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Football pour la Paix : les jeunes Ivoiriens suivent l’exemple rwandais

Redigé par IGIHE
Le 1er novembre 2012 à 09:36

Plus d’un an après la fin de la crise postélectorale de 2010-2011, un nombre important d’armes et de munitions circulent toujours entre les mains de milliers d’ex-combattants. Las d’attendre que les différentes opérations de désarmement portent leurs fruits, d’autres jeunes ont décidé de parler à leurs semblables pour les amener à déposer les armes à travers un projet : ‘‘Football pour la paix’’.
Chiffres alarmants
C’est environ 30.000 ex-combattants qui attendent d’être désarmés, selon le ministre ivoirien (...)

Plus d’un an après la fin de la crise postélectorale de 2010-2011, un nombre important d’armes et de munitions circulent toujours entre les mains de milliers d’ex-combattants. Las d’attendre que les différentes opérations de désarmement portent leurs fruits, d’autres jeunes ont décidé de parler à leurs semblables pour les amener à déposer les armes à travers un projet : ‘‘Football pour la paix’’.

Chiffres alarmants

C’est environ 30.000 ex-combattants qui attendent d’être désarmés, selon le ministre ivoirien délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi. Pour Sophie Da Camara, la Directrice de la division DDR - Désarmement Démobilisation et Réinsertion de l’ONUCI (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire), ce nombre varie entre 60.000 et 80.000.

"Ces chiffres, même s’ils varient d’une personne à l’autre, traduisent au moins une réalité : les ex-combattants sont toujours en armes et représentent une menace réelle pour le processus de paix", affirme Karamoko Diakité, le Président du RASALAO-CI (Réseau d’Actions sur les Armes Légères en Afrique de l’Ouest – Section Côte d’Ivoire). C’est d’ailleurs cette raison majeure qui les a amenés, ses amis et lui, à s’investir dans des campagnes sur le désarmement.

Football pour la paix : suivre l’exemple rwandais

"Il est difficile de parler directement de projet de désarmement aux populations et d’obtenir qu’elles y adhèrent. Quand vous parlez d’armes, automatiquement certaines populations se détournent. Lorsque vous abordez la question des armes, la population vous répond : il n’y a pas d’armes chez nous", affirme Karamoko.

Il fallait trouver une autre méthode d’approche. Ainsi Karamoko et ses amis n’ont pas trouvé mieux que de s’inspirer de l’exemple rwandais du désarmement par le football. Ils se sont tournés vers Victor Sewabana et Karera Jean de Dieu, des Rwandais qu’ils ont invités en Côte d’Ivoire pour un partage d’expériences.

A Bonoua, à 60 km à l’est d’Abidjan, ville choisie par les membres du RASALO-CI pour le lancement de leur programme "Football pour la paix", Victor E. Sewabana explique le concept "football pour la paix" : "C’est un système en 3D, entendez en trois dimensions : médiation-match-médiation", explique Victor.

" Il y a médiation, à l’entame du jeu, parce que les joueurs viennent ensemble et établissent les règles selon lesquelles le jeu sera réglementé, puisqu’il n’y a pas d’arbitre sur le terrain. Ensuite il y a le match et juste après le match une autre médiation ; elle consiste aux joueurs des deux camps à se mettre ensemble et à gérer les différents litiges qui ont pu survenir au cours du match. A ce niveau-là aussi, les deux équipes jouent des saynètes, des sketchs pour sensibiliser le public sur les risques liés à la circulation des armes. Cette dernière partie est suivie de beaucoup d’animation et de jeu de questions-réponses pour faire participer l’audience", ajoute Victor.
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Autre particularité du concept "football pour la paix", c’est aussi la mixité des équipes. "Les équipes de jeunes qui s’affrontent sur le terrain sont composées d’hommes et de femmes, et seuls les buts inscrits par les femmes comptent", fait remarquer Jean-de-Dieu Karera.

Sur le terrain de foot

Après le séminaire sur les risques liés à la circulation sur les armes légères, le "terrain du Popo Carnaval" de Bonoua, lieu choisi pour la rencontre de football a drainé beaucoup de monde.

"C’est du jamais vu ça ! Des femmes et des hommes qui jouent comme coéquipiers au sein d’une équipe. Je voulais forcément découvrir, c’est raison pour laquelle j’ai effectué le déplacement ici au stade, sinon je ne suis pas un passionné de football", explique Amélié Anoh, qui comme de nombreux jeunes a effectué le déplacement "pour ne pas se faire raconter l’évènement".

Sous un soleil de plomb, joueurs et joueuses transpirent à grosses gouttes. Leurs actions intrépides arrachent des vivats aux spectateurs agités. Dans la foule, de temps à autre, des membres du RASALAO-CI distribuent des prospectus pour sensibiliser la population sur la circulation des armes. Sur le terrain, c’est de façon intermittente que les joueurs s’arrêtent volontairement pour mimer une situation et faire passer un message sur les dangers liés à la prolifération des armes.

La musique aussi pour engager la jeunesse

"Jamais auparavant nous n’avons été invités à donner notre point de vue ouvertement sur la question de la circulation des armes et du désarmement à cause de la peur d’être stigmatisés. Mais là, avec ‘football pour la paix’, nous venons de nous parler et nous nous sommes compris. Cette action est vraiment à encourager", affirme un jeune spectateur.

Pour Konaté Mampha, membre du RASALAO-CI la jeunesse, la "cible" du RASALAO-CI "a mordu à l’appât" : le football utilisé comme moyen d’approche et d’implication des jeunes sur la question du désarmement en Côte d’Ivoire. En plus du football, la musique a aussi été mobilisée comme moyen pour intéresser les jeunes. "Il fallait trouver des artistes qui sont aimés par les jeunes pour faire un tube sur le désarmement. Et nous l’avons réussi. Avec ça, le message passe aussi mieux", affirme Karamoko. Le groupe musical Les Patrons a été sollicité.

A la fin de la manifestation, c’est en reprenant quelques couplets de la chanson de ce groupe sur les dangers liés à la circulation des armes que les spectateurs venus découvrir "football pour la paix" sont rentrés chez eux.

RNW


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