Selon les dernières données du Bureau du Procureur Général du Rwanda, plus de 1 100 personnes sont encore recherchées pour leur rôle dans le génocide perpétré contre les Tutsi. Parmi elles, d’anciens hommes d’affaires, leaders et étudiants réfugiés à l’étranger continuent de transmettre la haine et l’idéologie du génocide à leurs enfants.
Le négationnisme est particulièrement alimenté par les descendants de personnes directement ou indirectement impliquées dans le génocide contre les Tutsi, tels que les membres de Jambo ASL, ainsi que par certains intellectuels et journalistes, dont Filip Reyntjens, Pierre Péan, Robin Philpot, Bernard Lugan, Serge Desouter, Madeleine Raffin, Luc De Temmermann, Peter Erlinder, Peter Verlinden, Judi Rever ou encore Charles Onana.
La réunion d’IBUKA-Europe, qui s’est tenue les 1er et 2 novembre 2025, a permis d’aborder les défis liés à la lutte contre l’idéologie du génocide, l’accès à la justice, l’éducation des jeunes sur l’histoire du pays et les moyens de contrer la désinformation. IBUKA dispose aujourd’hui de branches en Belgique, Suisse, France, Pays-Bas, Italie, Allemagne, Suède, Danemark et Finlande.
Dans un entretien avec IGIHE, Honorine Mujyambere, présidente d’IBUKA en Italie et coordinatrice d’IBUKA-Europe, a expliqué que l’organisation concentre ses efforts sur les jeunes, via des conférences et des témoignages pour transmettre la vérité sur le génocide contre les Tutsi.
« Nous continuons à renforcer nos efforts pour combattre le négationnisme, à collaborer davantage et à élargir nos activités. L’utilisation de la technologie nous permet de toucher un large public et de contrer ceux qui nient ou déforment le génocide contre les Tutsi », a-t-elle déclaré.
Elle a souligné que la jeunesse constitue « la force de l’avenir » et qu’il est crucial de l’éduquer sur l’histoire pour qu’elle puisse affronter les négationnistes présents sur les réseaux sociaux. Selon elle, « le seul moyen efficace d’éliminer l’idéologie du génocide chez les jeunes, en particulier ceux issus de familles de génocidaires, est de leur montrer les crimes commis par leurs parents et la gravité de ces actes ».
« Partout où IBUKA est présent, nous encourageons depuis longtemps les jeunes à participer aux commémorations du génocide. Ces initiatives sont déjà en cours et portent leurs fruits », a-t-elle ajouté.
IBUKA intervient également dans les écoles et universités. « Grâce à nos conférences, nous avons désormais des étudiants qui rédigent leurs mémoires sur le génocide contre les Tutsi et viennent chercher des informations auprès de nous », précise Mujyambere.
Mujyambere a par ailleurs indiqué que, outre les campagnes de sensibilisation, ils travaillent avec les écoles pour transmettre l’histoire du génocide, certaines ayant déjà mis en place ces cours.
Une Europe encore peu engagée
Malgré ces efforts, le continent européen peine à traduire en justice les auteurs du génocide. En 2015, un tribunal britannique a refusé de renvoyer cinq Rwandais – Vincent Bajinya, Célestin Ugirashebuja, Charles Munyaneza, Emmanuel Nteziryayo et Célestin Mutabaruka – au Rwanda, estimant qu’ils ne pourraient y recevoir une justice équitable.
Honorine Mujyambere a souligné que l’un des principaux défis dans la lutte contre le négationnisme du génocide est le manque de volonté politique.
« Certains pays européens croient à tort que le Rwanda ne garantit pas les droits de l’homme, ce qui les rend hésitants à renvoyer des suspects. Bien que le suivi de certaines affaires soit insuffisant dans certains cas, nous resterons déterminés à continuer notre lutte », a-t-elle expliqué.
Elle a cependant noté des avancées, comme en France, qui a récemment confirmé la condamnation de Munyemana Sosthène à 24 ans de prison pour son rôle dans le génocide contre les Tutsi.
Le président d’IBUKA au Rwanda, le Dr Philbert Gakwenzire, a rappelé que « l’idéologie du génocide reste un problème sérieux en Europe », mais que l’organisation collabore avec ses branches à l’étranger pour transmettre preuves et informations stockées au Rwanda lorsque nécessaire. « Tous les pays hébergeant encore des suspects devraient renforcer leurs efforts pour qu’ils soient poursuivis et que justice soit rendue aux victimes », a-t-il insisté.
« Bien que les crimes liés au génocide ne se prescrivent pas, les auteurs vieillissent et les victimes aussi. Il est tragique que certaines victimes puissent disparaître sans que justice leur soit rendue », a conclu le Dr Gakwenzire.














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