Nduhungirehe appelle à une action internationale urgente contre la persécution ethnique en RDC

Redigé par IGIHE
Le 26 février 2025 à 07:53

Lors de la réunion de haut niveau du Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève, ce 26 février 2025, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Olivier Nduhungirehe, a appelé à une action internationale urgente pour mettre fin à la persécution ethnique en République Démocratique du Congo.

« Le Rwanda est prêt à soutenir le travail de ce Conseil pour promouvoir et garantir le respect universel des droits de l’homme, à condition qu’ils soient respectés sans double standard », a déclaré Nduhungirehe.

Le ministre a exprimé sa préoccupation face à la résurgence de l’extrémisme ethnique violent et de l’idéologie génocidaire dans la région des Grands Lacs.

« Les communautés continuent d’être persécutées en raison de leur identité, de leur apparence ou même de la langue qu’elles parlent, rappelant de manière inquiétante les horreurs du génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda », a-t-il déclaré.

Nduhungirehe a dénoncé un schéma inquiétant de violence ciblant les communautés tutsies en RDC. « Dans l’est du pays, les discours de haine, la persécution, les lynchages et même les actes de cannibalisme à l’encontre des Tutsi congolais sont devenus terriblement fréquents », a-t-il averti, détaillant des crimes contre l’humanité soutenus par le gouvernement, notamment au Sud-Kivu, où les communautés tutsies, appelées Banyamulenge, sont violemment attaquées.

« Au Sud-Kivu, les communautés tutsies connues sous le nom de Banyamulenge sont bombardées à Minembwe par les forces gouvernementales et subissent des persécutions sans précédent dans différentes villes comme Uvira », a-t-il déclaré.

Le ministre Nduhungirehe a également révélé qu’à Bujumbura, au Burundi, les Tutsi sont « rassemblés comme par le passé et emmenés vers des destinations inconnues ».

« À Kinshasa, les Tutsi congolais et même les locuteurs du swahili sont persécutés et lynchés en plein jour. À Ituri, dans le nord, loin de la frontière du Rwanda, le groupe ethnique Hema est massacré par la milice CODECO, alliée au gouvernement congolais et aux ADF soutenus par l’État islamique, en toute impunité », a-t-il ajouté.

Olivier Nduhungirehe a critiqué des personnalités politiques telles que Justin Bitakwira, proche allié du président Félix Tshisekedi, qui a publiquement affirmé que chaque Tutsi est un criminel né et a remis en question si le Dieu qui a créé les Tutsi était le même que celui qui a créé les Congolais.

Il a également rappelé une rhétorique similaire de 1998, lorsque l’ex-vice-président de la RDC, Abdoulaye Yerodia, avait déshumanisé les Tutsi en les qualifiant de « vermines et de microbes devant être éradiqués méthodiquement ».

Nduhungirehe a fermement condamné les récentes déclarations incendiaires du ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Wagner, qui, le 28 janvier 2025, avait averti le Conseil de sécurité de l’ONU qu’en l’absence d’intervention, « les rues s’en occuperaient ».

« En effet, après son discours, les rues s’en sont occupées. Le ciblage, les meurtres et les lynchages de Tutsi dans l’Est de la RDC, ainsi qu’à Kinshasa, se sont intensifiés », a-t-il expliqué.

Le ministre a décrit la destruction du village de Nturo au Nord-Kivu comme un exemple choquant de violence soutenue par l’État.

« Cette horreur me rappelle le village de Nturo, dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, où, en octobre 2023, 300 maisons appartenant à des Tutsi congolais ont été incendiées par des milices gouvernementales en plein jour, sous les yeux des forces burundaises », a-t-il déclaré.

Nduhungirehe a également cité un rapport des Nations Unies, indiquant qu’au dernier trimestre de 2024, plus de 30 % des violations des droits de l’homme commises dans les zones de conflit provenaient des forces de sécurité de la RDC.

« Selon la Déclaration universelle des droits de l’homme, tous les droits sont égaux. Pourtant, un double standard est évident dans le traitement des communautés tutsies en RDC. Comment ce Conseil peut-il rester silencieux face à une telle injustice ? » a-t-il affirmé.

Nduhungirehe a exhorté le Conseil à agir de manière décisive. « Face à cette situation préoccupante, le Rwanda appelle le Conseil des droits de l’homme à prendre des mesures immédiates et décisives pour mettre fin à ces persécutions. La souffrance de ces populations ne peut plus être tolérée ; la politique ethnique n’a pas sa place dans notre région. »

Le ministre des Affaires étrangères a insisté sur l’importance d’une enquête impartiale menée par la mission d’établissement des faits récemment mise en place pour examiner la situation en RDC.

« Nous espérons que la mission d’établissement des faits récemment créée sur la RDC mènera des enquêtes impartiales sur ces abus basées sur des faits, actuellement politisés par le gouvernement de la RDC avec le soutien de pays et d’organisations ayant des intérêts dans la région », a-t-il ajouté.

Olivier Nduhungirehe a conclu en appelant à des solutions durables pour résoudre le conflit. « Une paix durable dans notre région passe par la prise en compte des causes profondes du conflit. Il est impératif que tous les citoyens de la RDC bénéficient pleinement des droits humains et des protections qui leur sont dus », a-t-il affirmé.

Les Tutsi congolais réclamant justice pour leur droit à la vie
En marge de la réunion du Conseil des droits de l'homme à Genève, le ministre Nduhungirehe a rencontré le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme

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