Diktat de l’Occident : Russophones d’Ukraine ou Rwandophones de la RDC, personne n’est libre de vivre

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 7 mai 2014 à 12:05

L’an 2013 s’est terminé sur un constat d’échec sur le plan social en Afrique des Grands Lacs où des forces géostratégiques diverses utilisaient des groupes armés pour ramener dans leurs girons l’Est de la RDC. Cet Est de la RDC concentre des populations congolaises d’expression, de culture, mœurs, us et coutumes typiquement kinyarwanda comme celles qui règnent au Rwanda. En effet une grande partie de cette aire était une chefferie de l’ancien royaume du Rwanda jusqu’à la période de la pénétration (...)


L’an 2013 s’est terminé sur un constat d’échec sur le plan social en Afrique des Grands Lacs où des forces géostratégiques diverses utilisaient des groupes armés pour ramener dans leurs girons l’Est de la RDC. Cet Est de la RDC concentre des populations congolaises d’expression, de culture, mœurs, us et coutumes typiquement kinyarwanda comme celles qui règnent au Rwanda. En effet une grande partie de cette aire était une chefferie de l’ancien royaume du Rwanda jusqu’à la période de la pénétration coloniale belge.

Cette région a été donc objet de tant de convoitises.

Au moment où les Rwandophones de ce vaste territoire luttaient pour la reconnaissance juridique et de fait de leur complète citoyenneté congolaise, des puissances occidentales d’abord par ONGs interposées y compris la puissante église catholique et les média ont vite fait de diaboliser les menées guerrières du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie) de Me Azarias Ruberwa, puis du CNDP (Congrès National de la Défense du Peuple) du Gén. Laurent Nkunda et enfin, très dernièrement, du M23 (Mouvement du 23 mars) de Bertrand Bisimwa.

Dans cette guerre, l’opinion publique se posait la question du bien fondé de cette guerre ou si elle était téléguidée par les parrains rwandais et ougandais qui trouvaient dans les rebellions des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) ou des ADF-NALU (Allied Democratic Forces-National Army for Liberation of Uganda) et LRA (Lord’s Resistance Army de Joseph Kony).

Dans tous les cas, la guerre s’est terminée sur la victoire des combines de l’Occident qui est cette fois-ci bien aise d’exploiter les richesses congolaises à sa guise tout en échafaudant un cadre légal d’exploitation des ressources minières de la RDC.

Le Président Kabila reçoit le Secrétaire d’Etat John Kerry : la main américaine musclée pour la solution finale de la crise Est RDC et la RDC entière.

Les revendications citoyennes des Rwandophones du Kivu dont une grande partie est réfugiée dans les pays limitrophes peuvent être noyées dans le brouhaha des pelles et des caterpillars des mines d’or exploitées à leur aise par les multinationales :

« La République démocratique du Congo a inauguré vendredi une des plus grandes mines d’or d’Afrique dans l’extrême Nord-Est du pays… … Kibali Goldmines, la société qui exploite le gisement, est une société commune détenue à 45% par la compagnie minière sud-africaine Rangold Resources, à 45% par sa compatriote AngloGold Ashanti, et à 10% par l’Etat congolais. (…) Pour 2014, la compagnie, qui a coulé son premier lingot en septembre 2013, prévoit une production de 550.000 onces (15,6 tonnes) d’or. Selon Rangold Resources, les réserves prouvées de Kibali se montent à 11,6 millions d’onces (329 t) d’or et pourraient encore augmenter… », rapport l’AFP du 5 mai 2014.

La Cake ukrainienne difficile à croquer

La question ukrainienne et le bras de fer qu’oppose la Russie à une Europe des 29 unie au tour de la politique d’affirmation et de pôle d’influence incontournable dans les stratégies de domination du monde entier donnent plus de lumière sur les stratégies de domination du monde de l’Occident qui fait peu de cas sur la cohésion et les mécanismes culturels de gestion des sociétés humaines, l’ukrainienne en l’occurrence .

L’Europe tient-elle à tirer vers soi l’Ukraine et donc à affaiblir et défragmenter davantage l’ex-bloc Union Soviétique rendu a sa simple expression d’antan qu’est la Grande Russie ? C’est compter sans savoir que le travail de sape en profondeur autant que sait le faire l’Union Européenne pour démobiliser les citoyens de cet ancien bloc soviétique peut ne pas porter de fruits.

De un, les peuples de la région sont très cultivés au point qu’ils ne peuvent pas accepter facilement l’écran de fumée dit ‘démocratie’ quoiqu’une forte campagne européocentriste y fait fureur

De deux, la Russie à qui on prend un à un les anciens Etats satellites (Biélorussie, Lettonie, Lituanie, Estonie) a des instruments économiques musclés pour arrêter cette campagne d’influence européenne qui semble cacher des intentions d’émousser davantage si pas complètement toute velléité de retour en force de l’ancien bloc soviétique et ne plus être surprise par une quelconque guerre froide.

Les russophones de l’Ukraine n’acceptent-ils pas le piège qui veut se refermer sur eux à savoir le départ de l’Ukraine dans le giron européen ? Organisent-ils une résistance qui prend des allures de guerre rangée ?

De telles actions, l’opinion occidentale trouve qu’elles sont téléguidées par une main moscovite. Cette opinion n’y voit que la dimension géopolitique un peu comme la situation qui prévaut quelque part en Afrique centrale, dans l’Est de la RDC ou la même Europe, la France, la Belgique ou Rome papale en tête, a décidé que les Rwandophones de l’Est de la RDC sont manipulés par le Gouvernement rwandais fragilisé politiquement dans la région, qu’il fallait bâillonner les revendications légitimes et révolutionnaires de ce petit peuple incompris de la mosaïque des populations congolaises.

Bertrand Bisimwa, Président de l’aile politique du M23 : manque de cachet personnel à la philosophie de la lutte de son Mouvement

Si dans ce bras de fer la Russie économiquement forte avec son inépuisable gaz qu’elle fournit à l’Europe bombe son torse et ragaillardit les russophones de l’Ukraine qui tentent avec succès de contrer l’avancée de l’influence européenne sans cesse grandissante en Ukraine, il n’en est pas de même pour le Rwanda qui tente de redresser sa face contre une armada de forces idéologiques diverses et d’intérêts économiques certains de grosses multinationales qui entendent tout faire pour éliminer et le gouvernement actuel et les idées d’indépendance économique du Rwanda qui lui tient à cœur.

Tôt en 1996, profitant du projet de sacre d’un Laurent Désiré Kabila à Kinshasa pour éloigner les forces génocidaires qui venaient de commettre le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994 loin de sa frontière, le Rwanda rêvait d’un Est de la RDC à majorité rwandophone pour sa stabilité.

Progressant vers Lemera, dans les Montagnes de Mulenge au Sud Kivu,à la tête de son AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo, le vieux Kabila promet-il aux troupes rwandaises l’accompagnaient a Kinshasa un espace sécuritaire pour le Rwanda allant à quelques 300 km en profondeur de la RDC ?

Laurent Désiré qui n’était pas encore président, a-t-il lâché à la va vite cette promesse qui a dû tomber dans de mauvaises oreilles occidentales, celles-là qui ne voyaient pas d’un bon œil cette jeune armée rwandaise s’aguerrir avec sa ballade vers Kinshasa ?

Quand la Russie a des siècles d’éducation révolutionnaire bien encrée dans les mentalités populaires depuis la période de Lénine, il n’en va pas de même pour le Rwanda qui se ressource dans des repères historiques passablement flous.

Au lendemain de l’ingratitude de Kabila au Rwanda, quand, au lieu de tenir sa promesse d’assurer un espace sécuritaire suffisant, il a rappelé les anciennes forces génocidaires qui venaient de décimer le million de Tutsis du Rwanda en 100 jours pour recamper à la frontière rwandaise et faire des incursions à l’intérieur du Rwanda, les rwandophones de l’Est de la RDC tout désorganisés qu’ils étaient, sans un projet de société ferme pour faire de l’est de la RDC une province forte ayant un statut particulier au sein de l’ensemble congolais, soumis à des influences diverses souvent contradictoires, viscéralement ambitieux d’occuper de quelconques postes au sein du grand ensemble congolais au lieu de lutter pour l’autonomie des Kivu ; on a vu des foyers de rébellion dont le RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), le CNDP (Congres National pour la Défense du Peuple) et enfin le M23 (Mouvement du 23 Mars) qui ont tenté de recouvrer la fierté de vivre rwandophone et être revalorisés en RDC.

Laurent Nkunda Une cause de lutte mal rendue, stratégies ébréchées

Il s’est malheureusement constaté que le jeu n’en valait pas la chandelle car les combattants de ces trois mouvements n’avaient pas une détermination idéologique suffisamment intrinsèque leur permettant de lutter par eux-mêmes avant de chercher une arrière base logistique ou tout autre appui rwandais ou ugandais.

S’il n’avait manqué que cela seulement. Malheureusement, les média congolais et internationaux et la Société civile occidentale ont tout fait pour noyer les revendications de ces rebellions successives qui ont plus été présentées comme fomentées de l’étranger.

Décidément, la détermination et la conviction de lutte de celles-ci semblaient si peu stables de par le manque de combativité de ces dernières pour se faire un bastion kivutien. Elles se penchaient plutôt pour les négociations politiques de positionnements politiques à Kinshasa.

Entretemps, la fin justifiant les moyens, on comprend que le gâteau est rdcongolais était convoité à juste titre par les puissants groupes miniers internationaux. Dans cet Est, les gros arguments d’armes ont été utilisés pour faire taire complètement les revendications de ces populations rwandophones incomprises. On n’en parlera plus. Les vœux occidentaux ont vaincu et les mines d’or et de que-sais-je à ciel ouvert peuvent refonctionner dans un semblant de réglementation.

En Ukraine dans cet Est européen ou en Afrique des Grands Lacs dans l’Est Rdcongolais, la logique des puissances occidentales est de préserver leurs intérêts au grand dam de configurations socio culturelles. Les Russophones d’Ukraine peuvent être sacrifies pour que l’Ukraine soit rattachée à l’Union européenne. Or ils peuplent plus d’un tiers de l’Ukraine. La Russie permettra-t-elle ce carnage surtout que non seulement elle dispose d’un droit de veto mais aussi qu’ elle est économiquement et militairement indépendante à l’échelle mondiale.

Bien plus les Russophones de l’Ukraine sont très cultivés et comprennent le sens de l’honneur et ils sont à même de s’organiser quitte à demander de l’aide venue de leurs frères de Russie. Il n’en est pas de même des Rwandophones de l’Est de la RDC pour lesquels les petites puissances régionales rwandaise et ugandaise devaient planifier et les armer de détermination et du sens de la lutte.


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