Ministres critiqués en raison de leur patrimoine, imposition toujours plus forte et loi Tépa progressivement démontée : comment faire pour que les riches aient de nouveau envie de prendre part à l’effort national ?

Des membres du gouvernement ont été critiqués parce qu’ils étaient millionnaires. Crédit Reuters
Atlantico : Suite à la déclaration obligée de leur patrimoine, certains membres du gouvernement ont fait l’objet de critiques parce qu’ils étaient millionnaires. Comment expliquer ce mépris traditionnel à l’égard des riches ?
Jean-Philippe Delsol : Pourquoi les Français, de manière ancienne et permanente, n’aiment pas les riches ? Pourquoi ont-il élu un Président qui avait déclaré « Je n’aime pas les riches » ? Pourquoi cette coupure en France alors que ce n’est pas le cas dans d’autres pays ? L’Etat y est pour quelque chose, car environ la moitié de la population vit de ses subsides. Il dépense 56% du revenu national, il est donc logique que la moitié de la population vive plus ou moins de l’argent qui passe par lui. Ces gens considèrent en fait que la norme n’est pas de s’enrichir soi-même, d’être maître de son destin, de s’appauvrir ou de s’enrichir, mais d’attendre, de tendre la main.
Étant majoritaires, ils dénigrent les autres. 22% des employés sont fonctionnaires, contre 15% seulement en Allemagne. Il y a également une grande partie des salariés des associations (1,5 millions) qui vivent plus ou moins de subsides de l’Etat ou de collectivités publiques. Il y a aussi une partie des agriculteurs – de moins en moins d’ailleurs, car les choses s’améliorent – qui pour beaucoup considèrent qu’il est normal d’être payé pour entretenir les champs, et non pour nourrir. Il y a aussi les chômeurs, dont on dit qu’ils sont 3 millions, alors qu’en réalité 5 millions vivent partiellement ou totalement d’allocations chômage. Il s’agit d’argent qui n’est plus privé.
On en arrive à se focaliser sur le problème de la richesse alors que c’est la circulation de cette dernière qui est importante. On est en train de la figer. Une taxe à 75%, avec des impôts de succession élevés, empêche les gens de s’enrichir. Alors que l’important est que les gens puissent s’enrichir, et s’appauvrir s’ils ne réussissent pas. Tout le contraire des Etats-Unis, où l’on constate un renouvellement des riches et une circulation de la richesse beaucoup plus grands qu’en France.
La loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (loi Tépa, 2007) a progressivement été démontée. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
La loi Tépa était un grand pas dans le bon sens – imparfaite, mais qu’est-ce qui est parfait ? – que Nicolas Sarkozy lui-même a malheureusement commencé à détruire, et que François Hollande est en train d’achever. Le but était de faciliter la transmission entre les générations pour justement permettre aux jeunes générations d’avoir de quoi entreprendre (ce qui a fonctionné), et de réduire les charges sociales sur ceux qui travaillaient plus (ce qui a aussi marché). Deux ans plus tard, au prétexte de la crise, on a décidé de reprendre d’une main ce qu’on avait donné de l’autre, et même d’en reprendre un peu plus en accroissant les prélèvements.
On a fait exactement l’inverse de qu’il aurait fallu faire. Aujourd’hui on nous dit que l’austérité va pénaliser la croissance. L’austérité à la française, c’est-à-dire par les impôts, par l’accroissement des charges qui pèsent sur ceux qui entreprennent, va évidemment atteindre la croissance. On en a la preuve : la croissance a été en panne en 2012 et en 2013. Cela continuera tant qu’on n’aura pas compris qu’il faut inverser la machine, c’est-à-dire qu’il faut en réalité non pas pratiquer l’austérité par l’augmentation des impôts, mais l’austérité par la baisse des dépenses publiques, et par une baisse un peu moindre des prélèvements, de telle façon qu’on arrive à rembourser la dette. Non seulement on ne la rembourse pas, mais on l’accroît chaque année. On dit toujours que « demain on rase gratis » : ce serait en 2015 que nous atteindrons les 3%. Chaque année, une année de plus ! On n’y parviendra jamais de cette façon-là.
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