Assurer la protection des populations civiles, mettre un terme aux attaques indiscriminées ou méthodiquement ciblées, garantir la liberté de mouvement de communautés déjà meurtries par des déplacements forcés : telles sont les fondations minimales d’un ordre humanitaire que toutes les parties au conflit sont supposées respecter, conformément aux principes les plus élémentaires du droit international humanitaire.
Or, dans la rhétorique officielle qui se déploie ces dernières semaines, un hiatus profond s’installe entre la solennité des déclarations et la dure matérialité des faits. Le gouvernement congolais, dans un accès de vertu tardive, appelle à la réouverture de l’aéroport de Goma afin de faciliter l’acheminement de l’aide d’urgence.
Ce plaidoyer manifestement biaisé se trouve d’ailleurs démenti par un communiqué du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), lequel en dévoile les limites intrinsèques.
L’injonction gouvernementale à rouvrir l’aéroport de Goma, présentée comme la clef de voûte d’un prétendu élan humanitariste, apparaît radicalement déconnectée de la topographie réelle du drame : Goma et Fizi sont distants de plus de 441 kilomètres, une séparation géographique telle qu’elle réduit à presque rien la pertinence opérationnelle de cette posture soudainement compatissante.
A ce décalage s’ajoute la discordance entre la gravité du terrain, les Hauts Plateaux de Fizi et Mwenga et les réponses proposées, qui semblent davantage relever d’une mise en scène politique que d’une stratégie de secours authentique.
La réalité, pourtant implacable, est que le gouvernement congolais s’érige simultanément en apôtre de l’urgence humanitaire et en architecte de son obstruction. En affirmant tout et son contraire, il déplace l’attention vers le Nord-Kivu alors même que l’urgence vitale se joue dans les Hauts Plateaux, où les populations demeurent encerclées, vulnérabilisées et privées d’accès aux secours les plus essentiels.
Ainsi se révèle la nature profondément contradictoire d’un discours officiel qui, sous couvert de compassion, persiste à éluder la géographie réelle des souffrances et à entretenir un brouillard narratif destiné à masquer ses propres défaillances.
Faut-il rappeler, avec la froideur des faits, que ce même gouvernement congolais s’est rendu coupable, par ses propres bombardements, de la destruction d’un convoi humanitaire destiné aux Hauts Plateaux de Minembwe ?
Faut-il rappeler encore que c’est l’armée burundaise, elle-même qui, par la voix du général Gaspard Baratuza, a revendiqué le blocus des Hauts Plateaux, utilisant ce terme avec une désarmante franchise militaire ? Cette réalité géopolitique, à rebours des narratifs soigneusement ciselés dans certaines capitales, confère aux larmes versées aujourd’hui un parfum d’inconfortable duplicité.
Dès lors, il convient de s’affranchir de la mise en scène victimaire et des indignations sélectives qui saturent l’espace public. La crise humanitaire des Hauts Plateaux n’est ni un mirage périphérique, ni une abstraction manipulable à l’infini : elle se déploie dans un espace géographiquement isolé, politiquement instrumentalisé et trop souvent présenté à travers un prisme délibérément biaisé.
Les appels solennels à la compassion deviennent profondément suspects lorsqu’ils émanent de ceux-là mêmes qui sabotaient délibérément l’acheminement des secours ou se faisaient les complices tacites de blocus asphyxiants.
Il faut donc cesser de répandre des larmes de crocodile sur le sort des populations de l’Est de la RDC et dénoncer, avec la vigueur requise, la manipulation de l’aide humanitaire qui, sous couvert de moralité, perpétue les logiques de guerre, de contrôle territorial et de domination politique.
La véritable urgence consiste à garantir un accès humanitaire sans entrave, la protection des civils sans distinction, et la sécurité du personnel humanitaire sans calcul diplomatique bref, à restaurer la primauté du droit sur les narratifs et de la compassion authentique sur les postures opportunistes.














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