Lors d’un exposé détaillé présenté au Conseil des droits de l’homme de l’ONU le 16 juin, Türk a révélé que des soldats congolais, aux côtés de membres de la milice progouvernementale Wazalendo, se sont livrés à des exécutions, des viols et des pillages lors d’opérations militaires, en particulier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Ces exactions ont été perpétrées dans le cadre des offensives de l’armée congolaise contre les rebelles du M23 et d’autres groupes armés.
« Des soldats congolais et des membres de la milice Wazalendo, soutenue par la RDC, ont tué, violé et pillé », a déclaré Türk, citant les premières conclusions d’une mission d’établissement des faits toujours en cours.
Il a exprimé sa vive inquiétude face au « mépris total » affiché pour la protection des civils durant et après les combats, notamment lors de la bataille de Goma à la fin janvier, au cours de laquelle les structures de commandement se seraient effondrées alors que les unités de l’armée battaient en retraite.
Les déclarations de Türk font suite à plusieurs mois d’alertes lancées par des organisations de défense des droits humains au sujet d’atrocités commises par les forces congolaises et leurs alliés miliciens. Le 23 mai, Human Rights Watch (HRW) a documenté de graves exactions de la part des combattants Wazalendo dans le Sud-Kivu, notamment des attaques contre des villages banyamulenge près de Bibokoboko, début mars.
Des témoins ont rapporté que les assaillants visaient des civils en raison de leur appartenance ethnique, accusant les Banyamulenge d’être « Rwandais » et jurant de les « nettoyer ».
« Ils ont tué sept personnes et détruit des habitations, des centres de santé et des écoles », a déclaré un leader communautaire local à HRW.
Les conclusions de l’ONU mettent encore davantage en cause le gouvernement du président Félix Tshisekedi, qui s’est allié à plusieurs milices, dont les FDLR — accusées d’avoir participé au génocide des Tutsi en 1994 — pour renforcer sa campagne militaire dans l’est du pays.
Des analystes et des militants craignent que le gouvernement utilise les sentiments anti-Tutsi pour justifier les violences contre les Tutsi congolais, sous couvert de lutter contre le M23.
Malgré la gravité des accusations, Kinshasa a publiquement salué la décision de l’ONU, prise en février, de mettre en place un mécanisme d’enquête indépendant sur les atrocités commises dans l’est.
Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a salué la résolution sur X, mais les critiques estiment que les autorités cherchent à minimiser ou nier les crimes de guerre imputés à leurs propres forces.
Des groupes de la société civile et des observateurs internationaux s’interrogent désormais sur la possibilité que le président Tshisekedi soit tenu pour responsable de ce qu’ils qualifient de campagne de persécution ethnique et de possibles crimes contre l’humanité.

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