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Rwanda : la déroute de l’Akazu et des négationnistes

Redigé par Tite Gatabazi
Le 23 février 2022 à 05:06

Envisager le droit et la justice comme éléments pacificateurs d’une société s’inscrit dans une longue tradition du droit international humanitaire et le rêve d’une paix dans le monde.

L’impératif de justice au lendemain des crimes graves s’est largement étendu depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

Le 6 avril 1994 à 20h30, deux missiles tirés depuis le camp kanombe tenu par les extrémistes hutus avaient abattus l’avion du président Habyarimana.

C’était l’œuvre macabre de l’akazu. Ce groupuscule qui gravitait dans l’orbite de Mme Agathe Kanziga dont les frères, cousins et alliés avaient phagocyté le régime.

Ils avaient la main mise sur les affaires, ils avaient trempé dans la terreur. Il était impensable pour eux de renoncer à leurs passes droits.

Ils étaient les dirigeants zélés des « interahamwe » qui formaient les sinistres escadrons de la mort. L’akazu comprenait des militaires de haut rang et c’est parmi eux qu’on devrait retrouver les responsables de l’attentat.

Même si ce n’est pas Mme Kanziga en personne, mais son clan.

Aussitôt, on érigea des barrages et les massacres systématiques des tutsis commencèrent. Simultanément, la propagande relaya des messages négationnistes. C’était prévu.

On s’acharna alors à occulter, à masquer la nature des massacres ciblés et en même temps on justifia l’injustifiable.

On évoquait pèle mêle un contexte de guerre civile, les massacres ciblés et systématiques des tutsis étaient présentés, soit comme de l’auto-défense, soit des dégâts collatéraux.

Cette idéologie du négationnisme empruntait des chemins assez subtiles : on y retrouve la fumeuse ‘ « théorie du double génocide », le récit du « génocide provoqué ou spontané » et que sais-je.

Ce mythe du « double génocide » parmi d’autres thèmes du négationnisme n’est que des tentatives de brouillage, de réécriture de la réalité historique.

Mais il servait aussi et surtout à couvrir des responsables en leur faisant gagner du temps. C’est raté !

Un corpus de justifications présent de manière lancinante cherchant à masquer, maladroitement, le rôle mortifère de la propagande extrémiste.

L’objectif étant d’évacuer toute intention voire la planification des massacres systématiques des tutsis.

Il y a eu entre autre la protection et le soutien inconditionnel des sœurs Kizito et Gertrude dites « les sœurs de Sovu » en Belgique.

Et pourtant elles avaient aidés et encouragés les milices. Cette protection et la réponse de l’Eglise aux accusations portés contre ces religieuses posait une fois de plus la question de la position politique de l’église catholique avant, pendant et après le génocide contre les tutsis.

En 2001, elles furent jugé par une cour d’assises en Belgique et reconnus coupables de participation au génocide contre les tutsis.

On le savait, combien les autorités françaises avaient multiplié les obstacles au travail des juges sur les suspects du génocide contre les tutsis en France.

Abbé Munyeshyaka bénéficiera de ce contexte.

Mais dans leur fuite en occident, ils ont poursuivi leur entreprise de falsification de l’histoire.

Et l’activisme politico-judiciaire du juge Bruguière était venu intensifier les passions mortifères des négationnistes.

Ils s’y engouffrèrent comme sur un canot de sauvetage. C’était un mirage !

Ce dernier porta une lourde responsabilité dans l’instrumentalisation de la justice, la tentative de requalification des faits et l’approche ouvertement négationniste auquel son rapport biaisé donna une large audience.

Alors que des enquêtes sérieuses d’ONGs, des journalistes, des historiens et même judicaires ont mis en lumière l’encadrement méthodique des tueries, le ciblage des tutsis et la mise en condition par la propagande de l’ethnisme.

La vérité historique du rapport Duclert, ajoutée à la vérité judiciaire, à la fois la jurisprudence du TPIR et le rapport Trevidic sont venues mettre à nu le discours négationniste.

Le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a permis de décrire, dans le menu détails, la machine génocidaire et ses horreurs.

Du discours d’incitation, des rôles des différents responsables à tous les niveaux, de la propagande à la rhétorique génocidaire. La rapidité associée à la brutalité inhumaine et une organisation méticuleuse. Tout ceci a été décrypté.

Mais aussi le génocide contre les tutsis, ses causes, sa planification, son déroulement, ses acteurs, ses victimes tutsis et les traumatismes subis.

Et ce n’est pas parce que le TPIR n’a pas condamné Bagosora et consorts pour complot ou entente en vue de commettre le génocide que celui-ci n’a pas été planifié, organisé et exécuté méthodiquement. Contrairement à ce que le discours négationniste a tenté vainement d’accréditer.

Rétrospectivement, on peut se souvenir que dans la nuit du 6 avril 1994, le Colonel Bagosora, alors directeur de cabinet au ministère de la défense, instaure et préside « un comité de crise » qui rassemble des officiers supérieurs.

Et en dépit de la présence des casques bleus au domicile de la Première Ministre, les éléments de la garde républicaine attaquent la résidence. Elle sera assassinée au petit matin du 7 avril.

Dans la même matinée du 7 avril, les dix casques bleus belges chargés de la protection de la première ministre sont arrêtés, désarmés et transférés au camp Kigali où ils seront exécutés sauvagement.

Bagosora et sa clique élimineront ainsi les personnalités susceptibles d’entraver leurs desseins.

En lien directe avec Agathe Kanziga, Bagosora s’assure de l’assassinat des personnalités de premier plan : Joseph Kavaruganda, président de la cour constitutionnelle, Frédéric Nzamurambaho, président du Parti Social-Démocrate « PSD » et ministre de l’agriculture, Landoald Ndasingwa, ministre du travail et vice-président du Parti Libéral « PL » et bien d’autres.

Le lendemain 8 avril, Bagosora préside une réunion avec les partis politiques affiliés au MRND pour désigner le « gouvernement intérimaire ».

Et ce gouvernement prêtera serment le 9 avril avec la caution du « comité de crise » et l’ambassade de France.

Beaucoup d’entre eux seront condamnés pat le TPIR pour génocide.

En plus de la jurisprudence du TPIR, il y a le rapport des experts conduit par le juge Trevidic, l’arrêt de la cour de cassation du 15 février 2022 qui met un terme définitif aux spéculations concernant l’attentat du 6 avril 1994.

Mais il y a eu le rapport Duclert et la visite du président Macron le 27 mai 2021.

L’argumentaire adopté par les négationnistes pour contester ou minimiser le génocide contre les tutsis et occulter les responsabilités aura été leur tendon d’Achille.

Toute honte bue, ils l’ont porté devant les juridictions.

La vérité historique et judicaire disponible aujourd’hui, met les négationnistes à l’étroit.

La vérité est plus lente que le mensonge !

La vérité historique et judiciaire disponible aujourd'hui met les négationnistes à l'étroit

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