Pierre-Claver Karenzi, un éminent professeur de physique et figure respectée de la communauté de Butare, avait également été un joueur de football actif, évoluant dans des clubs tels que Mukungwa, et membre de la direction du club Mukura Victory Sports. Le 21 avril 1994, en plein génocide, il a été abattu par des soldats des anciennes Forces Armées Rwandaises (Ex-FAR). Sa femme, Alphonsine Mukamusoni, a été tuée à leur domicile quelques jours plus tard, et leurs trois enfants, ainsi que quatre autres membres de la famille, assassinés le 30 avril 1994.
Le témoin entendu lors de cette audience a révélé connaître Dr Rwamucyo depuis 1992, alors que ce dernier travaillait pour l’Office National de la Population (ONAPO) à Butare. Ce responsable de l’ONAPO a témoigné avoir découvert, sur l’ordinateur du Dr Rwamucyo, une liste de noms, dont celui d’Anastase Kayitare, l’ancien conseiller de la ville de Butare. Il a également fait le lien entre cette liste et un discours entendu à la radio en mai 1994, où le Dr Rwamucyo aurait déclaré : « Nous avons dressé des listes. Ceux qui se cachent, je ne vous promets rien, nous vous trouverons. » Ce discours, selon le témoin, visait clairement la communauté tutsi.
Gasana Ndoba, frère de Pierre-Claver Karenzi et l’un des fondateurs d’un réseau militant pour la justice des victimes du génocide des tutsi réfugiées en Belgique, a également témoigné. Il a évoqué la découverte, en 2002, des corps des enfants de Karenzi dans une fosse commune à Taba, tout en exprimant son désarroi quant à l’emplacement toujours inconnu des corps de son frère et de sa belle-sœur.
Gasana accuse le Dr Rwamucyo de détenir des informations sur l’emplacement de ces corps, une allégation que l’accusé a fermement niée en déclarant ne pas avoir connu Karenzi, ni sa famille. Il a également soutenu qu’il venait d’arriver à Butare en avril 1994, un argument rapidement contesté par Gasana, qui a rappelé que l’Université Nationale du Rwanda, où les deux hommes travaillaient, était une petite institution, et que Karenzi y était une figure bien connue.
Le Dr Eugène Rwamucyo, qui fut médecin à l’hôpital universitaire de Butare et enseignant à l’UNR, est présenté par l’accusation comme un acteur majeur de la diffusion de discours de haine à l’encontre des tutsi à Butare pendant le génocide. Plusieurs témoins ont affirmé qu’il avait donné des instructions pour jeter les corps des victimes tutsi dans des fosses communes, y compris des personnes blessée et encore vivantes. Rwamucyo, pour sa part, affirme que seules les personnes déjà décédées y étaient enterrées.
Gasana a décrit l’accusé comme un homme « rongé par la haine ethnique » et a affirmé que ce dernier était bien au courant des atrocités commises à Butare, l’accusant d’arrogance et de violence.
Les charges retenues contre le Dr Rwamucyo sont lourdes : génocide, complicité de génocide, participation à un plan génocidaire, crimes contre l’humanité et tentative de préparation du génocide. Si l’accusation parvient à prouver ces crimes, il risque la réclusion à perpétuité.
Le procès, qui suit son cours, continue de révéler des détails glaçants sur le rôle présumé du Dr Rwamucyo dans les événements tragiques de 1994 à Butare, où des milliers de Tutsi ont été massacrés. Le verdict final est très attendu par les familles des victimes, dont celles de Pierre-Claver Karenzi et de tant d’autres qui cherchent encore à connaître la vérité sur le sort de leurs proches.
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