Ils n’ont d’autre objectif que d’imputer au Rwanda la misère structurelle des congolais dans leur vaste majorité.

Drôle de façon de se dédouaner.

Le mythe de la balkanisation de la RDC par le Rwanda s’est répandu dans les médias à dater des années 1996.

Il énonce un « projet de partition d’une partie du territoire Congolais au profit du Rwanda ».

Et cette propagande s’en prend à un complot international et cherche à démontrer qu’il se dissimulait derrière la guerre de libération de l’AFDL de Laurent Désiré Kabila.

Et cette théorie du complot gagne de plus en plus de terrain. Et ces croyances produisent des résultats inquiétants.

Car des personnalités politiques et religieuses contribuent à entretenir l’ombre de ce fantasme.

Adolphe Muzito déclare qu’il faut faire la guerre au Rwanda et l’annexer mais en même temps avoue qu’ils n’en ont pas les moyens.

Qu’il faille « restructurer préalablement l’armée » mais déplore simultanément que toutes les institutions sont gangrenées.

Allez y comprendre !

Son compère Fayulu qui doit avoir des lacunes en géographie n’hésite pas a affirmer que le Rwanda veut annexer Minembwe.

Et réalise après coup que Minembwe est très loin de la frontière entre le Congo et le Rwanda.

Le Cardinal Ambongo est venu à Beni dans le Nord Kivu pour parler de la « théorie du grand remplacement ».

Tandis que le très Kabiliste Jean Marie Kassamba voit en la concession de Maluku acquise par le Rwanda au Congo Brazzaville « un poste avancé » de Kagame pour envahir facilement la RDC.

C’était dans une émission chez Christian Bosembe.

On peut en citer à profusion, ces apprentis qui s’adonnent à la falsification de l’histoire.

Mais cette conspiration sert à orienter l’imagination des congolais vers le danger supposé qu’est le Rwanda en les détournant des causes réelles de la misère endémique dans le pays.

Cette manière désinvolte avec laquelle ces propagandistes parviennent à trouver des relations entre des événements déconnectés, sur la base d’analogies et de similitudes douteuses est déconcertante.

Certains y tirent le meilleur parti. Ils passent par une série de différentes fantasmagories afin qu’on s’arrête d’analyser les véritables raisons de la faillite de l’Etat Congolais.

A y regarder de près, ils se fourvoient dans le labyrinthe des biais de raisonnement.

Pour d’autres, c’est un fonds de commerce.

Cette paranoïa voit le Rwanda envahir la RDC tandis que d’autre croient dur comme fer que la misère dont ils souffrent provient du Rwanda.

Et ces obsessions sont partagées par des pauvres gens qui viennent manifester, de manière agressive, devant les ambassades du Rwanda, aux frontières et d’autres sur les réseaux sociaux.

Cette croyance folle que les caprices et volonté de Kagame déterminent le cours de la RDC est une conséquence de la disparition des repères dans ce pays.

Ceci explique un certain nombre de faits qui se produisent actuellement en plus de nombreux autres s’étant produits dans le passé.

La RDC se trouve à la croisée de chemins. Elle devrait, pour se relever, engager urgemment une réflexion de longue haleine sur les maux qui minent le pays et sa population.

Le Président Tshisekedi serait mieux inspiré de revisiter les travaux de la conférence nationale souveraine qui ont posé les bases d’une compréhension des problèmes tout en racontant l’histoire récente du pays.

Le chômage de masse, la pauvreté, la misère, les maladies, la famine que les congolais détestent par-dessus tout sont leur lot quotidien.

Ils sont le résultat de la cupidité de la classe politique dont la perversité est responsable de la paupérisation de la population congolaise.

Depuis la nuit des temps, le complot a toujours existé, cela parait une évidence.

Sa caractéristique principale est qu’il est découvert qu’il réussisse ou qu’il échoue.

Mais il est dangereux comme un poison quand il est propulsé par les leaders d’opinion au sein d’une population affamée.

Ce qui est intéressant ici, c’est plutôt le phénomène récurrent de la rhétorique en RDC qui s’accompagne de la fumeuse existence d’un plan d’annexion.

Ce qui est paradoxal, ce qu’autant la propagande est puissante et séduisante, autant elle est vide.

Pasolini disait : « l’intrigue nous fait délirer parce qu’elle nous libère du fardeau qui nous contraint à devoir affronter la vérité ».