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Les justes distingués par Unity-Club

Redigé par Jean Jill Mazuru
Le 30 octobre 2023 à 01:20

L’association "Unity Club-Intwararumuri", fondée en 1996 par la Première dame du Rwanda, "Unity Club " et son initiatrice, Madame Jeannette Kagame, a honoré sept individus pour leurs actions héroïques durant le génocide perpétré contre les Tutsis du Rwanda en 1994, generalement dénomés,"les justes", depuis l’holocauste.

Lors du 16ème congrès de l’association, qui rassemble des leaders du gouvernement et leurs conjoints dans le but de "Promouvoir une culture d’unité et de paix, piliers d’un développement durable", ces sept personnalités ont été reconnues en tant que "Justes" ou "Abarinzi b’Igihango" en langue nationale.

A noter que parmi ces sept "Justes", quatre sont des étrangers.

La cérémonie celebrant ces individus hors du commun, a été marquée par la présence de dignitaires tels que le Premier ministre, Dr Edouard Ngirente, ou le Ministre des Affaires Étrangères, Dr Vincent Biruta, et a aussi coïncidé avec la quatrième retraite du « Unity Club-Intwararumuri ».

La premiere dame, dans son allocution, a rappelé l’importance de reconnaître et de célébrer ces "Justes" pour leurs efforts exceptionnels en faveur de l’unité nationale et la paix. Elle a souligné l’engagement continu de "Unity Club" à collaborer pour renforcer l’identité et l’unité rwandaises.

Parmi les"Justes" distingués figurent Mukamunana Nyirambonera Judith, qui a sauvé et élevé des orphelins ; Mpirwa Azarie, figure emblématique de la résistance contre la barbarie durant le génocide ; Marie Jeanne Noppen, défenseuresse des Tutsis menacés ; Père Pierre Simons, protecteur d’orphelins ; Frère Pierre Le Floc’h, éducateur et sauveur de Tutsis ; et Mohamood Noordin Thobani, qui a honoré la mémoire des victimes.

Récapitulons sur ces héros ayant fait leur entrée dans le cercles très fermé des gardiens de la paix et l’unité nationale, salués par le gotha de la politique nationale.

Mukamunana Nyirambonera Judith

Pendant le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda en 1994, la "Juste" Mukamunana Nyirambonera Judith du district Rulindo a recueilli des enfants orphelins dont les parents avaient été tués.

Elle a décidé de les protéger et de les élever.

Mukamunana Nyirambonera Judith a entrepris avec eux un long voyage depuis Rulindo en direction de l’actuelle République Démocratique du Congo, à l’époque Zaïre.

Après avoir appris que les Interahamwe (milice genocidaire) présents au Congo avaient l’intention de tuer ces enfants, Mukamunana les a de nouveau mis à l’abri en les ramenant au Rwanda.

Après le génocide contre les Tutsi, certains des enfants qu’elle avait protégés n’ont pas retrouvé de familles pour les accueillir. Elle a continué de les élever malgré ses maigres moyens, et jusqu’à aujourd’hui, ils ont tous grandi.

Mpirwa Azarie

Mpirwa Azarie, un homme aujourd’hui disparu était originaire de l’actuel district de Nyanza, c’est aussi l’une des figures emblématiques de bravoure pendant le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda en 1994. Malgré sa position en tant que conseiller, il a choisi de se démarquer du pouvoir en place à cette époque et de ses massacres.

Mpirwa a courageusement aiguillonné ses administrés à ne pas participer au massacre. Il les a exhortés à s’unir et à résister contre les tueurs. Grâce à son leadership, le soir du 20 avril, ils ont défendu un homme nommé Kazashoboka, repoussant une attaque contre lui.

Après le meurtre de sa femme, Mpirwa a tenté de s’échapper vers Butare.

Cependant, peu après avoir atteint Karubanda, il a été capturé, emmené à Gikongoro où malheureusement il a croisé la route des Interahamwe qui l’ont tué.

Cet homme héroïque a laissé derrière lui deux garçons. C’est l’un d’entre eux qui a reçu le prix du pater en son honneur ( en bas sur la photo).

Marie Jeanne Noppen

Marie Jeanne Noppen est une « Juste » née en 1921. Elle était originaire d’une famille de missionnaires. Elle est arrivée au Rwanda en 1952, appelée par Mgr Aloys Bigirumwami.

Une fois au Rwanda, elle a dirigé une école secondaire pour filles à Muramba dans le diocèse de Nyundo de 1952 à 1967.

En 1967, elle a quitté Muramba pour Nyundo où elle a créé une école pour les jeunes filles axée sur les sciences, le Lycée Notre-Dame d’Afrique de Nyundo.

Elle en a été la directrice jusqu’à sa retraite en 1987.

Entre 1959 et 1960, elle a fait face à des actes d’intimidation, notamment contre ses étudiants Tutsi à Muramba, lorsque ces derniers étaient menacés de mort par les membres du parti Parmehutu.

Après les avoir sauvés, elle a aidé ces étudiants à retrouver leurs familles où elles s’étaient réfugiées.

En 1973, lorsque les Tutsi étaient expulsés des écoles et du travail, elle a résisté aux tentatives d’expulser les Tutsi du Lycée Notre-Dame d’Afrique de Nyundo, quand bien même cela faisait partie des directives de la politique gouvernementale.

Pour ceux qui étaient sérieusement menacés, elle les a aidés à fuir, certains allant à Goma et d’autres au Burundi.

Entre 1990 et 1994, Marie Jeanne Noppen a défendu les Tutsis qui étaient emprisonnés et accusés à tort d’être des complices des guérilleros du FPR - Inkotanyi.
En raison de la persécution qu’elle a subie pour ses multiples sauvetages et son action défenderesse des persécutés en 1994, Marie Jeanne Noppen est retournée dans sa Belgique natale.

Cependant, elle est revenue au Rwanda en 1995, mais a dû repartir peu après en raison de problèmes de santé. Elle est décédée en 2007 et a été inhumée en Belgique.

Abbé Pierre Simons

Père Pierre Simons est un Belge né à Liège en 1941.

Le 15 juillet 1969, après avoir reçu le sacrement de l’ordination sacerdotale deux mois plus tôt, il a été envoyé en mission au Rwanda comme prêtre offert par le diocèse de Liège à celui de Butare.

Avant le génocide perpétré contre les Tutsis, le Père Simons s’est consacré à la vie des orphelins sans abri de la région de Nyanza, fondant en 1971 un orphelinat nommé « Home Don Bosco » puis un autre appelé « Icyotamakara ».

Pendant le génocide contre les Tutsi, il a refusé d’abandonner les enfants qu’il protégeait pour se réfugier à l’ambassade de Belgique, même lorsque les soldats belges étaient tués.

Il est resté fidèle aux enfants qu’il protégeait et en a même accueilli d’autres qui ont cherché refuge auprès de lui, les protégeant tous.

Le Père Pierre Simons a été attaqué, dépouillé de ses biens et de son argent, mais cela ne l’a pas dissuadé de protéger les Tutsis qui s’étaient réfugiés auprès de lui.

En juillet 1994, cet homme et les enfants qu’il protégeait ont été évacués par le FPR (Front Patriotique Rwandais) vers la region de Bugesera, où ils sont restés jusqu’à la fin du génocide, avant de retourner à Nyanza.
Après le génocide, il n’a jamais quitté le Rwanda et a continué à s’occuper des orphelins à Nyanza, jusqu’au 20 juillet 2020 où il est décédé à Icyotamakara.

Pierre Le Floc’h

Frère Pierre Le Floc’h est un Français né en 1938. Il est arrivé au Rwanda en 1990 pour aider une institution à Huye qui éduquait les enfants souffrant de troubles de la parole et de l’audition.
Avant le génocide contre les Tutsi, il enseignait aux enseignants la langue des signes et collaborait dans l’éducation des enfants selon leurs capacités.

Pendant le génocide, bien qu’il aurait pu être évacué en tant qu’étranger, Frère Pierre Le Floc’h a refusé d’abandonner les 32 Tutsi qu’il hébergeait.

Au lieu de cela, il les a évacués vers le Burundi, certains se sont rendus à Bangui en République centrafricaine, tandis que d’autres se sont rendus à Brazzaville.

En 1995, tous ceux qu’il avait évacués ont été ramenés au Rwanda et ont commencé à travailler à Ngoma, continuant d’enseigner aux enfants avec des handicaps.

En 2001, il est parti à la retraite en France, mais il continuait de visiter le Rwanda pour suivre et former les enseignants. Il est décédé en 2019 en France.

Mohamood Noordin Thobani

Mohamood Noordin Thobani est né en Ouganda en 1945. Parmi ses nombreuses actions notables, il a accordé une grande valeur à la dignité humaine, en particulier aux Tutsis tués lors du génocide de 1994.

Il a honoré la mémoire de près de 10 000 victimes dont les corps ont été trouvés dans différents cours d’eau menant dans la rivière Akagera, se déversant dans le lac Victoria.
Il a érigé trois mémoriaux des victimes innocentes du génocide anti-Tutsi en Ouganda, dans les districts de Mpingi et Masaka.

Il continue de rendre hommage à ces mémoriaux et finance également leur entretien.

En 2018, alors que le Rwanda commémorait le génocide perpétré contre les Tutsis, Mohamood Noordin Thobani a fait un don de 50 vaches aux survivants du génocide de Rukumberi, situé dans en district de Nyanza.

Bien que cet homme soit toujours en vie, il n’était pas présent à la cérémonie pour recevoir les honneurs qui lui sont dus.

Mutabazi Ally

Né en 1960 dans ce qui était autrefois la commune de Kigarama, aujourd’hui située en district Ngoma, secteur Remera.

Depuis 1990, il a aidé environ 100 Tutsis qui étaient en danger de mort à fuir vers la Tanzanie. Tous ceux qu’il a aidés affirment qu’il ne leur a demandé aucune contrepartie.

Il encourageait toujours ses voisins à ne pas se diviser ni en fonction de leur appartenances ethniques, ni de leurs affiliations politiques, et à continuer de promouvoir l’unité et la coopération pour le développement, même s’ils appartenaient à courants différents.

Parmi ceux qu’il a aidés à fuir, certains, en collaboration avec Azaria, ont rejoint d’autres jeunes pour combattre et libérer le pays, jouant ainsi un rôle dans le sauvetage d’autres vies.

Les autorités de l’ancienne commune de Kigarama ont découvert ses actions et ont planifié de le tuer. Il s’est alors réfugié en Tanzanie.

Lorsque le génocide a commencé, il est revenu dans le pays, continuant de protéger ceux qui étaient la cible des tueurs, tout en les aidant également à se cacher.

Lors des audiences des tribunaux populaires Gacaca, il a fourni des informations sur ceux qui avaient participé au génocide dans la région où il vivait. Suite à cela, il a été menacé de mort et s’est réfugié dans une caserne militaire pendant trois mois.

En reconnaissance de ses bienfaits en 2017, les habitants de sa circonscription et ceux qu’il avait sauvés ont collecté de l’argent pour lui permettre d’effectuer le pèlerinage à La Mecque, un rituel sacré pour les musulmans.


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