Accusations burundaises contre un supposé soutien du Rwanda à une guérilla burundaise

Redigé par NDJ
Le 6 avril 2018 à 05:32

Depuis le putch manqué d’avril 2015 au Burundi et la fuite des Burundais pour le Rwanda, les officiels burundais ont sérieusement soupçonné le Rwanda de nourrir des tentatives d’aider les putchistes à rééditer leur exploit manqué. Un climat malsain s’est installé entre les deux pays et a empoisonné les relations de bon voisinage et diplomatiques entre les deux pays. Les échanges commerciaux transfrontaliers entre les deux pays en ont pati et des sentiments d’animosité en plus du côté burundais qui s’estime lésé et esseulé sur la scène internationale pour ses criantes violations de droits humains.

On observe que ces relations tendues entre les deux pays sont liées à des malentendus entre les styles différents de leadership de ces deux pays-frères siamois.

Les 2500 réfugiés burundais qui, récemment, ont déménagé de leur camp de Kamanyola en Province congolaise du Sud Kivu pour le Rwanda prétextant vivre une insécurité en RDC, viennent de mettre de l’eau au moulin et alimentent une nouvelle controverse entre les deux pays.

Adeptes de la prophétesse burundaise Eusébie Ngendakumana, ces réfugiés arrivés au Rwanda au début du mois dernier n’ont ni accepté de se faire enregistrer biométriquement, ni permis à leurs enfants malades de paludisme et autres maladies de se faire soigner dans les dispensaires et autres centres de santé des centres de transit qui les ont accueillis.

Ce refus a été pris par des officiels rwandais et autres du HCR comme un danger latent au point qu’ils ont, après mille discussions, accédé à leur demande de rapatriement volontaire et leur retour au Buriundi.

Chose qui fut faite mais la partie burundaise officielle avisée a trouvé que "le Rwanda, qui héberge une partie des putschistes du mois de mai 2015 et les terroristes qui ont endeuillé le Burundi lors des violences qui ont accompagné l’insurrection de 2015, l’enrôlement forcé des réfugiés, dont des enfants mineurs dans des groupes armés, constitue une violation grave des traités et conventions internationales qu’il a lui-même ratifiés", lit-on dans un communiqué émis par le Gouvernement du Burundi trouvant que les réfugiés conduits à la frontière burundaise de Nemba/Bugesera sont soit des personnes âgées, soit des jeunes gens qui n’ont pas accepté de se faire enroler dans les groupes armés de burundais recrutés au Rwanda.

Comment comprendre ces accusations pensées par la partie burundaise surtout que le Gouvernement rwandais ne peut pas penser à refouler les réfugiés à la frontière, qu’il doit, pour ce genre d’exercice, être en parfaite collaboration avec le HCR ?

Ces réfugiés pour cause de religion, ils sont adeptes de la prophétesse burundaise Eusébie Ngendahimana, et se sont réfugiés en RDC pour cause de leurs principes religieux qui ne cadraient pas avec les principes et valeurs du leadership social du régime burundais, sont pratiquement différents de plus des 80 mille autres logés dans le Camp Mahama, au sud est du Rwanda.

Cette prophètesse incomprise par l’église catholique burundaise qui n’a jamais reconnu les apparitions de la Vierge Marie dont elle se targuait de faire l’objet, a été très sollicitée par nombre de Barundi qui voyaient en elle une sainte au point que les forces de l’ordre burundaises n’ont pas digéré la façon dont tout un grand monde convergeait dans le village de la dame, Businde pour pratiquement l’adorer ou, du moins, suivre ses préceptes.

Le 13 mars 2013, les mêmes forces de l’ordre excédées, ont tiré à balle réélle dans la foule et a fait un bain de sang sur la place sainte de la Dame Eusébie où, plus tard, sera érigé un champ de tir de l’armée ? ou des Imbonerakure (Jeunesse politique du parti au pouvoir, le CNDD/FDD ?

"Nous avons dénombré dix morts et plusieurs blessés", a confié Dionyse Nyandwi parlant au nom du groupe de réfugiés qui ont fui pour l’Est de la RDC pour leurs croyances.

"Les informations livrées par ces Barundi chassés par force du Rwanda disent qu’ils ont été punis pour ne pas avoir obtempéré et se faire recruter dans les groupes armés voulant attaquer le Burundi", a déclaré Philippe Nzobonariba, Porte-parole du Gouvernement burundais.

Les attaques pareilles du gouvernement burundais à l’endroit du Rwanda commencent à excéder la mesure. Même si les officiels rwandais affichent un souverain dédain contre de telles allégations difficilement crédibles car créer, initier ou appuyer des camps de formation militaire pour nuire un pays limitrophe, cela ne se cache pas du tout ; on sent un malaise évident de la part de ces derniers.

"Peut-être qu’à force de formuler de fausses allégations de menace du Rwanda contre le Burundi cela finira-t-il par prendre", a confié un observateur de la scène politique des pays des grands lacs.

"Dans tous les cas, l’attitude du Rwanda consistant à ne pas prêter attention à de telles stupidités est positive. Le Rwanda ne veut pas être distrait par de ces animosités de pauvre facture car il est entrain de se reconstruire matériellement et culturellement. Il entend réaliser un défi de taille : lutte contre des mentalités et divisionnismes ethniques rétrogrades en opérant des changements socio spirituels dans la jeunesse qui veut demain différente de ce qu’est la génération adulte actuelle", a dit l’observateur qui a requis l’anonymat.

"Après avoir autorisé 1607 réfugiés à rentrer chez eux par la porte frontière de Nemba Bugesera, un communiqué a été passé dans les camps de transit de Nyanza (Province du Sud) et Nyarushishi (District de Rusizi, Province Ouest) appelant tous les réfugiés qui voulaient rentrer à se faire enregistrer. Le lendemain de cette date, 517 réfugiés cantonnés dans le camp de transit de Nyanza ont été facilités dans leur voyage du retour dans leur pays en passant par la frontière Akanyaru", a dit Olivier Kayumba, Secrétaire Permanent près le Ministère de gestion des réfugiés et des désastres indiquant que les candidats au retour dans leur patrie avaient apprêté leurs effets très tôt attendant impatiemment des véhicules pour leur voyage.

Le Communiqué de Philippe Nzobonariba, Porte parole du Gouvernement burundais émis à ce propos ne comprend pas pourquoi ces réfugiés adeptes de la prophétesse Eusébie Ndendakumana ont été rapatriés à partir de trois différents points d’entrée au Burundi : 1607 à partir de Nemba, 514 par la frontière Akanyaru et 318 par la Ruhwa-Bugarama.

Pour lui, ces Rwandais tendent un piège avec "leurs stratagèmes".

"Le Gouvernement burundais est entrain de vérifier si ces réfugiés sont rééllement des Barundi qui rentrent tranquillement dans leurs familles", a annoncé Philippe flairant un possible piège du Rwanda d’introduction d’éléments déstabilisateurs du régime burundais.

Pour les autorités du Ministère Rwandais des Réfugiés et des Désastres, les infrastructures d’accueil d’un seul camp de transit ne pouvaient pas être assez suffisantes pour accueillir tous les 2500 réfugiés qui ont déferlé en même temps sur Bugarama. Ces autorités font de telles déclarations pour tenter d’expliquer qu’il n’y avait pas d’idée louche que cachait ce déploiement.

"Maintenant nous rentrons chez nous au pays. Nous nous sommes réfugiés uniquement parce que nous récitions notre rosaire pour honorer notre Sainte Vierge Marie et servir notre Dieu pour, à notre mort, pouvoir nous asseoir à la place méritée à ses côtés" a confié Lusticus Ntamagendero trouvant que depuis 2013, date de leur exil, les choses doivent avoir évolué chez eux, qu’ils ne sont pas des réfugiés politiques.

"En principe, ne pas se prêter à un enregistrement électronique, ne pas se faire soigner ; nous prenons cela comme une façon d’éviter d’abimer notre corps-temple de Dieu...", a-t-il ajouté interpellant ses camarades à faire preuve d’attention de ne pas consommer des médicaments leur offerts.

"Nous assumons la situation qui est la nôtre", a confié à IGIHE, Régina Pacis, une dame qui était dans le groupe disant : "Nous croyons fortement dans le Royaume de Dieu. C’est plus fort que nous. Nous n’acceptons pas de piqûres de séringues. Nous respectons des ordres qui viennent du ciel, d’après l’apôtre Saint Jean", a-t-elle dit montrant que même de retour dans son village au Burundi, elle entend exiger une grande liberté de croyance et de culte.

Comment, dans ces circonstances comprendre les déclarations des officiels burundais qui sont très soupçonneux à l’endroit de leurs pairs Rwandais ? Pourquoi cultivent-elles un tel esprit belliqueux qui n’est pas pour s’apaiser pour bientôt ?


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