Les illusions brisées d’une diplomatie impulsive en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 14 mars 2025 à 01:06

Dans l’ombre mouvante des chancelleries, où se nouent et se dénouent les desseins des nations, la République démocratique du Congo avance, tel un navire balloté par les flots incertains de la diplomatie.

À grand fracas et au son des clairons, une délégation pléthorique s’était élancée vers Washington, bardée de certitudes, persuadée que le firmament des relations internationales s’ouvrirait à ses appels. Mais hélas ! Les vents impitoyables de la realpolitik, indifférents aux emballements et aux proclamations triomphales, ont soufflé d’un revers cinglant l’édifice fragile de leurs espoirs.

L’entrevue espérée, vantée à grand renfort de publicité et parée des atours d’une victoire avant l’heure, s’est évanouie comme un mirage sous un soleil de plomb. L’audience tant convoitée avec les maîtres de Washington, ces architectes impassibles des équilibres stratégiques, s’est muée en un silence accablant, un revers cuisant que l’on voudrait effacer d’un trait de plume. La désillusion, telle une onde glaciale, s’est abattue sur ceux qui, hier encore, se drapaient dans l’illusion de leur omnipotence.

Mais à Kinshasa, l’orgueil blessé ne saurait plier sans lutter. L’heure n’est point à la résignation, mais à une contre-offensive feutrée, où l’on espère que la venue prochaine d’un parlementaire américain, porteur d’une oreille plus clémente, sera l’occasion d’un rachat diplomatique. Une ultime tentative pour plier le destin à la faveur des intérêts congolais, pour arracher à l’intransigeance des grandes puissances une lueur d’indulgence.

Car telle est la malédiction des États qui vacillent entre grandeur et errance, entre l’élan exalté et l’improvisation hasardeuse : ils voguent au gré des émotions, s’en remettant aux convulsions de l’instant, là où il faudrait la froideur de la prévoyance et la rigueur de l’anticipation.

Ainsi se joue, dans les alcôves feutrées du pouvoir, un énième acte de ce théâtre où l’impétuosité le dispute à la fatalité. Et dans cette arène où le verbe se fait glaive et le silence un couperet, Kinshasa espère, encore et toujours, infléchir le cours d’un destin qui, pour l’heure, semble lui échapper.

Kayikwamba Wagner, ministre des affaires étrangères de la RDC

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