Les erreurs stratégiques du président Ndayishimiye

Redigé par IGIHE
Le 17 février 2025 à 09:04

Alors que le conflit à l’est de la République Démocratique du Congo s’intensifie, les rebelles du M23 ont récemment pris le contrôle de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, peu de temps après avoir conquis Goma dans le Nord Kivu le 27 janvier 2025. Le président burundais Evariste Ndayishimiye, qui n’a visiblement pas respecté les accords militaires qu’il avait signés avec Félix Tshisekedi, continue de perdre de nombreux soldats dans cette guerre dévastatrice.

Ancien président de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), Ndayishimiye a trahi les chefs d’Etat de cette organisation lorsqu’ils ont convenu en 2022 d’envoyer une force militaire (EACRF) à l’est de la RDC pour superviser l’application de l’accord de cessez-le-feu et établir une zone sans combats, qui devait ouvrir la voie à des négociations pour une solution politique durable visant à mettre fin à la guerre.

En août 2023, Ndayishimiye a conclu un accord secret avec Tshisekedi, engageant l’envoi de plus de 12 000 soldats burundais dans le Kivu du Nord pour lutter contre le groupe armé M23.

Tshisekedi aurait octroyé deux millions de dollars à Ndayishimiye en compensation, qui a suscité la colère des officiers de son armée lorsqu’ils ont découvert que ce dernier cherchait avant tout à servir ses intérêts personnels.

Le gouvernement de Kinshasa aurait également attribué 5 000 dollars à chaque soldat burundais engagé contre le M23, mais cet argent a été entièrement détourné par Ndayishimiye, les soldats percevant le même salaire qu’avant leur déploiement à l’est de la RDC.

Tshisekedi a expulsé l’EACRF après que cette dernière ait refusé de suivre sa demande d’attaquer le M23, une opération qui ne faisait pas partie de sa mission initiale.

Il a ensuite sollicité l’intervention des forces de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC), qui se sont engagées à éliminer ce groupe armé en coopération avec l’armée congolaise, les troupes burundaises, les mercenaires européens, les combattants Wazalendo et les génocidaires des FDLR.

Malgré les efforts d’alliance des forces congolaises et le soutien financier considérable dont elles bénéficiaient, elles semblent avoir échoué à remporter la guerre.Environ 300 mercenaires se sont rendus, tandis que des milliers de soldats Wazalendo et congolais ont fui vers le Rwanda ou se sont réfugiés dans le camp des Casques bleus de la MONUSCO.

Les forces de la SADC, coincées à Goma et encerclées par les rebelles du M23, n’ont visiblement eu d’autre choix que de se retirer dans leurs pays d’origine. Lors du sommet extraordinaire des chefs d’État de l’EAC et de la SADC, tenu le 8 février dernier, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a annoncé que le retrait des troupes de la SADC se ferait dès que les décisions prises lors de cette réunion seraient mises en œuvre.

Le président du Malawi Lazarus Chakwera a ordonné à ses troupes de se retirer de la mission de la SADC à l’est de la RDC après la mort de 20 soldats, dont 14 Sud-Africains et trois Malawites, lors de la prise de Goma par le M23. Le Burundi, de son côté, a renforcé sa présence militaire dans le Sud-Kivu pour tenter d’empêcher le M23 de prendre Bukavu, mais en vain, les rebelles ayant annoncé la prise de la ville le 16 février 2025.

L’année dernière, des centaines de soldats burundais ont perdu la vie dans le Kivu du Nord, exacerbant les tensions politiques et militaires au Burundi, tandis que les autorités tentaient de dissimuler l’ampleur de la situation.

La décision unilatérale de Ndayishimiye d’envoyer des troupes à l’est de la RDC a été largement influencée par une idéologie anti-Tutsi qu’il partage avec Tshisekedi et les FDLR. Divers rapports d’ONG et d’organisations de défense des droits de l’homme confirment que les troupes burundaises, les Wazalendo, l’armée congolaise et les FDLR ont été impliquées dans des massacres de Tutsis congolais dans les provinces du Nord et du Sud Kivu.

Lorsque Ndayishimiye a envoyé des soldats burundais pour soutenir Tshisekedi dans la persécution de ses propres citoyens, il pensait qu’il pourrait facilement repousser le M23, sans réaliser que ces rebelles luttaient pour revendiquer leur droit à vivre dignement dans leur propre pays.

Ndayishimiye a déployé 19 bataillons à l’est de la RDC, mais n’a pas réussi à stopper les ambitions de Tshisekedi de faire reculer les positions du M23. En revanche, ces troupes ont été responsables de la mort de nombreux Banyamulenge dans le Sud-Kivu après leur défaite dans le Nord-Kivu. En collaboration avec les FDLR, elles ont incendié des maisons de Tutsis congolais, tué leur bétail et pillé leurs biens.

Selon les analystes, le président du Burundi devrait reconsidérer sa stratégie et retirer ses troupes de la RDC, les accords militaires avec Tshisekedi n’ayant pas produit les résultats attendus. Un nombre important de soldats burundais a déjà perdu la vie, et la situation socio-économique du pays se dégrade, La fermeture de ses frontières avec le Rwanda aggravant davantage la situation.

Les dirigeants de l’EAC et de la SADC ont clairement souligné que la résolution des conflits dans l’est de la RDC ne pourra être atteinte que par un dialogue politique, insistant sur la nécessité de privilégier une solution diplomatique plutôt que l’escalade militaire.

Le président Ndayishimiye accumule visiblement plus en plus d'échecs à la suite de ses accords avec Tshisekedi.

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