Dans une interview accordée à IGIHE, le Secrétaire Permanent du ministère du Commerce et de l’Industrie, Antoine Marie Kajangwe, a expliqué que cette augmentation résulte principalement de deux facteurs : la mise en place de la TVA sur l’essence en juillet, qui ajoute 18 % au prix, et la modification des circuits d’importation.
« La majeure partie de notre carburant transitait auparavant par la Tanzanie, moins chère que le Kenya. Mais certains problèmes récents ont poussé les importateurs à se fournir via le Kenya, où le carburant est plus coûteux, ce qui a impacté le prix global », a-t-il précisé.
Le Rwanda révise ses prix tous les deux mois, en tenant compte des cours mondiaux, du coût du transport depuis les ports de Dar es Salaam et Mombasa, du taux de change et de la TVA. Au 15 novembre 2025, le prix du baril de pétrole sur le marché mondial était de 60,09 $, contre 64,1 $ le 1er septembre.
Selon le Directeur Général de la Société Pétrolière Ltd (SP), Habimana Claudien, près de 99 % du carburant importé transitait auparavant par la Tanzanie. Mais des retards dans le déchargement des navires et des préoccupations liées à la sécurité pendant les élections présidentielles en Tanzanie ont conduit les entreprises à se tourner vers le Kenya.
En septembre 2025, 34 % de l’essence provenait du Kenya, contre 66 % de la Tanzanie. En octobre, la Tanzanie fournissait 87 % du carburant et le Kenya 13 %. Sur deux mois, la part du carburant importé via le Kenya a ainsi bondi à 23 %. « Comme le carburant transitant par le Kenya est plus cher, cela a contribué à la hausse des prix », a expliqué M. Habimana.
Il a précisé que le gouvernement avait instauré une subvention de 78 FRW par litre sur le diesel pour réduire l’impact sur les transports publics et les marchandises, tandis qu’aucune mesure similaire n’avait été appliquée à l’essence.
Impact économique limité mais perceptible
Selon le ministère du Commerce, la hausse du carburant n’aurait pas d’effet significatif sur les prix des produits de première nécessité, car les coûts de transport augmentent modestement : de 4 à 6 FRW par kilogramme pour les marchandises venant de la Province de l’Est et de 6 à 8 FRW pour celles en provenance du district de Rusizi.
Cependant, pour un camion transportant cinq tonnes de marchandises, le surcoût pourrait atteindre 20 000 à 30 000 FRW pour les produits de la Province de l’Est et 30 000 à 40 000 FRW pour ceux de Rusizi.
« Les transporteurs ont du mal à absorber ces coûts supplémentaires, car ils consomment beaucoup de diesel », explique Cyprien Musabirema, chauffeur de camion.
Les conducteurs de moto-taxis ressentent également l’impact : Modetse Nsengiyumva précise que l’augmentation de 123 FRW par litre d’essence réduit leurs marges, les clients refusant de payer plus.
« Un motocycliste utilisant de l’essence à 1 989 FRW par litre ne peut gagner plus de 2 000 FRW par jour, alors qu’il doit subvenir aux besoins de sa famille », déplore-t-il.
Claudien Habimana note par ailleurs que des budgets contraints réduisent les déplacements, ralentissant certaines activités et encourageant davantage l’usage des appels téléphoniques.
L’expert économique Teddy Kaberuka rappelle que la hausse des carburants se répercute inévitablement sur les prix du marché, réduisant le pouvoir d’achat et la capacité des consommateurs à acheter autant qu’auparavant.
Dans la région d’Afrique de l’Est, le litre d’essence se vend actuellement 2 059 FRW en Ouganda, 2 069 FRW au Kenya, 1 635 FRW en Tanzanie, 1 967 FRW au Burundi et 1 773 FRW en République Démocratique du Congo.
Kajangwe a assuré que le gouvernement explore des mesures pour réduire les prix, notamment en rendant le carburant importé via le Kenya moins cher, dans les trois à quatre prochains mois.














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