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ANNONCE DE LA SUSPENSION DE L’AIDE DIRECTE AU BURUNDI PAR L’UE : Il en faut plus pour inquiéter le dictateur

Redigé par Le pays
Le 16 février 2016 à 12:38

Face à l’intransigeance de Pierre Nkurunziza et la dégradation continuelle de la situation sociopolitique qui voit chaque jour le Burundi se rapprocher de la guerre civile, l’Union européenne (UE) envisage de passer de la parole à l’acte en rendant effective la suspension de son aide directe à ce pays.
Cela, après avoir constaté l’échec des consultations entre elle et les autorités de Bujumbura, restées jusque-là sourdes et inflexibles aux appels à l’ouverture de négociations avec les opposants qui (...)

Face à l’intransigeance de Pierre Nkurunziza et la dégradation continuelle de la situation sociopolitique qui voit chaque jour le Burundi se rapprocher de la guerre civile, l’Union européenne (UE) envisage de passer de la parole à l’acte en rendant effective la suspension de son aide directe à ce pays.

Cela, après avoir constaté l’échec des consultations entre elle et les autorités de Bujumbura, restées jusque-là sourdes et inflexibles aux appels à l’ouverture de négociations avec les opposants qui contestent le troisième mandat de Pierre Nkurunziza.

En décidant de frapper Nkurunziza au porte-monnaie, l’UE entend donner plus d’envergure à son action en maintenant la pression sur le pasteur-président. Pour un pays dont le budget dépend à 50% de l’aide internationale et qui est en queue de peloton des pays les plus pauvres de la planète, nul doute qu’une telle décision, si elle était pleinement appliquée, aurait des répercussions catastrophiques.

De quoi donner suffisamment de frayeurs à tout président consciencieux et amoureux de son peuple, pour faire contre mauvaise fortune bon cœur en faisant des concessions. Surtout que dans le cas du Burundi, son économie est déjà fragilisée par dix mois d’instabilité, depuis la décision de Pierre Nkurunziza de marcher sur la Constitution de son pays et les accords d’Arusha pour briguer un troisième mandat.

Cette fois-ci sera-t-elle alors la bonne pour ramener le satrape à de meilleurs sentiments ? Il est permis d’en douter. D’autant plus qu’avant cela, l’on a vu l’Union africaine (UA) menacer d’envoyer bon gré mal gré une force d’interposition de 5000 hommes au Burundi, avant de se dégonfler comme un ballon de baudruche et tenter de sauver la face par de prétendues négociations qui se font toujours attendre avec Bujumbura. L’UE sera-t-elle plus royaliste que le roi ? Rien n’est moins sûr. En outre, il apparaît aujourd’hui évident que Nkurunziza est allé trop loin pour reculer. Il ne faut donc pas s’attendre à un quelconque mea culpa de sa part.

L’énigme burundaise ne semble pas encore avoir livré tous ses secrets

Car, l’homme semble s’être retranché dans une logique de pis-aller et de répression aveugle pour faire avaler la pilule à son peuple et à une communauté internationale qui semble se contenter de crier au loup, sans jamais prendre les mesures idoines pour le déloger de la bergerie. Toutes choses qui ont pour effet de renforcer le pasteur-président dans sa conviction que jamais la communauté internationale n’ira au-delà des simples menaces, et que tout ce ramdam ne vise ni plus ni moins qu’à lui faire peur afin qu’il révise sa position.

Dans une telle optique, il semble évident qu’il faudra bien plus que l’annonce de cette suspension d’aide européenne pour inquiéter le dictateur Nkurunziza. En tout cas, on le voit mal, à cause d’une telle annonce, faire machine-arrière, d’autant plus qu’il pourrait se dire que d’ici à l’application effective de la mesure sur le terrain, la décision finale pourrait être difficile à prendre pour l’UE, au regard des lourdes conséquences qu’elle pourrait avoir sur les populations qui risquent d’en faire les frais.

Sans oublier que Nkurunziza pourrait mettre une autre corde à son arc, en se tournant vers d’autres puissances qui sont moins regardantes sur les questions des droits de l’Homme, pour combler le vide éventuel qu’entraînerait la suspension de l’aide de l’UE. Toutefois, Nkurunziza aurait aussi tort de minimiser la portée de telles sanctions car, ce n’est pas du jour au lendemain que l’on peut combler un gap de 430 millions d’euros, dans un monde où toutes les économies sont en proie à la crise économique.

Et si, dans une synergie d’actions, d’autres bailleurs de fonds devaient emboîter le pas à l’UE, le boucher de Bujumbura aurait certainement plus de soucis à se faire. Mais, après la sortie de l’Oncle Sam, la semaine dernière, qui a semblé apporter un ballon d’oxygène à Bujumbura en accusant sans ambages Kigali de vouloir déstabiliser le Burundi, l’on se demande si les Européens, qui s’entendent avec les Américains comme larrons en foire, iront jusqu’au bout de leurs sanctions contre Nkurunziza. C’est peut-être là, l’un des nœuds et pas des moindres de l’énigme burundaise qui ne semble pas encore avoir livré tous ses secrets, quand on sait toute la difficulté qu’ont les maîtres du monde à transcender leurs intérêts au nom desquels ils sont souvent prêts à toutes sortes de tartufferies diplomatiques.

par Outélé KEITA


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