Italie : le premier ministre, Enrico Letta, démissionne

Redigé par HuffingtonPost
Le 14 février 2014 à 12:54

ITALIE - Le Premier ministre italien Enrico Letta a annoncé jeudi 13 février son intention de remettre sa démission, aussitôt après un vote de son parti réclamant un changement de gouvernement.
"À la suite des décisions prises ce jour par la direction nationale du Parti démocrate, j’ai informé le président de ma volonté de me rendre demain au Quirinal (siège de la présidence) pour présenter ma démission de président du Conseil", a indiqué Enrico Letta dans un communiqué.
Mais comment en est-on arrivé là ? (...)

ITALIE - Le Premier ministre italien Enrico Letta a annoncé jeudi 13 février son intention de remettre sa démission, aussitôt après un vote de son parti réclamant un changement de gouvernement.

"À la suite des décisions prises ce jour par la direction nationale du Parti démocrate, j’ai informé le président de ma volonté de me rendre demain au Quirinal (siège de la présidence) pour présenter ma démission de président du Conseil", a indiqué Enrico Letta dans un communiqué.

Mais comment en est-on arrivé là ?

La direction du Parti démocrate, première formation au sein de la majorité au pouvoir, a approuvé à une large majorité jeudi une proposition de son chef Matteo Renzi pour un "changement de gouvernement afin d’ouvrir une nouvelle phase". Après un débat de plusieurs heures, les membres de la direction ont voté à main levée, adoptant à une large majorité de 136 voix pour, 16 contre, la motion du maire de Florence, pressenti pour prendre la succession de l’actuel Premier ministre Enrico Letta, ex-numéro deux du parti.

Il leur aura fallu une demi-heure. Trente minutes pour que le chef du PD, le principal parti de coalition, Matteo Renzi ait la tête d’Enrico Letta, le chef du gouvernement. La semaine dernière encore le chef du Parti démocrate, également maire de Florence, affirmait que le gouvernement Letta devait durer 18 mois. Mais il a rapidement changé d’avis : après avoir contribué à l’affaiblir par des attaques incessantes, il a poussé Enrico Letta à la démission après un vote du parti pour réclamer un changement de gouvernement.

Un jeune loup de la politique

Pratiquement inconnu il y a un an et demi, Renzi est, à 39 ans, un "jeunot" de la politique italienne, dont le programme initial a consisté à "mettre à la casse" ("rottamare") les caciques de son parti. Il y est déjà parvenu puisque aussi bien l’apparatchik Massimo D’Alema, ex-Premier ministre, que Walter Veltroni, ex-maire de Rome, ont renoncé à participer aux législatives de février 2013.

Elu à la tête du PD -première force de gauche du pays et premier parti de la majorité gouvernementale- le 8 décembre, Matteo Renzi dit vouloir le refonder, à la manière du "New Labor" promu en 1994 par le futur Premier ministre britannique Tony Blair, pour en faire "un parti plus agile et innovateur". Lors d’un sondage effectué il y a trois semaines à peine, 54% des Italiens disaient avoir un avis favorable sur le jeune leader politique.

Berlusconi impressionné

Le "peuple de gauche" semble enclin à un changement de cap radical après le score décevant de son prédécesseur, Pierluigi Bersani, un homme d’appareil dont la victoire exiguë aux législatives de février 2013 a contraint la gauche à s’allier à la droite pour gouverner. Dynamique, ambitieux, "assoiffé de pouvoir", selon un universitaire, Matteo Renzi a le physique du gendre idéal, avec un visage poupin et un accent toscan teinté d’un léger zozotement. Il est considéré comme un personnage "transversal", capable de séduire à droite, au point d’impressionner jusqu’à Silvio Berlusconi.

Critiqué pour un programme politique aux contours flous (moins de dépenses publiques, moins de bureaucratie), plutôt distant du monde syndical, Renzi se distingue surtout par ses talents de tribun. Ses petites phrases à l’humour florentin font mouche : "on m’accuse de voler des voix à droite mais je vous donne un scoop : on a perdu les dernières élections".

Peu marqué idéologiquement, il s’inspire volontiers dans l’allure du président américain Barack Obama, aimant se présenter manches de chemise retroussées. Souvent vu en train de participer à des marathons ou circulant à bicyclette dans sa ville, il aime arborer une veste de cuir qui lui a valu des satires le montrant comme Fonzie, héros de la série américaine Happy Days (Les Jours Heureux).

Un succès immédiat

Né le 11 janvier 1975 à Florence, ce diplômé en droit, ancien chef scout catholique, commence à militer à 19 ans sur les traces de son père, élu local démocrate-chrétien. Avant de se lancer en politique, Matteo Renzi travaille pour la société de services marketing CHIL qui appartient à sa famille, et réalise la majeure partie de son chiffre d’affaires grâce au journal centriste de Florence, La Nazione.

Le grand saut a lieu en 2001 quand il devient le coordinateur local du parti chrétien de centre gauche La Margherita. Ce modéré est choisi par le centre gauche pour les élections provinciales de juin 2004 qu’il remporte haut la main avec 58,8% des voix. En 2006, il publie un livre sur son expérience à la tête de la province de Florence, intitulé "Entre De Gasperi (dirigeant historique de la Démocratie chrétienne, ndlr) et (le groupe de rock) U2". Pendant son mandat de cinq ans, il prône déjà le renouvellement de la politique et se rend populaire en abaissant les impôts locaux.

Mais c’est dans la course à la mairie de Florence qu’il se fait le plus remarquer. Le PD a un autre candidat mais Matteo Renzi gagne par surprise les primaires du centre gauche en février 2009, prélude à sa victoire aux municipales en juin suivant. Matteo Renzi est marié à une ancienne camarade de scoutisme, Agnese, enseignante d’italien à contrats précaires. Ils ont trois enfants.


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