Une interpellation frontale d’Alain Destexhe à Dr Denis Mukwege

Redigé par Tite Gatabazi
Le 8 juin 2025 à 01:14

Dans le concert dissonant des prises de position internationales sur la crise des Grands Lacs, certaines voix s’érigent avec une hauteur de ton revendiquée, mais souvent en porte-à-faux avec la réalité tangible du terrain. C’est à cette imposture rhétorique que s’est attaqué l’ancien sénateur belge Alain Destexhe, figure à la fois familière et incisive des arcanes géopolitiques africains.

Son propos, incisif et méthodique, prend pour cible le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, qu’il accuse sans ambages d’être devenu le faire-valoir complaisant d’intérêts opaques et d’« officines idéologiques » opérant dans la région du Kivu.

Dans un texte d’une rare fermeté, sur son compte X, Alain Destexhe démonte point par point la récente tribune orchestrée par Dr Mukwege et signée par un réseau de Prix Nobel, dont le contenu, selon lui, regorge d’erreurs factuelles, d’approximations malveillantes et d’analogies grotesques.
La plus frappante étant cette mise en parallèle, jugée intellectuellement malhonnête, entre l’agression russe en Ukraine et le rôle du Rwanda dans l’Est de la RDC. Une lecture manichéenne, schématique et absurde, selon Destexhe, tant le rapport de force militaire, démographique et géographique entre les deux pays dément toute tentative de comparaison.

L’ancien sénateur ne se contente pas de l’argument d’autorité : il convoque le témoignage empirique, fruit de sa présence sur le terrain au cœur même du Masisi, région longtemps en proie aux exactions et aux conflits. Il y a arpenté, à pied, 27 kilomètres de sentiers escarpés, interrogeant longuement les populations civiles. Et de ces échanges spontanés, il rapporte un constat unanime : depuis que le M23 a pris le contrôle de la zone, le calme est revenu, les incursions des milices génocidaires FDLR et des groupes Wazalendo ont cessé, et l’arbitraire des FARDC a été écarté.

Autrement dit, la pacification bien que fragile est tangible, visible, concrète, et mérite d’être saluée, non occultée par une rhétorique culpabilisante et idéologisée.

Destexhe va plus loin : il accuse ouvertement le pouvoir de Kinshasa d’armer et d’instrumentaliser les milices terroristes, dans une logique cynique de déstabilisation régionale, tout en se drapant dans la posture de victime. Mukwege, en choisissant d’appuyer ce régime dans sa fuite en avant militariste, trahirait ainsi, selon Destexhe, les principes mêmes qu’il prétend incarner : ceux de paix, de justice et de responsabilité morale. Dès lors, la tribune cosignée par les Nobel n’est plus un plaidoyer, mais un acte de désinformation collective, empreint d’un moralisme inopérant et d’un aveuglement stratégique.

Alain Destexhe lance un défi solennel : que Mukwege et ses homologues de la scène morale mondiale quittent leurs salons parisiens et leurs cénacles médiatiques, et viennent eux-mêmes fouler la terre du Kivu, constater la réalité, entendre les voix de ceux qui vivent et survivent, loin des formules abstraites et des procès d’intention. C’est une invitation au courage du réel, une mise à nu de la fracture entre discours idéologique et vécu des populations.

Face aux discours déconnectés sur la crise des Grands Lacs, Alain Destexhe a dénoncé, avec sa verve incisive, l’imposture rhétorique de certaines voix internationales

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