Le nouveau ministre des Affaires étrangères du Burundi, un adepte des FDLR

Redigé par IGIHE
Le 8 août 2025 à 01:36

Le Président burundais Évariste Ndayishimiye a procédé à la nomination des membres de son nouveau gouvernement, désignant le Dr Édouard Bizimana au poste stratégique de ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et internationale, remplaçant ainsi l’ambassadeur Albert Shingiro, en poste depuis juin 2020.

Né au Burundi le 10 février 1968, Dr Bizimana possède une formation universitaire en relations internationales, obtenue notamment à l’Institut Régional d’Administration et de Coopération (IRIC) au Cameroun, où il a étudié les conflits armés et la protection de l’environnement dans la région des Grands Lacs. Sa carrière diplomatique débute en 2004 au sein du Ministère burundais des Affaires étrangères, avec des postes clés en Europe, aux États-Unis, puis en Allemagne et en Russie, avant de rejoindre en 2022 le cabinet du Président Ndayishimiye.

Depuis sa nomination, Dr Bizimana est devenu l’un des principaux porte-voix des autorités burundaises dans le cadre des tensions persistantes avec le Rwanda. En effet, il est souvent prompt à répondre aux déclarations des dirigeants rwandais, parfois avec un ton virulent et accusateur, notamment sur la scène internationale.

En juillet 2025, alors que le Président Paul Kagame soulignait la volonté du Rwanda de respecter les accords de paix conclus avec la République démocratique du Congo à Washington, Dr Bizimana dénonçait sur la plateforme X l’usage du groupe armé FDLR comme prétexte par le Rwanda pour intervenir en RDC, qualifiant cette justification de « FDLR » de dépassée et mensongère, selon lui.

Cette prise de position fait écho à un échange tendu entre Dr Bizimana et un Rwandais du nom de Félix Mugenzi, qui accusait, toujours sur X, le Président Ndayishimiye et Félix Tshisekedi de renforcer les FDLR pour piller les ressources naturelles. Dr Bizimana a réfuté catégoriquement ces accusations, déclarant que les FDLR ne représentait plus un problème pour le Rwanda, tout en accusant Mugenzi de propager des « mensonges ».

Cependant, ces affirmations vont à l’encontre des nombreuses analyses et rapports accablants du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui établissent sans équivoque le rôle profondément déstabilisateur des FDLR dans l’Est de la RDC, soulignant avec insistance l’impérieuse nécessité de procéder à leur démantèlement immédiat pour restaurer la paix et la sécurité dans la région.

Les tensions diplomatiques se sont intensifiées davantage le 16 avril 2025, lorsque la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a affirmé devant le Conseil de sécurité de l’ONU que le Burundi avait connu un génocide contre les Hutus en 1994 — une allégation vigoureusement contestée par l’Ambassadeur burundais Frédéric Gateretse Ngoga, représentant de l’Union africaine.

Ngoga soutenait qu’aucun génocide contre les Hutus n’avait eu lieu durant le mandat de Sylvestre Ntibantunganya, lui-même Hutu. En réaction, le Dr Bizimana a vivement dénoncé Ngoga, l’accusant d’agir en faveur du Rwanda et lui reprochant, selon lui, son silence complice face aux déclarations du Ministre Olivier Nduhungirehe concernant le Burundi.

En février 2025, le général ougandais Muhoozi Kainerugaba a ouvertement soutenu la reprise des armes par les rebelles du M23 suite à la prise de Bukavu. En réponse, le Dr Bizimana a fermement condamné cette ingérence, dénonçant l’envoi de troupes ougandaises sur le territoire d’un pays voisin, en avertissant solennellement : « Le monde vous observe. »

Ce même mois, Dr Bizimana dénonçait également la réunion conjointe EAC-SADC tenue à Dar es Salaam, où il estimait que les Présidents Kagame et Museveni mettaient en doute les frontières de la RDC, ce qui, selon lui, pourrait provoquer de graves conflits.

Fin 2023, dans l’Est de la RDC, des forces de la SADC, issues d’Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi, ont été déployées pour lutter contre le M23, en remplacement des troupes de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). À cette époque, le Président Ndayishimiye, alors à la tête de l’EAC, avait soutenu cette intervention, allant jusqu’à envoyer des soldats burundais dans la région de Masisi, en dépit des décisions prises par les chefs d’État.

Toutefois, les forces de la SADC ont essuyé plusieurs revers dans les villes de Goma et Sake en janvier 2025. En mars, face à cette situation, les chefs d’État de la SADC ont opté pour un retrait de leurs troupes, privilégiant les voies diplomatiques et les négociations politiques. Le Burundi, quant à lui, a choisi de maintenir ses soldats dans le Sud-Kivu, poursuivant sa coopération avec la RDC conformément aux accords signés en août 2023.

Dr Bizimana avait exprimé dès juin 2025 son regret face à ce retrait progressif des troupes de la SADC, critiquant le processus initié pour résoudre le conflit.

« Soutenir la paix et la sécurité en retirant les troupes ? Quelle défaite ! », déclarait-il.

Édouard Bizimana, nouveau ministre des Affaires étrangères du Burundi

Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité