Président Kagame : « Nous devons transformer les opportunités en résultats concrets »

Redigé par IGIHE
Le 8 décembre 2025 à 05:51

Lors d’un entretien accordé à Al Jazeera, le Président Paul Kagame a exposé sa vision de la médiation internationale, du rôle des acteurs et de la responsabilité régionale dans la mise en œuvre des accords.

Diffusé dimanche soir, l’entretien a eu lieu avant la signature de l’accord de paix entre le Rwanda et la RDC, en présence du président américain Donald Trump le 4 Décembre 2025.

Une médiation soutenue mais concrète

Le Président Paul Kagame a expliqué ce qui différencie l’actuelle médiation menée par Donald Trump et son équipe des approches traditionnelles dans les affaires africaines.

« Ce qui distingue cette initiative, c’est son ancrage concret », a déclaré le Président Kagame. « Dans le passé, les discours sur l’Afrique et ses défis - la démocratie, les droits humains, la liberté - restaient souvent de l’ordre des paroles. Il y avait beaucoup de beaux mots, mais très peu de changements tangibles dans la vie quotidienne des populations. »

En revanche, le chef de l’État a indiqué que l’approche actuelle se concentre sur des aspects pratiques : échanges commerciaux, intérêts économiques et mesures améliorant directement la vie des citoyens.

« On peut évaluer les résultats de manière concrète : qu’est-ce que l’on donne, qu’est-ce que l’on reçoit, quel est l’impact réel sur la vie des populations ? C’est cette approche que je privilégie », a-t-il ajouté.

Le Président Kagame a insisté sur le rôle actif du Rwanda dans le processus : « Chaque fois que nous étions invités, à Doha ou à Washington, nous avons toujours répondu présent. Nous avons fait part de notre vision des faits et des problèmes essentiels à résoudre, en restant concentrés sur ce que nous connaissions. »

Il a expliqué que le processus a suivi un double mécanisme : à Doha, les discussions concernaient l’AFC/M23 et le gouvernement congolais, tandis qu’à Washington, les discussions impliquaient directement le Rwanda et la RDC, avec des dirigeants africains en tant que témoins.

« La RDC avait initialement pensé pouvoir contrôler les discussions, mais le processus a été structuré pour ne rien laisser au hasard et préserver tous les éléments essentiels », a précisé le Président Kagame.

« Nous croyons que le Qatar et les États-Unis continueront d’accompagner ces discussions et de veiller à ce que les faits soient respectés. »

Le Président Kagame a indiqué que l’approche actuelle se concentre sur des aspects pratiques : échanges commerciaux, intérêts économiques

Les enjeux économiques et miniers

Le Président Kagame a mis en avant les ressources minières du Rwanda et a dénoncé certaines idées reçues : « Il est clair que ce que nous possédons dans ce secteur est propre au Rwanda et n’a rien à voir avec la RDC. Nous avons, en plus du tungstène, de l’étain et du tantale, des minerais comme le béryllium, le lithium et d’autres encore. Nous avons aussi de l’or. Il n’est donc pas juste de prétendre que tout l’or exporté provient de RDC. »

Il a rappelé que certains pays voisins reçoivent des minerais en provenance de la RDC, souvent en plus grande quantité que ce qui passe par le Rwanda, mais que le Rwanda est souvent pointé du doigt.

Interrogé sur l’éventualité d’un prix Nobel pour Donald Trump, le Président Kagame a répondu avec humour : « Ce n’est pas à moi d’en juger. Mais si l’on regarde ce qu’il a accompli en peu de temps, il a déployé des efforts réels pour mettre les choses en ordre. Même un président des États-Unis ne peut pas résoudre seul ces problèmes complexes. »

Le Président a par ailleurs souligné l’importance de la coopération : « Trump s’est engagé, il a des intentions positives et il essaie réellement. Nous devons soutenir ce processus pour qu’il réussisse, surtout que ce n’est pas lui seul qui peut produire tous les résultats. Nous devons nous impliquer et jouer notre rôle pour que les efforts aboutissent. »

En outre, le Président Kagame a conclu sur la responsabilité du Rwanda et des pays de la région : « Ce n’est pas le moment de pointer du doigt ou de chercher les coupables. Nous devons transformer les opportunités en résultats concrets, avancer étape par étape et rester concentrés sur ce que nous pouvons accomplir pour notre peuple et pour la stabilité régionale. »

Le Président Paul Kagame a exposé sa vision de la médiation internationale, du rôle des acteurs et de la responsabilité régionale
Le Rwanda et la RDC ont signé le 4 décembre un accord de paix sous l’égide des États-Unis

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