En s’entêtant à poursuivre une chimère militaire vouée à l’échec, tout en feignant d’adhérer à une logique de désescalade négociée, le chef de l’État congolais introduit dans le processus de paix un vice constitutif : la duplicité.
Là où le traité de Washington devait établir un cadre normatif reposant sur la neutralisation des FDLR et l’ouverture d’un dialogue franc avec l’AFC/M23, Tshisekedi en subvertit l’esprit en présentant ces exigences comme des concessions extrinsèques, imposées par la pression extérieure, et non comme les fondements nécessaires à une paix durable. Il en résulte une inversion des responsabilités, où la violation des engagements apparaît, non comme un parjure, mais comme une réaction légitime à une architecture qu’il n’a jamais sincèrement investie.
Cette dénaturation volontaire du sens et de la portée de l’accord, doublée d’une politique militaire agressive menée sous le masque d’une paix déclarative, signe non seulement l’échec moral d’un leadership, mais trahit une faillite éthique plus profonde : celle d’un pouvoir prêt à entretenir indéfiniment la guerre pour différer l’aveu de son impuissance.
« Nous ferons la guerre par terre, par mer et par les airs », déclarait avec emphase Gilbert Kabanda, ministre de la Défense de la République démocratique du Congo, dans un ton martial digne des épopées napoléoniennes, mais dans un théâtre de guerre tragiquement vide de victoires. Cette rhétorique guerrière, adoptée et incarnée par le président Félix Tshisekedi, semble plus relever du théâtre d’ombres que d’une réelle maîtrise de l’art de la guerre.
Car si l’ambition s’affiche à grand renfort de discours et de mercenaires venus des confins de la Colombie ou des barbelés de l’Europe de l’Est, les résultats sur le terrain, eux, dressent le portrait d’un commandant obstiné, mais dépourvu de toute vision stratégique.
La signature de Washington : une paix sous contrainte diplomatique
En juin 2025, à la surprise générale, la RDC paraphe l’accord de Washington, calqué sur les termes des protocoles de Luanda qu’il avait pourtant toujours récusés. Ce texte consacre la neutralisation des FDLR et l’ouverture d’un dialogue avec le Mouvement du 23 mars (M23), deux exigences portées depuis longtemps par le bon sens.
Sous l’impulsion de Washington, qui perçoit l’Est congolais non plus comme une simple ligne de front mais comme le cœur palpitant d’une géopolitique des minerais stratégiques, Tshisekedi s’est vu contraint d’accepter ce qu’il avait toujours refusé. Son objectif initial était de troquer l’accès aux minerais congolais contre un appui militaire américain destiné à anéantir l’AFC/M23, c’est raté.
Des actes de guerre qui trahissent la paix
Pourtant, sur le terrain, l’engagement à la paix demeure une façade crevassée par les contradictions. Alors même que Kinshasa signait les protocoles de Washington, des bombardements étaient perpétrés contre des civils rwandophones dans des localités comme Minembwe. Pire encore, un avion humanitaire a été ciblé alors qu’il transportait de l’aide aux populations meurtries par le régime.
Simultanément, des rapports concordants révèlent l’engagement de mercenaires étrangers par les autorités congolaises, notamment à Uvira, dans une tentative désespérée de reconquérir militairement les bastions de l’AFC/M23 à Goma et Bukavu. L’enrôlement de supplétifs latino-américains ou européens témoigne non pas d’une stratégie réfléchie, mais d’un aveuglement tactique : à défaut de compter sur une armée nationale démoralisée et désorganisée, on achète la guerre à crédit, comme on contracte une dette d’honneur dans une partie perdue d’avance.
La logique du sabre contre celle du traité : Kinshasa s’égare
Loin de s’aligner sur les promesses de désescalade, le régime de Tshisekedi semble s’être figé dans une logique de confrontation. Ce militarisme obtus traduit moins une volonté de protéger le territoire qu’un instinct d’autoconservation politique. L’accord de Washington risque d’être englouti dans la spirale des engagements non tenus, des trêves piétinées et des opportunités sabotées par la duplicité du seul Tshisekedi.
Car derrière le masque de la paix, Tshisekedi poursuit une guerre de représailles. Les Wazalendo, milices supplétives armées par Kinshasa, poursuivent une politique de nettoyage ethnique ciblant les Banyamulenge, dans une dynamique de vengeance communautaire. La parole présidentielle, elle, se fait double : diplomatique à Washington, incendiaire à Kinshasa.
Face à cette cacophonie, le Rwanda, par la voix du président Kagame, a exprimé son scepticisme quant à la sincérité de Kinshasa. Fort de son poids diplomatique et de son expertise stratégique, Kigali apparaît comme le seul acteur à avoir su convertir ses revendications sécuritaires en clauses contractuelles dans un accord international.
En contrepoint, Tshisekedi, bien que signataire, reste prisonnier de son propre discours de guerre. L’Histoire retiendra peut-être que le président congolais a signé un accord qu’il n’avait ni l’intention ni les moyens d’honorer.
Tshisekedi, chef de guerre ou illusionniste martial
Le tragique dans cette séquence historique tient au fait que Tshisekedi ne semble ni comprendre la guerre ni vouloir la paix. Il incarne cette figure paradoxale du chef de guerre qui, chaque fois qu’il mobilise ses troupes, les mène au désastre. Sans doctrine militaire, sans armée cohérente, sans diplomatie unifiée, il s’acharne dans une logique de destruction qui ne produit que ruines.
Comme le disait Sun Tzu : « Celui qui excelle à résoudre les difficultés le fait avant qu’elles ne surviennent. » Tshisekedi, au contraire, semble les multiplier pour justifier son autoritarisme.
Il n’est pas tant un stratège qu’un pyromane politique, allumant des feux pour mieux proclamer l’état d’urgence. Ses mercenaires étrangers n’apportent pas la victoire, mais le déshonneur ; ses engagements diplomatiques ne font pas taire les canons, mais masquent un échec cuisant.
L’histoire retiendra peut-être de lui l’image d’un président qui rêvait de gloire martiale et qui, par orgueil, a sacrifié la paix sur l’autel de la vaine bravoure.

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