Déploiement de la SADC ; Paix négociée ou confrontation dans l’Est RDC ?

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 23 décembre 2012 à 12:08

Au moment où la Tanzanie se prépare à commander des troupes de la SADC (Communauté de Développement des Pays de l’Afrique Australe) à Goma, dans la Province du Nord Kivu, le Commandant en Chef des forces des M23 a déclaré cette semaine qu’il est prêt à faire le choix de l’une des deux options : la paix ou la reprise des hostilités.
Interviewé par The Guardian en ce mardi 18 décembre dans son QG à 20 Km de Goma, le Gén. Sultan Makenga a déclaré au journal qu’il a déjà briefé ses troupes qui devront se (...)

Au moment où la Tanzanie se prépare à commander des troupes de la SADC (Communauté de Développement des Pays de l’Afrique Australe) à Goma, dans la Province du Nord Kivu, le Commandant en Chef des forces des M23 a déclaré cette semaine qu’il est prêt à faire le choix de l’une des deux options : la paix ou la reprise des hostilités.

Interviewé par The Guardian en ce mardi 18 décembre dans son QG à 20 Km de Goma, le Gén. Sultan Makenga a déclaré au journal qu’il a déjà briefé ses troupes qui devront se battre jusqu’au dernier au cas où les pourparlers de Kampala échouaient.

Paix au bout du fusil

“Nous voulons la paix. Les Congolais veulent la paix. Mais si nous sommes forces de rétablir la paix par le bout du fusil, nous combattrons à tout prix. Le Gouverne ment de Kinshasa semble jouer un jeu malhonnête en attendant le déploiement des forces de la SADC à Goma. C’est pourquoi il ne tient pas trop aux négociations de paix de Kampala. Si les négociations de paix de Kampala sont concluantes, ce sera bien. Mais si nous sommes forcés pour la guerre, il en sera ainsi. Du reste c’est de cette façon que nos avons vécu durant deux décades ».

Selon le Général Makenga, même si ses troupes se sont retirées de Goma pour permettre la tenue des négociations de Kampala, s’il s’avère nécessaire, elles le reprendraient dans moins de 6 heures.

“Les Congolais sont fatigués. Leur pays est riche en ressources naturelles pourtant ils restent les plus pauvres de la planète. Actuellement notre pays héberge plusieurs mouvements armés que le régime Mobutu n’a jamais connus », a-t-il ajouté.

A la question de savoir s’ils déposeront les armes sur injonction des troupes de la SADC, « Nous ferons la même chose comme ce que nous avons fait quand le Zimbabwe, l’Angola et quelques autres pays de l’Afrique australe sont venus au secours de Laurent Désiré Kabila. J’ai combattu durant plus de 22 ans, et je sais ce qu’est la guerre. Elle est plus que politique et propagande. C’est une question de plan stratégique, d’engagement et d’avoir un idéal commun à atteindre », a déclaré le Général qui est entré à 17 ans et formé dans l’Armée Patriotique Rwandaise.

Ordre inacceptable de déposer les armes

« Qu’ils viennent. Mais s’ils nous attaquent, nous réciproquerons avec la dernière énergie car ce pays est le nôtre. Et nous sommes préparés pour le défendre jusqu’à la mort », a-t-il ajouté.

Makenga explique suffisamment les injustices qu’il s’est engagé à éradiquer. Son combat devient clair.

Des revendications de reconnaissance de la nationalité congolaise.

Il part des années 1996 et, aux côtés de Laurent Désiré Kabila, la longue marche sur Kinshasa pour déposer le régime Mobutu. D’après lui, après la guerre du Rwanda et avoir contribué largement à stopper le génocide des Tutsi, il s’est établi au Burundi où il a rencontré LD Kabila :

« Le Vieux Kabila et moi partagions le même objectif. Celui de libérer le Congo du brutal et corrompu leadership de Mobutu en 1996. Durant tout ce temps, nous, Congolais, combattions ensemble pour une même cause. Mais quand nous avons gagné la guerre, on nous a collé le qualificatif de Banyamulenge- un groupe Tutsi désobéissant. De là, nous avons été qualifiés d’étrangers par l’homme, LD Kabila, que nous avons soutenu. L’ordre nous a été donné de retourner au Rwanda d’où nous étions venus. J’ai combattu durant toutes ces années parce que je veux la paix et la stabilité de mon peuple et de mon pays »,
a ainsi déclaré le Général Makenga montrant que pour cette Nème guerre, ce groupe de Rwandophones congolais est décidé à être réhabilité par la force qu’il a supérieurement aux autres composantes congolaises ou par une paix négociée une fois pour toutes.

Quel agenda du deploiement au Nord kivu des troupes de la SADC ?

Le Commandant des M23 se demande avec raison le pourquoi du déploiement des troupes de la SADC au moment où les négociations de Kampala allaient aller sur les rails.
N’a-t-on pas déjà arrêté l’agenda des protocoles à discuter ? N’a-t-on pas fixé un règlement d’ordre intérieur des négociateurs ?

Un simple calcul arithmétique prouvera qu’avec le déploiement de 4000 hommes de troupes de la SADC, ceux-ci ne viennent pas faire le tourisme à Goma. Ils viendront s’ajouter aux autres non moins aguerris 6.000 Fdlr rwandaises (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) positionnées, d’après un très récent rapport onusien, à 30 Km de Goma et prêts pour l’attaque. Ajouter à cela, le surnombre des FARDC. De l’autre camp, combien sont-ils ces irréductibles M23 ?

Ça sent un piège mortel-une poudrière intenable

Apparemment les dés sont jetés. Les indésirables M23 et leurs ‘parrains rwandais’ vont vivre des heures difficiles. Dans l’art de la guerre de guérilla, il est fort probable qu’une poignée de guérilleros viennent à bout d’une grande armée.
Quand la détermination y est autant que l’idéal de lutte, apparemment ces armes sont plus lourdes que des bombes atomiques.
Pour éviter la partition du Congo, la Communauté internationale devrait conseiller les leaders congolais à accepter et tenir , avec les Mutins du M23, un dialogue franc qui aboutirait à des accords définitifs pacifiques.


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