motivé cette décision par la nécessité d’octroyer aux conseils des prévenus un délai suffisant afin qu’ils puissent prendre pleinement connaissance des pièces du dossier et affûter les moyens de défense de leurs clients. Cette première séance a essentiellement consisté en l’identification des accusés et la lecture des charges retenues à leur encontre.

Ces hauts gradés se voient reprocher des faits d’une gravité extrême, notamment la situation qui prévaut dans les zones de Goma et Bukavu met en lumière des actes d’une gravité sans appel : la désertion face à l’ennemi, l’abandon impardonnable des combattants blessés sur le champ de bataille, la dilapidation inconsidérée du matériel militaire et la dissémination incontrôlée des armes et munitions. Plus encore, l’incitation à l’indiscipline et la violation flagrante des directives opérationnelles entachent l’honneur des troupes et compromettent dangereusement l’efficacité des forces armées.

Une telle débâcle, loin d’être une simple défaillance tactique, s’apparente à une faillite structurelle où la désorganisation côtoie l’abandon du sens du devoir, exposant ainsi la nation à des périls incommensurables.

Toutefois, ceux qui sont aujourd’hui pointés du doigt n’hésiteront pas à invoquer les errements du haut commandement pour justifier ce qui pourrait être perçu comme une lâcheté. Ils dénonceront sans détour l’incohérence criante des ordres contradictoires, l’avidité de leurs supérieurs plus enclins à s’adonner aux compromissions lucratives qu’à assumer leurs responsabilités stratégiques, et l’hydre de la corruption qui gangrène l’institution militaire jusque dans ses fondements. Entre les détournements éhontés des soldes, le manque abyssal d’équipements essentiels et l’insoutenable pénurie de vivres, ils peindront un tableau où l’absurde le dispute au tragique, où l’abandon des subalternes n’est que le reflet du mépris dont ils sont eux-mêmes victimes, précipitant ainsi une armée en pleine déliquescence vers une déroute inexorable.

Parmi les prévenus figurent deux hauts responsables de la Police Nationale Congolaise, dont le vice-gouverneur de la province du Nord-Kivu, également commissaire provincial de la police, ainsi que trois officiers supérieurs des FARDC, à savoir le commandant de la région militaire et ses deux principaux adjoints.

General Sylvain Ekenge, porte parole des FARDC

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